Masamune-kun's Revenge Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 02 Février 2021

Dans son enfance, Masamune Makabe était enrobé, une apparence qui lui a valu des brimades et l'odieux surnom « pieds-de-cochon ». Une expérience qu'il doit à son ancienne tortionnaire, Aki Adagaki. Nourrit par la rancune, Masamune a juré de se venger, et c'est pour cela qu'il a enduré un sévère entraînement afin de se forger un corps que la société juge "irréprochable". Devenu un beau goss, l'adolescent intègre le même établissement qu'Aki mais sous un autre nom, afin de ne pas être reconnu. Il lance alors son plan visant à charmer son ancienne bourreau grâce à son apparence, et provoquer sa chute.

C'est en 2012 que naît Masamune kun's Revenge, une histoire dessinée par l'autrice Hazuki Takeoka et dessinée par Tiv. La parution a lieu dans la revue shônen Comic Rex des éditions Ichijinsha et s'achève définitivement en avril 2019, avec un 11e opus condensant des histoires annexes tandis que la trame principale s'achève dans le 10e tome. La série a, semble-t-il, conn un certain succès d'entrée de jeu puisqu'une version light-novel, toujours assurée par le tandem du manga, a eu lieu en 2013.
Puis, en 2016, c'est à une adaptation animée par le studio Silver Link qu'a droit Masamune kun's Revenge. Celle-ci est dirigée par Mirai Minato et compte 12 épisodes, disponibles chez nous via Crunchyroll. C'est par ce format que la francophonie a connu l'oeuvre avant de pouvoir découvrir le manga durant la fin janvier 2021, aux éditions Meian, avec parution simultanée des deux premiers volets. Un titre au sujet sensible, dont le piège était de renforcer certains clichés et autres idées négatives plutôt que les contourner, ce qui fait office de challenge en parallèle à la capacité du scénario de divertir et amuser.

Car malgré un pitch qui se veut assez grave puisqu'il aborde le harcèlement scolaire et la grossophobie, c'est avant tout un début d'oeuvre posé et drôle que cherchent à ofrrir Hazuki Takeoka et Tiv. Le récit emprunte le chemin de la comédie scolaire pour narrer avant tout la vengeance de Masamune sous forme de déboire du quotidien, avec comme tâche première de séduire une Aki impitoyable, un peu vipère, mais pourtant loin de la caricature du genre de par les notes plus modérées que lui attribue le scénario. L'atmosphère du titre est alors un peu étonnante étant donné les sujets brassés, mais pas désagréable quand on considère avant toute chose l'oeuvre comme une comédie romantique. Car il est question de séduction et de sentiments dès ce premier tome, sous forme d'un jeu un poil dangereux, même si derrière cette forme se cachent des enjeux plutôt lourds.

Car bien évidemment, outre la simple comédie scolaire, il est difficile de ne pas s'intéresser au fond du récit et à sa morale. On pouvait donc craindre qu'en utilisant des thèmes si graves sous couvert d'humour le titre se casse rapidement la figure, ce qui n'est heureusement pas le cas dans ce premier opus. Car si le harcèlement autrefois subi par le héros sert une histoire comique, il n'est jamais montré comme un événement dont il faut rire, mais plutôt se relever. L'idée de vengeance est elle aussi atténuée par l'ambiance du titre, ce qui sonne comme une bonne idée pour montrer qu'une vendetta pure ne semble pas être la bonne orientation pour soigner la société de ses maux. Enfin, on apprécie que la scénariste rit avant tout du culte de la beauté dans ce début de récit, et de bien des manières. En somme, c'est par la dérision que ces sujets sont frontalement abordés, ce qui pourra être astucieux à terme. Car il est difficile de parler de la manière dont Masamune-kun's Revenge abordera définitivement tous ces sujets, aussi la parution simultanée des deux premiers tomes semble être une bonne initiative pour mieux apprécier la direction du titre.

Graphiquement, la patte de Tiv est très marquée par les années 2010, ne serait-ce dans la représentation des personnages dans l'ère du temps. Les jolies filles cotoient une narration assez burlesque, ce qui sert forcément l'atmosphère décalée du récit et la capacité des gags à faire mouche. Par cette direction esthétique, difficile de nier une petite volonté de faire dans l'ecchi, mais la touche reste particulièrement modérée, sans plan gratuitement graveleux. Un juste milieu donc, pour un premier tome qui montre une série intrigante.

Il faudra donc en lire davantage de la série de Hazuki Takeoka et de Tiv pour se faire un avis définitif. Mais sur un tome de lancement, on apprécie Masamune-kun's Revenge pour son atmosphère déjantée et sa manière de traiter avec décalage de ces sujets, tout en parvenant à dénoncer certains sujets très doucement, et à ne jamais vraiment en rire gratuitement. Là où la morale aurait pu être douteuse, les meubles sont largement sauvés via ce premier opus, et on croise les doigts pour que ce soit le cas dans la suite !

Côté édition, Meian propose son habituel joli travail à base d'un papier un poil épais agréable, de plusieurs pages couleur, et d'une sympathique couverture bénéficiant de vernis sélectif sur certains de ses éléments. La traduction a été signée Vincent Marcantognigni et ne souffre d'aucun bémol, au contraire puisqu'elle sait rendre ce récit humoristique particulièrement vivant.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14.5 20
Note de la rédaction