Mon quotidien avec un Mononoké Vol.1 - Actualité manga
Mon quotidien avec un Mononoké Vol.1 - Manga

Mon quotidien avec un Mononoké Vol.1 : Critiques

Hare to Mononoke

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 15 Février 2022

Active depuis une grosse dizaine d'années au Japon, Syaku est une autrice qui officie beaucoup dans le milieu amateur, en ayant entre autres conçu pas mal de doujinshi sur des séries telles que Haikyû!! ou Gintama. Mais de temps à autre, elle effectue également des travaux originaux pour des éditeurs professionnels, et Mon quotidien avec un Mononoké fait partie de ceux-ci. Prépubliée en 2019-2020 dans les pages du magazine Gateau de l'éditeur Ichijinsha sous le nom Hare to Mononoke, cette série en deux volumes est à la fois la plus récente de l'autrice dans son pays d'origine, et sa toute première publication en France, ses deux tomes étant parus simultanément dans notre langue aux éditions Hana en décembre dernier.

Ici, tout commence par une bien étonnante rencontre. Alors qu'il semble errer en pleine montagne, sale, le jeune Yashio, 17 ans, tombe nez à nez sur un homme à la dégaine de rockeur sur sa moto. Mais mieux vaut ne pas se fier à son apparence, car Toki, puisque c'est son nom, est en réalité un Mononoké, un esprit immortel. Et il ne s'est pas présente devant Yashio par hasard: il connaissait son défunt grand-père qu'il a visiblement côtoyé il y a plusieurs décennies, et souhaiter désormais venir vivre temporairement chez le jeune garçon dans le but de le laver de son côté apparemment impur...

Le moins que l'on puisse dire est que Syaku, dès les premières pages, parvient à installer une atmosphère très soignée, entremêlant un côté bucolique à une aura plus étrange et mystérieuse. Bucolique, car l'autrice nous invite assez profondément dans le quotidien des deux personnages en pleine montagne, quotidien apparaissant souvent assez loin de tout, d'autant plus que Yashio vivait seul jusque-là, et que Toki et lui vont très souvent partager leurs découvertes et connaissances sur la flore environnement et même, parfois, sur des croyances qui y sont rattachées. Et étrange et mystérieuse car, forcément, on est facilement intrigué par le statut surnaturel et immortel de Toki, et on se pose de nombreuses interrogations au fil de la lecture et de ce que les deux héros laissent entrevoir d'eux. Entre autres, pourquoi Yushio vit-il seul ? Pourquoi néglige-t-il le lycée ? Pour l'énigmatique "chien sauvage" Mitsu lui tourne-t-il autour ? Quant à Toki, est-il bien un mononoké ? Pourquoi est-il immortel ? Cache-t-il des choses à Yushio ?

Ce parfum enivrant de mystère en cadre montagneux porte efficacement un récit où, bien sûr, la mangaka accorde aussi une importance à l'évolution de la relation entre ses deux personnages principaux, ce qui se ressent avant tout par un élément: c'est au fil des jours passés ensemble, d'instants presque anecdotiques et pourtant importants comme la cuisine et les discussions (parfois sur des sujets plus profonds qu'on ne le pense), que Yushio et Toki apprennent un peu plus à se connaître, se confient petit à petit, évoquent leur part de solitude... solitude se voyant naturellement comblée par leur vie ensemble. Et pourtant, alors que Yushio s'attache toujours plus à Toki, le fait est que ce dernier, au vu de différents indices, semble bel et bien lui cacher des choses, choses qui ne pourront se dévoiler que petit à petit.

Bien que la narration puisse parfois paraître très plan-plan, le récit exerce un certain pouvoir de fascination, et c'est encore renforcé par la patte visuelle de la dessinatrice, magnifique. En plus de designs fins, précis et assez doux dans les contours, Syaku soigne énormément ses décors extérieurs (la montagne, la flore, la forêt, la nature) comme intérieurs (la maison de Yushio) pour un résultat assez foisonnant, et régale par de nombreux angles attirant l'attention sur des détails, par exemple les plats posés sur la table.

Bien que le tome 2 devra confirmer le charme de ces débuts, Mon quotidien avec un Mononoké commence très bien dans l'ensemble. L'oeuvre de Syaku, particulièrement soignée dans ses visuels et dans son atmosphère, est très attrayante, et nous immisce efficacement dans le parcours ensemble de ses deux héros.

Concernant l'édition française, hormis 2-3 discrètes coquilles dans les textes (mais rien ne nuisant à la bonne compréhension), on a droit à une copie honorable, avec 3 premières pages en couleurs, une bonne qualité de papier et d'impression, une traduction claire d'Angélique Mariet, et un lettrage propre.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs