Mi-jeong - Actualité manga

Mi-jeong : Critiques

Mi-jeong

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 29 Septembre 2010

Détraqués automates de chair, de sang et de vécu. Désemparés, désabusés au rythme d'une métallique mais moribonde mélancolie urbaine. Perdus dans les méandres de cette glaciale métropole s'usant en toile de fond d'hésitants coups de pinceau, métaphores d'autant de destinées qui nous seront contées par Byun Byung Jun, on laisse vagabonder son âme à loisir dans cet univers aussi oppressant que vaste qu'est celui de Mijeong.

L'auteur coréen nous livre ici une succession d'histoires relativement courtes, n'ayant pas réellement de rapport entre elles, si ce n'est le lieu dans laquelle tout cela se déroule. Leur création s'étend entre 2000 et 2003, et leur contenu varie plus ou moins grandement d'une histoire à l'autre. Tout comme leur qualité. On aura, par exemple, l'occasion de suivre une jeune femme à la dérive qui cherche à se venger d'un passé douloureux, un chat éperdument amoureux d'une jolie institutrice, ou encore un groupe d'enfants cherchant à dissimuler un cadavre qui leur tombe bien malgré eux sur les bras, . On notera par ailleurs la participation à cette dernière nouvelle de Yun In-Wan, scénariste connu, entre autres, grâce à Island et le Nouvel Angyo Onshi.

Comme je le disais, toutes les histoires ici présentes ne se valent pas forcement. Certaines retiendront notre attention grâce à leurs personnages, l'intrigue qui y est développée, tandis que d'autres, je pense bien évidemment à "Chanson pour toi", se distinguent davantage de par leur graphisme. Le trait de Byun Byung Jun ne manque en tout cas pas d'esthétisme et de finesse, alternant différents styles avec une facilité déconcertante, même si, c'est inévitable, certains trouveront à y redire en ce qui concerne les visages de ses personnages. Ils sont, en effet, généralement en deçà du reste. Dommage, surtout quand on connait l'importance capitale qu'ils peuvent avoir lorsqu'il s'agit de retranscrire au mieux des émotions diverses et variées.

Mais au lieu de passer par le faciès des différents protagonistes, c'est par le biais de l'ambiance, de l'atmosphère proposées que ces émotions nous arrivent. Cela n'est, cela dit, pas autant efficace que dans Première Neige, autre one shot de l'auteur que l'on peut retrouver dans la même collection. Mais c'est somme toute parfaitement logique dans la mesure où Mijeong est antérieur à celle-ci et que l'on ressent encore ça et là l'une ou l'autre hésitation, maladresse pardonnables. Et ça se ressent également au niveau des différents scenarii proposés. Si notre homme a un talent évident pour l'écriture et la narration, il pêche parfois lorsqu'il s'agit de rendre son récit percutant, entrainant. Certes, on a droit à quelques surprises au travers des différents chapitres, mais globalement il y a moyen de faire mieux.

Par contre, les hommes et les femmes qu'il dépeint sont, eux, souvent extrêmement réussis. Torturés, accablés par un passé souvent tumultueux ou une succession d'évènements auxquels ils ne sont pas préparés, ils ne baissent pas pour autant les bras et vont de l'avant. Et ce, jusqu'à trouver la délivrance, quelle que soit la forme de cette dernière.

Finalement, le gros point fort de ce one shot, en dehors de l'aspect graphique, c'est la diversité qui nous y est proposée. Byun Byung Jun varie aussi bien les thèmes abordés que la manière de le faire. Aucun des chapitres ne se ressemble, aucun ne laisse une impression de superflu. Voila un ouvrage idéal pour explorer les différentes facettes de l'auteur d'un seul coup.

L'édition de Kana se montre, elle, d'excellente qualité. Outre un chapitre intégralement colorisé afin de profiter au mieux des aquarelles qui nous y sont proposées, on a également droit à une longue postface réalisée par Kim Nak-ho, bédéologue coréen. Le format et la qualité de la couverture finissent de justifier le prix légèrement élevé.

Pour conclure, Mijeong laisse donc une très bonne impression. Il est vrai que l'ouvrage est loin d'être exempt de défauts, mais l'univers particulier de cet auteur coréen mérite assurément le détour. En tous cas, voici un excellent moyen de découvrir ce qu'il est capable de proposer, que ce soit d'un point de vue scénaristique ou artistique.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Shaedhen
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs