Man-ken Vol.1 - Actualité manga

Man-ken Vol.1 : Critiques

Manken

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 11 Septembre 2013

Sachi Higasa est une adolescente qui a tout pour elle : belle, douée en sport et en études, sympathique avec les autres, elles attire tous les regards sur elle depuis toujours... tant et si bien qu'en réalité, bouffée par sa perfection, elle a un petit complexe de supériorité et se contrefiche royalement de ses camarades. Mais sous ses allures parfaites, Sachi a aussi une passion qu'elle préfère ne pas avouer : le manga ! Son rêve ? Devenir mangaka. Et c'est dans cette optique qu'elle est en contact avec un éditeur sur le point de publier sa série. Pourtant, ce dernier reste sceptique, car malgré les qualités évidentes du manga de Sachi, il semble manquer à l'oeuvre le plus important, une chose que possèderait apparemment le manga à succès d'un autre nouveau venu dans le milieu du manga, un certain Hirano. Jusque là toujours habituée à ne recevoir que des compliments, Sachi est un peu choquée, et son orgueil en prend un sacré coup.
Dans le même temps, au lycée, la vie de Sachi est sur le point de basculer suite à une rencontre inattendue avec Alice, son exact contraire. Franco-japonaise, toute petite et toujours totalement enjouée, Alice a toujours pris plaisir à dessiner des mangas dans son coin, en plein cours, et en ne prêtant aucunement attention aux préjugés de ses camarades, à tel point qu'elle s'est marginalisée d'elle-même sans que ça la dérange... et qu'elle se retrouve bientôt victime de brimades. Sachi, évidemment, n'en a rien à faire... jusqu'au moment où l'un des tortionnaires d'Alice arrache son manga sous ses yeux. Ne supportant pas qu'on salisse le travail d'autrui, Sachi s'emporte violemment en défendant la passion d'Alice... et se retrouve bientôt suivie partout par cette petite blondinette extrêmement collante, qui ne rêve désormais plus que d'une chose : que Sachi intègre le club de manga du lycée, plutôt connu pour ne regrouper que des personnes marginales aux centres d'intérêt étranges...

Man-ken (abréviation japonaise de "club de manga") nous raconte une histoire on ne peut plus classique : celle d'une jeune fille poussée bien malgré elle à intégrer un club de manga. Bien malgré elle, car du haut de son complexe de supériorité, Sachi n'a évidemment aucunement envie d'intégrer un club de marginaux... mais elle n'aura pas vraiment le choix, car au-delà de l'insistance de la collante et ultra énergique Alice, la belle jeune fille va être confrontée aux manigances de Kirino, véritable terreur du lycée, crainte aussi bien des élèves que des professeurs qui n'osent rien lui dire puisqu'elle est tout bonnement la fille du premier ministre japonais (rien que ça !)... et qui, surtout, est la présidente du club de manga !

Ce premier volume de Man-ken s'applique donc à présenter l'arrivée bien malgré elle dans le club de manga de Sachi, extrêmement réticente, mais contrainte et forcée. Mais bien qu'elle y aille avec le recul, notre héroïne va être amenée à rencontrer les différents membres du club, tous assez marginaux, entre Kirino, Alice, Marika la couturière fan de cosplay, et Nao la championne de jeux vidéo qui ne dit jamais rien. Evidemment, Sachi se demande bien où elle a atterri, mais elle va petit à petit se rendre compte qu'au-delà de l'aspect marginal de ces adolescents à première vue ratés, il se cache une véritable raison d'être au club, et des talents insoupçonnés. Si bien que sans pour autant l'avouer franchement, Sachi se prendra évidemment peu à peu au jeu... D'autant qu'au sein du club se cache également le dénommé Anoth, mystérieux personnage jamais présent au club, mais qui y a déjà fourni des mangas de telle qualité que notre héroïne l'érige très vite comme un rival dont elle veut percer le secret et l'identité...

Evidemment, toutes nos chères héroïnes sont des stéréotypes sur pattes, et l'auteur joue beaucoup là-dessus. Sorte de Hiruma d'Eyeshield 21 au féminin, Kirino, avec sa coiffure hirsute rouge, son visage de rebelle et son sourire sadique, est une bourrine manipulatrice de premier ordre, qui ne recule devant rien pour arriver à ses fins et former l'équipe qu'elle veut pour son club de manga. Et pourtant, elle témoigne d'une forme de bienveillance, comme lorsque se dévoile la manière dont elle a recruté Marika, jeune fille à lunettes plutôt douce, qui jusque là avait toujours été seule. Cliché du personnage gamer replié sur lui-même, caché sous une capuche qu'elle (ou il) n'enlève jamais, Nao montrera déjà tous ses talents au jeu vidéo. Parfaite représentante de la catégorie de personnages dit "moe" de par sa petite taille, son côté tout mignon et son engouement incessant, Alice se révèle d'autant plus amusante à suivre qu'elle déborde de passion pour le manga et que l'auteur lui offre de nombreuses bonnes bouilles SD amusantes. Quant à Sachi, du haut de son caractère orgueilleux et de sa difficulté à avouer son intérêt pour le club, elle est une belle figure de personnage à tendance "tsundere", tendance bien visible derrière sa beauté classe.

En somme, vous l'aurez compris, voici des héroïnes destinées à titiller le lecteur otaku, qui aura vite de s'attacher à chacune d'elles pour peu qu'il soit sensible à ces stéréotypes, et ce malgré plusieurs éléments beaucoup trop gros (à tout hasard, Kirino qui est la fille du premier ministre japonais...). Mais au-delà du lecteur otak', Man-ken peut tout à fait séduire les autres lecteurs qui accepteraient de se prendre au jeu. Car bien qu'ils soient des clichés sur pattes, les personnages s'annoncent franchement plaisants à suivre, car ils sont variés, sont dessinés avec beaucoup de charme par un auteur doté d'un trait clair, expressif et agréable, et parce qu'ils ont tous des qualités qu'on ne demande qu'à voir approfondies, après les avoir juste entrevues ici via un petit passage cosplay, une excursion à Akihabara, une rencontre IRL de jeux vidéo... ou la passion pour le dessin de Sachi et Alice, les deux jeunes filles risquant bien de se pousser mutuellement vers l'avant (c'est déjà le cas pour Alice, qui prend avec un optimisme déconcertant et attachant toutes les critiques de Sachi). Et surtout, il y a tout de même une vraie toile de fond qui se met en place, avec les interrogations autour du vrai but de Kirino à la tête du club, de l'identité du fameux Anoth, et de ce que Sachi a à apprendre pour égaler le niveau de Hirano.

Manga pour otaku, mais pas que, Man-ken tire son épingle du jeu grâce à un ton rafraichissant et à une petite palette de personnages certes stéréotypés mais très bien campés, amusants et que l'on prend plaisir à suivre. On a hâte de voir s'affirmer ce club regorgeant de personnages marginaux mais foncièrement contents d'être ensemble, de voir ce qui attend Sachi parmi eux, et tout simplement de suivre les évolutions de ce petit groupe.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs