Filled by twilight Vol.1 : Critiques

Hakumei ni Michiru

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 26 Novembre 2025

Le mois de juillet dernier a vu le catalogue boy's love des éditions Taifu Comics s'enrichir d'un nouveau titre: Filled by twilight, une série lancée au Japon en 2023 dans le magazine from RED de l'éditeur ShuCream et comptant deux volumes à l'heure où ces lignes sont écrites. De son nom original "Hakumei ni Michiru" (littéralement "Empli de crépuscule",ce qui est également la signification du titre anglais), cette oeuvre est la toute première publication française de Yukiaki Uno, une autrice active dans son pays d'origine depuis 2016 essentiellement dans le boy's love.

Cette histoire nous immisce dans ce qui ressemble à une Chine ancienne fantasmée, et débute par des toutes premières pages assez légères où Shen Feng, le jeune dernier né de la famille Shen, prend avec grande joie ses leçons d'arts martiaux sous l'oeil de Xiao Xing, qu'il admire plus que tout et qu'il considère autant comme un maître que comme un ami. Mais voilà que, quelques années plus tard, alors que Shen Feng est devenu un grand, robuste et fringant jeune homme, un drame pousse la famille Shen à se retourner contre les Xiao et à ordonner le massacre de tous ses membres. Prenant sur lui la charge d'effectuer cette sinistre et violente mission, Shen Feng s'exécute mais fait une exception: incapable d'abattre Xiao Xing, il le laisse s'enfuir.

Depuis cette tragédie mortelle, une cinquantaine d'années sont passées, et Shen Feng a pris soin, tant bien que mal, de faire une croix sur tout ce qui l'unissait à Xiao Xing, dont il n'a plus jamais eu de nouvelles. Mais lorsque le patriarche de la famille Shen et père de Sheng Feng est retrouvé mort, dans son lit, visiblement assassiné, les rumeurs de la vengeance d'un survivant des Xiao s'étend, et Shen Feng est poussé à mener son enquête pour retrouver le coupable. Pourtant, Shen Feng a la conviction que Xiao Xing serait incapable d'une telle vengeance, tant il garde de lui le souvenir d'un homme détestant plus que tout la violence et les conflits. Et quand il finit étonnamment vite par retrouver la trace de son ancien maître qui est devenu docteur, il voit sa certitude se renforcer encore. Shen Feng entreprend alors de poursuivre ses investigations pour dénicher le coupable, tout en ayant conscience qu'il va devoir protéger Xiao Xing, qui reste le principal suspect. Commence alors un périple à deux pour Xiao Xing, grimé en femme et qui aurait toutes les raisons d'en vouloir à son ancien disciple, et Shen Feng, qui souhaite plus que tout le protéger, tout en se demandant si le pardon est seulement possible pour lui.

Un cadre inspiré de la Chine ancienne, des arts martiaux, une enquête autour d'une mort mystérieuse, et la quête de rédemption d'un disciple envers son maître: le moins que l'on puisse dire, c'est que le mélange proposé par Yukiaki Uno a initialement tout pour nous intriguer, et que dans l'ensemble il tient assez bien ses promesses, car l'envie de découvrir la suite est bel et bien au rendez-vous. Cela, on le doit essentiellement aux investigations sur la mort du patriarche des Shen où l'on entrevoit petit à petit une machination allant peut-être bien plus loin qu'on ne le pense, au parfum de danger suffisamment présent puisque les coupables (assassins comme commanditaires) feront tout pour qu'on ne remonte pas jusqu'à eux, à la relation entre les deux protagonistes qui promet d'évoluer vers la romance au-delà des liens maître/disciple et de la rédemption de Shen Feng, et au dessin tout en finesse d'une artiste affichant des designs expressifs, des tenues traditionnelles assez soignées et des décors suffisamment présent quand il le faut afin de renforcer l'immersion.

Toutefois, ce premier opus de Filled by twilight est loin d'être sans limites. En premier lieu, le tout début autour de l'enfance de Shen Feng auprès de Xiao Xing est excessivement rapide et ne laisse aucunement le temps de s'attacher aux personnages avant que les différents drames n'arrivent. Ensuite, il reste étonnant, alors que 50 ans passent, de voir Shen Feng garder l'apparence d'un homme relativement jeune et Xiao Xing conserver toujours la même apparence, la mangaka ne donnant aucune véritable raison à cet état de fait. Le côté arts martiaux tant promis reste, quant à lui, assez minime tout compte fait, tandis que le côté enquête, malgré ses rebondissements, ne semble devoir offrir aucune surprise particulière quant à l'identité du coupable, que l'on devine dès les premières pages (mais on ne demande pas mieux que d'être trompés par la mangaka ! ).

Résultat de tout ceci: un début de série certes imparfait, mais dont la recette fait globalement mouche. On a très facilement envie de savoir ce qui attend les protagonistes à la fois dans l'enquête et dans leur histoire commune, et l'autrice sait porter son récit à travers ses jolies planches.

Au niveau de l'édition française, enfin, c'est du tout bon: la jaquette reste fidèle à l'originale japonaise jusque dans la typo du logo-titre, le papier est à la fois souple et opaque, l'impression effectuée en France chez Dupliprint est très convaincante, la traduction assurée par Grégoire Labasse est claire, et le lettrage de Sarah Merhej est propre.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs