Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 24 Août 2022
Tandis que Mao et Hyakka tâchent de remonter la piste de Kagari, cette dernière a accompli sa mission en conduisant Nanoka jusqu'à la mystérieuse Yurako. Là, celle-ci commence à révéler à la jeune fille son passé douloureux...
En nous laissant sur un événement particulièrement prometteurs et potentiellement riche en révélations, la fin du tome 9 de MAO nous laissait sur d'assez fortes attentes en vue de ce 10e volume. Et les choses commencent effectivement plutôt bien autour du cas de Yurako, dès lors que l'ondé couvre, en même temps que Nanoka, tout le drame de son existence, elle qui ne fut bonne, au sein du clan Goko, qu'à recueillir les malédictions sans jamais pouvoir vivre sa vie ni sans que qui que ce soit ne s'inquiète pour elle. Du moins, jusqu'à sa brève rencontre avec Mao... Sans que Rumiko Takahashi n'ait besoin d'étirer les choses, on cerne bien tout le poids de la vie de cette femme, et plus encore tout ce que Mao a pu représenter pour elle en tant que lueur d'espoir, d'amour auquel se raccrocher, sans même que le principal concerne ait été au courant. Cela a également un impact assez fort sur Nanoka qui s'interroge sur ses sentiments, ces derniers ne semblant rien à côté de la profondeur et de la longévité de ceux que ressent Yurako pour Mao. Alors, doit-elle y renoncer ? Malheureusement, c'est bien vite que les choses retombent ensuite. Tout d'abord, parce que les petits tourments sentimentaux de notre héroïne restent en surface et sont très rapidement dilués. Ensuite, parce que tout compte fait on n'apprend rien dans ce passage à part les grandes lignes sur le passé de Yurako. Pourquoi a-t-elle le même visage que Sana ? Est-ce elle qui a tué cette dernière ? Pourquoi est-elle alliée à Shiranui ? Et finalement, pour quelle raison voulait-elle voir Nanoka en tête-à-tête ? Autant que questions qui, hormis la dernière peut-être, n'auront pas encore le moindre début de réponse concrète, alors qu'on aurait clairement pu en attendre un petit peu plus.
Mais heureusement, la suite ne a pas laisser tomber le récit dans un faux rythme, en apportant elle aussi des choses assez prometteuses. Tout commence pourtant par une nouvelle affaire a priori assez classique, quand des hauts placés (financiers, politiques...) sont retrouvés brûlés vifs dans des combustions spontanées. En menant leur enquête, Mao, Hyakka, Kamon et Nanoka vont vite remonter d'ennemis bien connus, pour un résultat prenant. Non seulement parce que la mangaka a la bonne idée d'y exploiter certains problèmes d'époque comme l'opposition entre pacifistes et militaristes, tout en esquissant alors de très rapides réflexions sur la faculté de l'homme à répéter sans cesse les mêmes erreurs, entre la haine de ses semblables et la volonté de les tuer sans se salir les mains. Mais aussi pour l'efficacité des petits moments d'action, notamment celui voyant s'affronter deux praticiens d'un même élément. Et surtout car Takahashi y glisse quelques informations parfois assez amples: pourquoi Hyakka a autrefois rejoint le clan Goko, quels sont certaines des zones d'ombre supplémentaire du clan Goko d'il y a des centaines d'années, ce que manigancent Shiranui et les siens pour le clan...
Malgré la petite pointe de déception du début de tome, MAO s'offre alors ici pas mal de choses prometteuses, suscitant toujours notre intérêt autour de cette palette de personnages et des tares du sombre clan Goko. Et à tout ceci, on peut ajouter le talent naturel de l'autrice pour glisser, au coeur de cette atmosphère sombre et mystique, quelques brèves notes d'humour bien glissées.