Mawaru Penguin Drum Vol.1 - Actualité manga

Mawaru Penguin Drum Vol.1 : Critiques

Mawaru Penguindrum

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 21 Décembre 2018

Après orange et Le Pâtissier de mes rêves, les éditions Akata continuent leur incursion dans le domaine du roman avec le lancement d'une nouvelle collection: "Young Novel", qui regroupera des oeuvres essentiellement dédiées à un public adolescent et adulte de plus de 15 ans, avec couverture souple et format unique de 14x20,5cm, soit un format un peu plus grand que les premiers romans de l'éditeur. Et pour inaugurer cette collection, c'est un morceau de choix que l'éditeur nous propose !

Réalisée par le merveilleux Kunihiko Ikuhara à qui l'on doit aussi Utena ou Yurikuma Arashi, Mawaru Penguindrum est l'une des séries animées qui a illuminé l'année 2011, grâce à un impact visuel et à une ambiance symboliques et captivantes, et à un scénario complexe abordant des thèmes profonds. Disponible en dématérialisé sur la plateforme ADN et en DVD chez Kazé, cette oeuvre de 24 épisodes, dans la foulée, connu une version manga inédite en France, et une version roman en trois volumes écrite par Kei Takahashi sous la supervision d'Ikuhara. C'est donc cette version roman qui nous est proposée par Akata.

L'oeuvre nous plonge au sein de la famille Takakura... ou de ce qu'il en reste, car voici bien des années que les parents des frères lycéens Shôma et Kanda sont décédés. Et si, jusqu'à présent, ils ont toujours tenu le coup dans leur quotidien, c'est un petit peu grâce à l'oncle Ikebe, mais surtout grâce à la présence de leur petite soeur Himari, jeune fille aussi gentille et joyeuse que pure, et qui représente tout pour eux. Himari est le centre de leur vie, ils l'adorent profondément... Mais le destin semble avoir décidé d'être cruel avec cette famille: la jeune fille, atteinte d'une tumeur au cerveau, n'en a plus pour longtemps à vivre. En vers et contre tout, Shôma et Kanda font tout ce qu'ils peuvent pour garder espoir et embellir la vie de leur soeur chérie, celle-ci étant régulièrement hospitalisée et ne pouvant plus aller à l'école. Entre les moments chaleureux passés ensemble à la maison et les sorties quand l'état de santé de la jeune fille est possible, les frères s'appliquent à donner le sourire à Himari, et eux-mêmes ne se sentent jamais mieux que quand elle sourit. Mais c'est lors d'une sortie à l'aquarium, où ils passent pourtant d'excellents moments ensemble en observant manchots et autres animaux, que le pire arrive: Himari s'écroule, inanimée, et quand elle est prise en charge à l'hôpital il est déjà trop tard. Pourtant, Shôma et Kanda ont à peine le temps d'accuser le coup que l'inimaginable arrive: à la morgue, leur soeur reprend soudainement vie, un miracle qui semble causé par le chapeau-manchot bizarre obtenu à l'aquarium. Seulement, une fois affublée de cette coiffe, la jeune fille devient complètement différente: c'est comme si elle était possédée par quelqu'un d'autre. Et ce "quelqu'un d'autre" leur fait une étrange requête: il ordonne aux deux frères de retrouver un mystérieux artefact, le Penguin-Drum, sans quoi Himari est condamnée à mourir à nouveau. Mais qu'est-ce que ce Penguin-Drum ? Comment le retrouver ? Que signifie tout ceci ? Tout en entamant leurs recherches, les deux frères reprennent un quotidien normal en compagnie de leur petite soeur, et en étant désormais accompagnés de trois petits manchots bizarres qu'eux trois seuls peuvent voir et qui sont censés les épauler dans leur quête...

