Monster Vol.12 - Actualité manga

Monster Vol.12 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 24 Septembre 2010

« Qui a voulu que tu existes ? Pour quelle raison vis-tu ? »

Le commissaire Runge se rend à Prague pour y passer des vacances. Mais il y fait des découvertes peu communes... et décide de poursuivre lui-même son enquête autour de Tenma. Le rôle de Runge sera important, aucun doute là-dessus. Surtout lorsque celui-ci décide de visiter la villa des roses...

Urasawa continue de nous époustoufler dans ce tome 12. L'on pense évidemment à cette scène marquante de déstabilisation psychologique d'un adulte (Yohann...) sur un enfant. On est très loin des non-dits, ambiguïtés et scènes suggestives lourdingues d'autres mangas. Allant bien au-delà de l'immoralité et du pessimisme, Urasawa pousse le degré du malsain vers les plus hauts sommets en ancrant cette scène dans la violence sociale urbaine de la frontière germano-tchèque. Un enfant poussé dans le quartier de la prostitution par Yohann qui lui explique le non-sens de son existence... Un enfant placé face aux pires vices de l'humanité (le sexe, la drogue, la pauvreté). Un enfant résolu au suicide. Malsain... Plus encore : pervers ! Ce passage nous touche en plein coeur. La puissance de narration reste inégalée chez d'autres auteurs de seinen pour nous exposer avec tant de finesse des situations d'une telle gravité. Après la relation profonde entre Tenma-Nina annonciatrice d'événements majeurs, un nouveau duo naît véritablement face à cet enfant : Tenma malmené de toutes parts, et Grimmer, échalas blond si délicat. Leur séparation n'en est que plus douloureuse pour le lecteur.

La culture tchèque est parfaitement retranscrite : représentation graphique de Prague superbe, marionnettistes, bars, ruelles. Beaucoup de lecteurs resteront étonnés face à la réalité de la violence issue des quartiers de prostitution de la frontière entre l'Allemagne et la République tchèque. Urasawa montre encore qu'un nippon sait aussi, voire mieux, insérer un récit dans la noirceur de l'Occident.

Tenma apparaît toujours plus attachant à s'occuper de son prochain et à négliger ses intérêts propres. Sa situation désastreuse en fin de tome achève le lecteur, qui a face à lui un Tenma anéanti (car il pouvait encore l'être davantage). L'auteur en aura fait voir de toutes les couleurs à ses héros et au lecteur dans cet opus. En plus d'introduire quelques nouveaux personnages, Urasawa nous remontre, et c'est tout à fait opportun, ce que sont devenus les personnes que Tenma a croisées pendant son voyage (Schumann, Petra, la jeune docteresse vietnamienne). Et tandis que la situation semble désespérée, c'est à deux personnages, qui voient de même leur rôle considérablement renforcé, comme Runge, que l'on doit la petite éclaircie d'espoir : Leichwein et Eva.

Entre le pouvoir émotionnel dégagé par ce tome, la sensation de rupture que l'on ressent dans le récit à la fin, les nouvelles réponses, les confirmations au niveau du rôle de chaque personnage, une scène osée et brillante, une fin insupportable quant au suspens, le graphisme impeccable, on a affaire à du très grand manga.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
RogueAerith
19 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs