Mibu Gishi Den Vol.11 - Manga

Mibu Gishi Den Vol.11 : Critiques

Mibu Gishiden

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 20 Mai 2025

Comme à chaque début de nouvel arc dans Mibu Gishi Den, on retrouve un Kan'ichirô qui, aux portes de la mort, avant de se suicider, continue de penser aux gens qui l'entourent. Sa famille, bien sûr, lui qui a tant agi pour tenter d'assurer une vie correcte à son épouse et à ses enfants. Mais aussi voire surtout, cette fois-ci, Jirôemon, son vieil ami qui est pourtant celui lui ayant ordonné de mourir. Kan'ichirô, derrière la carapace impitoyable de Jirôemon, a néanmoins le sentiment de comprendre ce que ce dernier peut bien ressentir en réalité, et il en a la confirmation via son serviteur Sasuke, homme de confiance juste, bon et connaissant bien son maître Jirôe.

Cette fois-ci, c'est précisément ce dénommé Sasuke que notre journaliste retraçant la vie de Kan'ichirô s'apprête à questionner en tant que témoin. Le serviteur d'autrefois est, au fil des changements de son époque, devenu un yakuza désormais âgé de 73 ans et dont les activités ont donc pu devenir moins élégantes ces dernières décennies. Néanmoins, il se souvient toujours avec précision des 14 années qu'il a passées au service de Jirôemon, en devenant alors le témoin privilégié de ses actes et, surtout, de son véritable fond.

A travers son témoignage, il est alors beaucoup question de décortiquer le lien à part que Jirôemon et Kan'ichirô pouvaient avoir. Un lien d'amitié forte, qui est né dès leur jeunesse pour ne jamais vraiment disparaître, y compris à travers leurs propres fils Kaiichirô et Chiaki qui sont à leur tour devenir amis malgré leur différence de statut. Un lien qui, sans doute, a perduré ensuite malgré les choix qui ont fini par éloigner les deux hommes. Un lien que, pourtant, Jirôemon n'a pas eu d'autre choix que de "briser" en ordonnant à Kan'ichirô de se donner la mort après son retour au fief mal en point alors qu'il était vu comme un "traître".

Bien sûr, ici les auteurs mettent bien le point sur l'aspect cruel et absurde de certains aspects de cette époque chaotique, puisque le statut de Jirôemon ne lui laissait aucune liberté, et que celui-ci était pieds et poings liés par sa maison et sa fonction quand il a donné l'ordre de suicide à Kan'ichirô. Mais à travers le témoignage de Sasuke, les choses ne se limitent pas à ça: on a pleinement l'occasion d'entrevoir aussi les émotions contradictoires longtemps contenues par Jirôemon après ça, le contexte respectif dans lequel lui-même et avant lui Kan'ichirô sont morts exactement, les nouveaux éléments qui se dessine autour de Kan'ichirô, de ses choix de vie et de ses impératifs parfois contradictoires, les propres rapports de Sasuke aux deux hommes... le tout dans un contexte historique toujours aussi soigneusement abordé, notamment ici lorsque la Restauration est arrivée.

La construction du récit, elle, est toujours aussi claire et soignée, dans ce manga où chaque témoignage vient apporter des pièces supplémentaires au puzzle que fut la vie et le fond de Kan'ichirô Yoshimura, le tout sans que lesdits témoignages ne se répètent beaucoup. Mibu Gishi Den reste ainsi une lecture toujours aussi exigeante, immersive, riche et humainement touchante, et devrait sans doute le reste dans les deux derniers tomes à venir, d'autant plus que le prochain volume devrait visiblement s'offrir un témoin de choix.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.25 20
Note de la rédaction