Pour celles et ceux qui connaissent déjà le magnifique anime, pour l'instant cette version roman n'apporte pas énormément de surprises, car toutes les grandes lignes du scénario sont fidèles. Cependant, cette version écrite amène toutefois une expérience un peu différente, de par son format de roman: l'anime jouant beaucoup sur de nombreux éléments visuels symboliques, cet aspect est forcément beaucoup moins visible dans le roman puisqu'il 'y a pas de visuels. Mais l'aspect un peu plus descriptif et introspectif du roman amène nombre de petites choses offrant une approche qui permet d'approfondir l'oeuvre. Qui plus est, l'écriture alterne efficacement des phases racontées par Shôma lui-même (qui est alors en quelque sorte le personnages central), et des phases de narration externe suivant les autres personnages, que ce soit Kanda, Himari et d'autres faisant leur apparition au fil des recherches des deux frères.

En plus d'éviter toute lassitude, ces variations d'écriture permettent très vite de ben cerner chacun des personnages et leur caractère respectif. Himari apparaît comme une enfant profondément adorable, quand son corps ne se retrouve pas possédé par le "chapeau-manchot" qui a un tout autre caractère). Et on comprend facilement pourquoi Shôma et Kanda tiennent tant à elle et sont décidés à la protéger et à faire son bonheur. Pourtant, les deux frères apparaissent vite radicalement différents: Kanda, en plus d'être un beau garçon qui fait tomber les filles, et plus assuré et passe plus facilement à l'action, tandis que Shôma, presque dans l'ombre de son frère parfois, est moins assuré, plus réservé, ne sait pas toujours comment réagir... Tous deux sont pourtant liés par leur profonde affection pour Himari, et c'est bien pour ça qu'ils se lancent dans la requête bizarre et burlesque du "chapeau-manchot". Une requête qui va les amener sur des pistes étonnantes et étranges, à la rencontre d'autres personnages ayant leurs propres "freaks".

A partir de là, il est un peu délicat de parler du volume sans trop en dire, mais on peut tout de même signaler une écriture habile jonglant parfois entre présent et passé pour reconstruire un peu plus le parcours des personnages et aider à mieux les cerner, ainsi que des découvertes d'autres visages particulièrement réussis. En tête de ces personnages, impossible de ne pas évoquer le cas de Ringo Oginome, la principale piste des frères pour dénicher l'énigmatique Penguin-Drum. Lycéenne complètement obsédée par le prof de Shôma avec qui elle veut sortir, elle peut d'abord sembler complètement déconnectée de tout le reste et apparaître comme une pure stalkeuse perverse et inquiétante. Et pourtant, au fil du volume, on découvre en elle tout autre chose, un passé meurtri et une psychologie complexe qui permettent de mettre encore mieux en valeur les grands thèmes de l'oeuvre: la famille, la notion de destin, ou encore le deuil et son acceptation... Ces différents axes, tout au long de la lecture, sont abordés sous des angles assez différents selon les personnages, car chacun d'eux semble les vivre à sa manière. Le scénario imaginé par Ikuhara brille particulièrement sur ce plan, tant il parvient à esquisser des abords bien différents et montrant toute la complexité de l'humain.

Ne se contentant pas d'être une redite de l'anime même si le scénario est en grande partie similaire, cette version roman commence donc d'excellente manière, en nous immisçant sans la moindre difficulté dans son univers étonnant.

Concernant l'édition, notons qu'Akata a fit le choix d'une couverture différente de la japonaise, un choix que l'éditeur a pris sin d'expliquer au moment de l'annonce, en tout transparence: suite à la publication des light novels d'orange, il a été constaté que des couvertures typées "manga" faisaient souvent peur à une certaine part du lectorat, mais aussi à de nombreux libraires généralistes, d'où le choix de concevoir une couverture plus neutre et susceptible d'attirer un plus large public. Un choix compréhensible et qui ne nuit aucunement puisqu'on ne perd rien: l'illustration de couverture de l'édition japonaise se retrouve ici en tant que première page couleur. Pour le reste, Vincent Zouzoulkovsky livre une traduction qui n'est pas exempte de plusieurs petites coquilles ayant échappé à la relecture, mais il n'y a rien qui empêche la bonne compréhension, et l'ensemble sait être fluide.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction