Mars - Edition Perfect Vol.4 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 16 Mai 2024

Makio Kirishima, un beau garçon androgyne, dissimule sa vraie personnalité derrière son joli visage. Véritable psychopathe dans l'âme, il voue une fascination sans limites à Rei, et se montre même capable de faire ressortir ses pires facettes. Mais quand il s'aperçoit que Kira est là pour le calibrer et l'apaiser, la jeune fille devient une menace qu'il se doit d'éliminer au plus vite...

Tout l'arc centré sur Makio pousse davantage en avant toute la dimension psychologique du manga de Fuyumi Soryo. Si Mars avait déjà largement capté notre intérêt grâce à son couple central complémentaire, formé de deux individus fouillés et soudés, la série a prouvé un autre de ces atouts avec ce segment émotionnellement lourd, qui s'achève dans la première moitié de ce quatrième opus qu'on ne lâche pas de la première à la dernière page.

Véritable némésis de Rei, Makio est un personnage aussi fascinant que détestable, dont le mécanisme de pensées met en branle l'équilibre entre les deux personnages centraux. Ou plutôt, c'est un objectif qu'il cherche à atteindre. Il en découle une succession d'événements tous plus graves les uns que les autres, où le mental de Rei est sans cesse mis à rude épreuve, tandis que Makio affiche ce qu'il y a de pire chez lui, en tentant de commettre l'irréparable. Le ton est donc grave dans ce début de volet, sans pour autant tomber dans un quelconque pathos. Derrière ces scènes lourdes, la mangaka sublime ses personnages par une écriture sans faux semblant et qui ne faire jamais de détour pour développer ces personnalités et aboutir à une finalité dans ce qui paraît comme une confrontation entre le chaos qu'est Makio et le couple formé par Rei et Kira. Tout se joue finalement sur le possible passage du côté obscur du beau blond, et le couple qu'il forme avec la jeune artiste devient une facette encore plus forte de l'œuvre, mais sur un plan différent.

Après une séquence si éprouvante émotionnellement, on pourrait penser que l'autrice renouerait avec quelques moments de légèreté, comme elle a su nous en proposer dans les deux premiers tomes de cette perfect edition. Que nenni ! Aussi il convient de dire que Mars s'adresse à un lectorat résolument mûr et qui chercherait une lecture certes captivante, mais aussi rude. Dans ce second temps, les projecteurs ciblent avant tout Kira, après le gros teasing placé lors de l'arc dédié à Makio. L'héroïne cache un secret qui donne un tout autre sens à sa "timidité" vis-à-vis de Rei lorsqu'on évoque un potentiel acte charnel. On pouvait croire que Fuyumi Soryo cherchait d'abord à pousser le couple plus loin en abordant le sujet de la sexualité liée aux premiers émois, mais la thématique est finalement tout autre, et d'autant plus grave. Pourtant, le passé de Kira est abordé avec une infinie pudeur, le titre ne versant jamais dans le sensationnel tandis que le talent de son autrice permet de comprendre les événements et les traumas par les seules forces de l'image et de la narration. C'est ce qui rend ce focus sur la jeune fille aussi brillant que captivant, surtout quand quelques rebondissements viennent perturber une situation initiale déjà tremblante. La fin du volume amène un chamboulement important et inquiétant, reposant sur une structure fragile que la mangaka semblait préparer depuis un moment. Tout s'écroule non seulement sous les yeux des personnages, mais aussi sous ceux du lecteur, ce qui rendra l'attendre du cinquième opus de cette réédition particulièrement rude.

Mars n'aura jamais été aussi sombre qu'à cet instant précis, notamment parce que toute l'harmonie plantée depuis les débuts semble voler en éclats. On se doute que de nouvelles évolutions viendront rectifier certains éléments, mais peut-on anticiper et imaginer un happy-end pour des personnels si torturés, hantés par leurs passés respectifs, leurs états traumatiques actuels et parfois leurs émotions qui s'apparentent à de vraies bombes à retardement ? Mars est d'une complexité qui n'a d'égale son atmosphère pesante, mais saisissante, et le manga de Fuyumi Soryo prouve à chaque volume ses brillantes qualités.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction