Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 28 Février 2025
La mort de Garma est un choc pour Zeon. Alors que les Zabi profitent de la perte de leur cadet pour galvaniser ses troupes à grands coups de propagande, le White Base poursuit son chemin vers la base de Jaburo, mais est contraint de faire un sérieux détour. En route, l’équipage de heurte à un nouvel adversaire de taille : Ramba Ral. Dans ce tumulte, Amuro fait un choix qui pourrait mettre les siens en péril…
Le périple du White Base est désormais bien lancé tandis que le contexte et les enjeux de cette série, réadaptant le tout premier anime Gundam, sont désormais fixés. Récit de robots dans un cadre futuriste d’anticipation, space opera politique et drame humain, « Gundam The Origin » nous laisse pleinement apprécier ses ingrédients, ses atouts. Aussi, ce troisième volume de la nouvelle édition Deluxe va encore plus loin via un arc complet, celui de Ramba Ral, qui vient encore densifier l’épopée d’Amuro et des siens.
D’abord, la transition vers la nouvelle partie de l’intrigue fait ressentir avec puissance tout l’impact de la mort de Garma Zabi. Des conséquences pour Zeon mais aussi pour la Fédération… et pour Char Aznable dont la machination nous apparaît maintenant évidente. Charismatique à souhait, la « Comète rouge » profite d’un scénario qui lui est propre, et dont la richesse continue de se développer sous nos yeux, notamment via les agissements de Sayla qui, à eux seuls, apportent énormément d’éléments à cette part du récit. Petit à petit, tout s’imbrique proprement de manière à faire émerger une trame dramatique qui n’en est pourtant qu’à ses prémices pour le moment. L’intérêt du lecteur est donc largement piqué tant il y a de quoi en attendre beaucoup de cette filiation.
Mais le cœur de ce tome se jouer davantage du côté d’un nouvel ennemi, Ramba Ral. Très apprécié des fans de Gundam par son charisme, son code d’honneur et l’histoire inédite que la suite de « The Origin » lui dédiera, l’adversaire se démarque notamment par son apparition dans une situation déjà complexe. Car plus qu’enchaîner les grands antagonistes de manière classique et linéaire, le récit ancre ces nouvelles oppositions dans des cadres fouillés, ici dû à des actions déterminantes d’Amuro. À ce titre, le héros peut susciter mille et une réactions chez le lecteur, allant de sa compréhension à son énervement. Amuro est un protagoniste clivant, mais surtout un adolescent qui évolue dans un cadre qui le dépasser et qui éveille ses sensibilités nouvelles. D’ailleurs, au vu de certaines données avancées, il est difficile pour quelqu’un qui découvre cette histoire via le manga de ne pas être parfois surmené par la richesse de ce qui se dépeint dans l’œuvre. Ainsi sera posé le terme de « new-type », qui ne veut pas dire grand-chose pour l’heure, mais qui s’enrichira d’un sens toujours plus profond et d’une importance d’ampleur au fil des opus de l’immense saga Gundam. Avec le regard d’aujourd’hui, notre rapport à Amuro peut évoluer, et le personnage en ressort travaillé et bien plus nuancé qu’un simple adolescent en pleine crise existentielle.
Par ce cadre, on apprécie donc cette opposition avec Ramba Ral, antagoniste pourvu d’un charme indéniable et qui contribue à établir un contexte où le manichéisme s’étiole et où chaque camp propose désormais ses pourritures comme des héros de guerre et autres soldats tourmentés. Cette richesse qu’apporta « Mobile Suit Gundam » autrefois se ressent impeccablement dans ce troisième opus. Alors, couplée à l’art toujours aussi exquis, beau et dynamique de Yoshikazu Yasuhiko, la lecture reste de haut niveau et nous fait encore une fois attendre la suite avec hâte.