Miki, au pays des cigognes - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 03 Septembre 2010

A l'origine de Miki au pays des cigognes, courte bande dessinée française d'inspiration manga, nous retrouvons un scénario imaginé par Fabrice Dunis, propriétaire de l'une des principales librairies spécialisée sur le Japon de l'Est de la France, et deux jeunes illustrateurs, Farhad "Sampaio" Chams et Vincent "Ashvey" Huon.

D'abord sortie sous forme de feuilletons dans le quotidien DNA (Dernières Nouvelles d'Alsace), cette oeuvre fut ensuite publiée en un volume relié de 125 pages par ce même quotidien.

Nous sommes invités à y suivre Miki, une magical girl de manga ayant pris vie, et envoyée du Japon en Alsace pour qu'elle y découvre toutes les richesses de cette région afin de changer l'idée que son mangaka de créateur a de la région.

De par cette histoire peu originale qui est avant tout un prétexte pour initier les lecteurs du quotidien DNA à la culture populaire japonaise tout en ne les dépaysant pas trop en gardant le récit inscrit dans la région alsacienne, Miki au pays des cigognes affiche très rapidement une volonté de toucher un grand public non adepte de bandes dessinées japonaises. De ce fait, ne vous étonnez pas de trouver ici des dialogues très clichés, naïfs, et expliquant directement certains termes typiquement japonais dans les cases, des termes que tout amateur de manga connaît déjà.

Une fois ce premier cap passé, on découvre une petite histoire loin d'être originale, mais qui trouve son intérêt dans l'opposition faite entre le Japon et l'Alsace. Une idée intéressante, mais qui montre vite ses limites quand elle est adaptée pour un grand public: ici, le récit se contente d'accumuler tout les clichés possibles et imaginables sur le Japon, sur lequel le lecteur n'aura donc qu'une vision extrêmement superficielle: l'héroïne est une magical girl, et elle va vite se faire une amie qui regroupe à elle seule quasiment tout les poncifs de la jeune fan hardcore du Japon décérébrée: look de lolita, parler franco-japonais ridicule avec incursions de mots japonais dans ses conversations (kawai !)... Miki fera également connaissance d'un jeune serveur qui se révèlera être un gamer à l'appartement sens dessus-dessous. Là aussi, bonjour les clichés. Même si tout ceci est montré de manière amusante et sympathique, on reste un peu dubitatif face à ces visions stéréotypées. Quant à notre héroïne, elle reste elle-même très superficielle en accumulant quelques clichés, comme lorsqu'elle s'en va raconter sa vie sur son blog.

On se dit alors que la vision que les auteurs vont nous offrir de l'Alsace va rattraper le tout... Hé bien non. Nous avons juste droit à une présentation de la région, de ses spécialités culinaires, de certains de ses lieux touristiques, de quelques éléments de son histoire... Le problème est que le tout est à peine évoqué, jamais approfondi.

Il faudra faire aussi avec le fait que, dans l'oeuvre, tout le monde est gentil (on aura juste quelques méchants anecdotiques pendant quelques pages vers la fin). Miki rencontre tout un tas de personnages, qui seront tous absolument adorables avec elle... Soit.

Quoi qu'il en soit, un fait indéniable transparaît dans cette courte oeuvre: les 3 auteurs se sont vraiment faits plaisir. De ce fait, ils prennent plaisir à inclure divers éléments les tenant à coeur dans l'oeuvre, dont certains dont on se demande un peu ce qu'ils viennent faire là. Nous avons donc des références en tout genres, évidement à la culture japonaise et parfois peu évidente à reconnaître pour un non fan (le "pipirupi" de Bokusatsu tenchi Dokuro-chan), des clins d'oeil des auteurs à eux-mêmes (Fabrice Dunis se met en scène ainsi que sa librairie, mais sous des noms légèrement modifiés) ou à leurs origines (le restaurant afghan où va manger à un moment notre héroïne est une allusion évidente aux origines afghanes de l'un des deux illustrateurs), et pléthore d'éléments même pas intégrés dans le récit, ou mal intégrés. L'un des auteurs doit être fan des Simpsons, alors hop, on fait apparaître un sosie de Willy à un moment, un autre encore doit être amateur de Sébastien Loeb, alors on le met en scène sans raison dans une case. Et on atteint des sommets dans l'insupportable avec le passage où Miki et son amie vont à un concert d'Indochine...

Visuellement, on sent bien que l'oeuvre n'est pas japonaise, ce qu'elle ne prétend d'ailleurs pas être. L'ensemble semble plus typé cartoon que manga, ce qui lui vaut des bouilles vraiment très expressives, ce qui est somme toute un bon point. Pour le reste, le trait reste très simple, les décors se limitent souvent à des photos de l'Alsace, et, quand il s'agit de dessins, ils sont là aussi assez basiques. Enfin, le découpage fait plus penser à de la BD franco-belge qu'à du manga.

Miki au pays des cigognes est une idée intéressante, dans laquelle ont sent vraiment à quel point les trois auteurs se sont faits plaisir... un peu trop, sans doute, car régulièrement, on a l'impression qu'ils n'ont eu ici d'autre but que de se faire plaisir, eux, en oubliant le lecteur en route, tant certains clins d'oeil sont personnels. Dommage, également, que la vision donnée du Japon reste si cliché, même pour un grand public, et que le fait que cela se passe en Alsace affiche plus un prétexte pour plaire au lectorat alsacien de base, qu'une réelle volonté de présenter les charmes de cette région. Une oeuvre à réserver à un public bien ciblé: le grand public alsacien qui ne connaît rien sur le manga et la culture populaire japonaise.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
8 20
Note de la rédaction