Mélodie de Jenny (la) - Actualité manga

Mélodie de Jenny (la) : Critiques

Shonentachi no ita Natsu

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 04 Octobre 2013

Critique 1


Inutile de présenter à nouveau Tsukasa Hoja, auteur génial, reconnu par tous ses pairs et par le public pour ses histoires fortes, tantôt drôles tantôt touchantes, souvent les deux à la fois !
Ki-oon se lance dans une collection pour faire connaître ses one shots et séries courtes à tous ceux qui seraient passés à coté…initiative remarquable de la part de l’éditeur qui fait ici un des plus cadeaux qu’on puisse faire aux lecteurs.

Le volume qui ouvre le bal est un recueil de trois histoires courtes ayant pour point commun la seconde guerre mondiale.
Avant d’aller plus loin, il convient de mentionner le fait que, peut être mis à part pour la première histoire, il n’y a ici pas de point de vue nationaliste, juste un point de vue humain qui devrait toucher tout le monde.

La première histoire « Aux confins du ciel » raconte la vie d’un jeune homme qui rêve de devenir aviateur comme son frère aîné, héros de guerre.
Cette histoire pourrait poser un problème de point de vue dans le sens où le jeune pilote, Junpei, veut défendre l’honneur de sa nation qui rappelons le étais du coté des nazis durant la seconde guerre, donc du point de vue d’un Européen, l’approche est forcément différente…
Mais au lieu de ce centrer là dessus, il faut surtout voir la jeunesse brisée d’un homme, presque un enfant qui avait tout l’avenir devant lui. Son rêve, avant de défendre son pays, est de côtoyer les nuages, un rêve qu’il n’atteindra qu’au dernier moment !
Car bien loin du coté nationaliste, l’auteur insiste surtout sur l’affreuse froideur et l’incroyable cruauté du gouvernement Japonais qui a sacrifié tant de jeunes pilotes en vain. En effet cette histoire se déroule vers la fin de la guerre, au moment où le Japon a mis en place les unités de Kamikazes. Outre le fait d’instruire ceux qui l’ignorait avec un peu d’histoire, on est ici confronté à toute l’absurdité de la chose ! Et c’est d’autant plus paradoxale qu’on comprend ce qui a poussé le Japon a en arriver là, on pourrait même trouver cette décision de la dernière chance logique, mais l’auteur s’acharne à nous en démontrer toute l’absurdité par le biais du regard d’un jeune homme de dix sept ans et de son frère.
Cette histoire qui ouvre le tome est tout simplement la plus touchante, elle nous met face à une implacable réalité, cruelle, nous confronte à ces vies brisés pour des enjeux qui dépassaient largement des enfants à peine en âge de piloter… un drame comme seul l’auteur sait les mettre en scène, c’est à dire de façon remarquable !

La seconde histoire, celle qui donne son titre au volume (« La mélodie de Jenny » pour ceux qui ne suivent pas) nous raconte comment un groupe d’enfants séparés de leurs parents à cause de la guerre s’est retrouvé sur la route pour rejoindre Tokyo pour retrouver leurs familles. Sur le chemin ils croiseront la route de Dave, un Américain qui a une famille Japonaise. Persécuté pour sa nationalité, Dave deviendra le temps du trajet le protecteur de ces enfants.
Là encore l’absurdité de la guerre est pointé du doigt, par toutes les injustices mises en avant par l’auteur. Que ce soit les Américains qui bombardent aveuglément les villages Japonais, où que se soit les Japonais qui persécutent un Américain qui a toujours vécu en paix dans leur pays, jusqu’à épouser une Japonaise.
L’auteur insiste sur le fait que tout être humain est semblable à son prochain…c’est cliché, peut être même un peu cucul, mais quand on lit cette histoire mise en scène par Hojo, on ne peut s’empêcher de trouver ça émouvant !
Ici l’auteur déploie tout l’éventail de son talent : on a droit a de l’humour, grâce notamment au personnage de Dave (en clone blond de Ryo) mais surtout à des passages vraiment touchants qui nous conduisent à une fin touchante comme seul l’auteur sait en faire, là encore !
De par son sujet et notamment la dernière partie, cette histoire rappelle aussi beaucoup le fabuleux « Tombeau des lucioles »…on fait pire comme référence !

Enfin la dernière histoire, « American Dream » nous présente Hideo, fabuleux joueur de Base Ball aux Etats unis pour une tournée de match face aux équipes locales. Ce dernier possède un tel talent qu’il est repéré par Jonnhy un recruteur afin qu’il intègre la ligue nationale Américaine.
Se déroulant avant la guerre, cette histoire démontre le climat de racisme qui existait déjà bien avant que le conflit n’éclate, un racisme assumé puisqu’il existait des lois interdisant les Japonais d’envoyer de l’argent à leurs familles au Japon…
Comme le titre l’indique, cette histoire confronte le rêve de deux hommes que tout rapproche mais éloignés bien malgré eux par leurs origines, éloignés par cette même absurdité qu’on retrouve tout au long du tome.
Témoins du rêve brisé de ces deux hommes, une jeune Japonaise vivant aux Etats Unis, et un journaliste bougon un peu raciste sur les bords mais conscient du gâchis occasionnés par ce conflit qui ne regarde pas ces deux hommes.
Cette histoire est peut être la moins intéressante mais cela ne l’empêche pas d’être elle aussi très réussie et surtout de posséder une fin vraiment touchante !

Trois histoires différentes mais liées par un point commun, celui de destins brisés, d’hommes et d’enfants subissant les conséquences d’une guerre qui ne les regarde pas. Et malgré la gravité du sujet et l’émotion distillé savamment par Hojo, il démontre une nouvelle fois tout son talent, en laissant malgré tout une pointe d’espoir, en particulier dans la seconde histoire.

Un recueil magique d’un auteur qui l’est tout autant ! Ce serait criminel de passer à coté ! 


 


Critique 2


La Mélodie de Jenny est, avec le premier volume de Sous un Rayon de Soleil, l’un des premiers mangas à inaugurer la collection Les Trésors de Tsukasa Hojo, regroupant les histoires courtes du papa de City Hunter et Cat’s Eye, précédemment édités chez Tonkam.

Ce one-shot est constitué de trois histoires indépendantes mais liées au thème de la Seconde Guerre mondiale : « Aux Confins du Ciel », « La Mélodie de Jenny », et « American Dream ». La première et la dernière ont été scénarisées par Shingo Nihashi. Malheureusement, ce recueil est imparfait. D’une part car les auteurs ont du mal à lever l’ambigüité sur un éventuel propos nationaliste qu’ils émettraient, et d’autre part car la qualité de la narration laisse en elle-même à désirer. Décortiquons un par un les chapitres :

Aux Confins du Ciel :

Il s’agit de l’histoire des pilotes japonais dont on a demandé le sacrifice en allant se crasher sur des porte-avions américains au soir de la Seconde Guerre mondiale. Certains lecteurs y ont vu une apologie des exactions du gouvernement japonais de l’époque. Ce qui n’est pas forcément le cas. Hojo et Nihashi souhaitent avant tout conter l’histoire de pauvres jeunes hommes que l’on envoie au casse-pipe d’une manière atroce, pour le soi-disant amour de la patrie. On peut donc y déceler une volonté de la part des auteurs de dénoncer cela. Cependant, il faut lire entre les lignes pour le voir, car le discours des personnages pose sacrément problème. En effet, tout est trop fataliste dans cette histoire, à tel point que l’on peut croire que les auteurs parlent au travers des dialogues des personnages. Les émotions et les questionnements de ce soldat est traité avec beaucoup trop de superficialité pour donner de la crédibilité à ce genre de propos. Résultat, les lecteurs ont fait des amalgames.

La Mélodie de Jenny :

Cette histoire est une petite réussite en soi. En effet, elle fait ressortir ce que l’humain à de meilleur en soi lors de la guerre, en nous présentant un soldat américain déserteur et des enfants japonais fuyant un camp qui s’unissent, malgré leur antagonisme, pour aller vers un même but : retrouver leurs proches. Cette histoire pointe du doigt à la fois les fautes des Japonais et des Américains, tout en mettant en lumière des personnages de chacun de ces camps, et éviter ainsi un certain manichéisme. Dans le traitement des personnages, on reconnait bien la patte Hojo. Le souci, c’est que si l’on s’était attaché énormément à Ryô et Kaori dans City Hunter, c’est sans nul doute grâce à la longueur de la série qui nous a permis de nous familiariser avec eux. Ici, c’est plutôt court pour s’attacher aux protagonistes de la même manière.

Americain Dream :

Cette fois nous suivons un joueur de baseball japonais faisant une tournée aux Etats-Unis avec d’autres joueurs de son pays, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Cette histoire tente de toucher à des sujets sensibles tels que le racisme et l’intégration. Il s’agit sans doute de l’histoire la plus réussite du recueil, car elle évite les clichés en mettant uniquement en lumière quatre personnages principaux et en conceptualisant de manière intelligente les thèmes sus-cités (on croisera peu d’autres personnages susceptibles d’accentuer les clichés). Cette histoire est une sorte d’hymne à la tolérance, en mettant en valeur l’amitié entre deux patries que tout oppose, ou du moins, de manière plus frontale que les autres histoires du recueil. Le final est probablement le meilleur du recueil et nous rappelle à quel point une guerre brise les liens entres les Hommes.

Au final, La Mélodie de Jenny est un recueil à la qualité assez inégale, traitant certaines thématiques avec trop de superficialité et ne sachant pas toujours comment faire comprendre au lecteur l’objet des intrigues. On retiendra toutefois les magnifiques dessins de Hôjo, au sommet de son art.
L’édition de Ki-oon est impeccable, comme pour Sous un rayon de Soleil, sorti au même moment.




Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Raimaru

12 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs