Momohime - Voyage vers Onigashima - Actualité manga

Momohime - Voyage vers Onigashima : Critiques

Momo Hime

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 09 Mars 2021

Souvent un peu cantonné aux mêmes types de publications en France, le hentai reste pourtant au Japon une fourmilière d'imagination débridée, où des univers très variés peuvent germes dans l'esprit lubrique des auteurs. On en a, heureusement, quand même déjà eu quelques exemples dans notre pays: on peut penser à Power Play! de Yamatogawa avec ses éléments de jeux et de fantastique, plus récemment à l'horreur de Ne te retourne pas ou aux zombies et slimes de Chasteté inversée chez Hot Manga ainsi qu'à la création du label OHNI de Niho Niba... Et si l'on remonte à beaucoup plus longtemps, comment ne pas évoquer, il y a quasiment 20 ans, la sortie chez feu BD Erogène de Bondage Fairies, qui mettait notamment en scène une mignonne fée et divers petits animaux ?

Bref, le hentai est un genre dont les univers peuvent être plein d'imaginaire, et le public français semble voué à pouvoir enfin le découvrir un petit peu plus, l'un des derniers représentants en date à être arrivé en France étant Momohime - Voyage vers Onigashima, sorti chez Hot Manga en septembre 2020 de façon très discrète (tout seul, alors qu'habituellement les sorties de Hot Manga se font par salves de quelques titres). Sorti au Japon en 2018 aux éditions Leed, l'ouvrage est la première publication française de Gesundheit, un auteur qui auparavant avait déjà sorti en 2017 au Japon un premier titre du nom de #Futsuu no Onnanoko, recueil d'histoires courtes bourrées de trips fantastiques décalés.

Avec Momohime, Gesundheit nous propose, sur environ 190 pages, une seule longue histoire en 7 chapitres nous immisçant aux côtés d'un héroïne pas comme les autres. Vivant au pied d'une montagne maudite, un vieil homme et une vieille femme font un jour une bien curieuse découverte. En allant chercher de l'eau au lac, le vieil homme trouve dans l'eau une pêche... mais pas le fruit. Ne trouvant rien de mieux que de se faire plaisir avec, il finir par voir en sortir une mystérieuse petite fille, qu'il décide de recueillir avec son épouse. Depuis, bien des années sont passées, et le bébé, nommé Momohime, est devenu une bien jolie jeune fille, dont les principaux passe-temps semblent être de se promener sans culotte (mais de ce côté-là, ses "grands-parents" ne sont pas en reste), de s'enfoncer des trucs avec lubricité, et d'aller se promener sur la montagne maudite. Or, c'est précisément en allant se promener là-bas que, par mégarde, elle réveille un redoutable démon qui laisse sa mamie grièvement blessée avant d'être vaincu ! Pour Momohime, une seule solution si elle veut sauver sa mamie: partir en voyage vers l'ouest, jusqu'au territoire des démons, pour trouver un médicament. Sur sa route, elle fera la connaissance de trois alliées, et devra se frotter à nombre d'ennemis tous plus débauchés les uns que les autres... Mais heureusement, côté débauche, les quatre héroïnes ne sont pas en reste, d'autant que Momohime à un appétit sexuel illimité dû à sa capacité à aspirer l'énergie vitale des gens avec qui elle fornique !

Vous l'aurez peut-être déjà compris: l'auteur revisite ici le célèbre conte japonais de Momotarô, mais le fait évidemment à sa manière. Le bébé est bien trouvé dans une pêche, mais pas le fruit (on ne va pas vous faire un dessin, oh). Le garçon Momotarô devient la jeune fille lubrique Momohime. Quant au chien, au singe et au faisan devenant les alliés de Momotarô dans le conte d'origine, ils deviennent trois jolies filles nommées Inu ("Chien" en japonais), Saru ("Singe") et Kiji ("Faisan"), respectivement une fille un peu caractérielle mais subissant pas mal de choses, une demoiselle à gros seins un brin masochiste, et une androïde multiséculaire malgré son physique juvénile. Tout ce petit monde n'a alors plus qu'à atteindre l'île d'Onigashima en traversant des contrées improbables (comme un parc d'attractions où le moindre comportement négatif vaut une "punition"), non sans croiser un paquet d'ennemis en tous genres qu'il va falloir mettre hors d'état de nuire, principalement par le sexe en les épuisant totalement.

Momohime est un récit qui se veut fun, très fun, chose qui est bien permis par le côté humoristique/parodique bien sûr, mais aussi par une imagination débridée où tout le monde s'envoie en l'air facilement et à plusieurs (Momohime en tête, d'autant qu'elle adore ça, qu'elle en redemande toujours en sautant d'elle-même sur tout ce qui a un pénis, et que ça lui permet de vaincre tout le monde grâce à sa capacité d'absorption de l'énergie vitale), où chaque fille a sa façon d'être (le masochisme de Saru, le côté expérimentation de Kiji), où les contrées visitées sont souvent un brin décalées, et où les personnages croisés vont des onis aux mutants en passant par les machines... De quoi remettre pas mal de variété ! A tel point que, globalement, l'oeuvre n'apparaît vraiment pas comme un hentai standard avec insistance sur les scènes de sexe, le sexe étant plus un élément parmi d'autres. A cela s'ajoute un style visuel très intéressant, sortant des carcans avec son mélange de choses rigolotes et plus bourrines (parce que bon, certains monstres ont vraiment des engins monumentaux), et où les décors sont aussi soignés que les designs.

Alors, est-ce que tout ceci suffit à proposer un excellent récit ? Eh bien... pas tout à fait. Car l'oeuvre a quand même un défaut, à savoir son côté très précipité dans son histoire. Gesundheit pas vraiment très, très vite en revue pas mal de situations, si bien qu'à plus d'une reprise il n'y a même pas de transition et que l'on semble parfois passer du coq à l'âne (ou du faisan au singe).

Pas de quoi véritablement plomber l'ouvrage, cependant: dans l'ensemble, Momohime - Voyage vers Onigashima est le genre de manga estampillé hentai que l'on aimerait voir plus souvent. Beaucoup d'imaginaire donnant lieu à des choses sortant de l'ordinaire, un ton délirant assez cool, un dessin assez personnel et agréable... De quoi donner envie de revoir cet artiste dans nos contrées.

Côté édition, c'est du bon aussi: le papier et l'impression sont de bonne facture, la première page en couleurs est sympathique, le lettrage est soigné, les onomatopées sont bien sous-titrées, et la traduction d'Yves Bohmler fait honnêtement le job.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs