Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 05 Octobre 2023
Entre une attaque de Pépé le Fusil et une nouvelle distorsion sous l'impulsion de Yugami, le quartier de Shibuya est rapidement en proie à la panique, mais cela ne décourage aucunement Kiya et Pinko dans leur quête pour dénicher Yugami et Electra et discuter avec eux, à la fois pour découvrir la vérité sur la mort des parents de l'une et du père de l'autre, et pour essayer de déterminer si, oui ou non, il leur est possible de redevenir comme avant. De fil en aiguille, chacun des deux camps continue petit à petit à agir de son côté, notre binôme principal finit par susciter l'attention de leurs cibles (y compris Pépé le Fusil), et la rencontre semble rapidement inévitable... Seulement, pourra-t-elle se dérouler sans heurts ?
Après deux premiers tomes particulièrement efficace et intrigants, l'heure est déjà venue pour Mazarian de s'achever au bout d'un troisième opus qui, forcément, est mené tambour battant dans l'ensemble. Pour un résultat convaincant ? Eh bien, non et oui, car tout dépendra de ce que vous attendiez de l'oeuvre.
Côté "non", le souci vient principalement du sentiment que certaines choses vont vite voire sont un peu faciles ou sous-abordées: certains événements (comme ce qui arrive à Muneo des Kimoylers malgré sa teneur tragique) ont trop peu d'impact en terme d'ambiance, le sort de pépé le Fusil ne touche pas suffisamment car Sakumo Okada ne s'est pas vraiment offert l'occasion de développer le personnage précédemment, idem pour Electra chez qui on entrevoit certes un passé dramatique expliquant sa façon de couver Yugami mais sans que ce soit spécialement touchant, des visages secondaires assez prometteurs comme Bandô, Saitô ou l'inspecteur Miura n'ont finalement que très, très peu de présence... C'est peut-être un choix volontaire de la mangaka pour sous -entendre les choses plus que les dire directement et ainsi ne pas trop prendre son lectorat par la main, mais à l'arrivée il y a, dans tous les cas, comme un manque de substance chez la plupart des personnages, auxquels on s'attache peu à l'exception de Kiya et Pinko.
Et pourtant, c'est le "oui" qui l'emporte, car concrètement tout est là. L'autrice amène une certaine finalité au face-à-face entre le duo principal (trio en comptant Nabe) et le groupe de Yugami, mais aussi concernant l'identité du meurtrier du père de Kiya et les raisons de la mort des parents de Pinko, ces derniers éléments étant même très intéressants tant ils ont quelque chose d'assez absurde dans le fond, entre Kiya qui semble se ficher pas mal de qui a tué son paternel et Electra qui semble réellement regretter la disparition des parents de notre héroïne, les questions de la rédemption et du pardon étant alors brièvement mise en avant. De même, elle propose une mise en valeur brève mais efficace du lien unissant désormais nos deux protagonistes, jusque dans la décision finale prise par Kiya concernant Hakuryû, le chat de Pinko avec lequel il a fusionné au début en ayant précipité tous ses soucis. On a aussi une réponse suffisante sur ce que sont les distorsions et pourquoi elles agissent ainsi. Et surtout, à travers plusieurs de ces personnages, il y a une idée récurrente qui est là: le désir de malgré tout trouver sa place et savoir qui on est en tant qu'être différent de la majorité.
Porté par un style visuel toujours aussi sympathique avec son petit paquet de designs inventifs via le concept des distorsions, le final de Mazarian décontenancera un peu les uns et satisfera les autres. Dans les faits, tout va un petit peu vite, et on sent que le récit aurait facilement pu s'étendre au-delà de ces trois tomes pour développer de plus belle ses thématiques, notamment suite à l'avenir auquel se destine Pinko. Mais globalement, on a droit à une vraie fin qui nous amène facilement à réfléchir sur les sujets mis en scène, et c'est déjà largement suffisant.