Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 02 Novembre 2022
A défaut d'avoir pu faire ses preuves en tant qu'aspirante maiko, la jeune Kiyo a montré ses talents dans le domaine culinaire, et est ainsi devenue la cuisinière de l'okiya Ichi. Depuis, armée de sa cuisine, de ses sourires, de sa douceur et de ses attentions, elle est devenue la témoin privilégiée de la vie dans cette okiya et surtout des novices qui y suivent leur formation. Et parmi ces novices se trouve Sumiré alias Sû, son amie de toujours, celle avec qui elle s'était fait la promesse de devenir maiko à deux. Pour le plus grand bonheur de Kiyo, Sû réussit très bien là où notre héroïne a échoué, à tel point que cette jeune fille pourrait être intronisée maiko encore plus rapidement qu'elle l'aurait espéré.
Après un ravissant premier volume, ce deuxième tome voit alors la mangaka Aiko Koyama enrichir son récit en lui offrant un fil conducteur plus concret à travers le personnage de Sumiré, la précieuse amie de Kiyo gagnant tant en importance qu'elle est en réalité le centre de l'attention de toute une part du présent opus. En tant qu'aspirante maiko, Sû se donne énormément au risque de se surmener, de zapper les repas et de maigrir, tant elle ne veut rater aucune occasion d'apprendre. Passionnée dans l'accomplissement de son rêve et par la même occasion de la promesse faite à Kiyo, elle est très exigeante envers elle-même, peut-être même trop, mais nombre de personnes voient déjà en elle l'une des plus grandes promesses de leur milieu. Evidemment, le parcours de Sû offre de nombreuses occasions de nous immiscer de plus belle dans le petit monde si spécifique des kagai, et l'on y découvre bien des choses sus la plume claire et le dessin toujours précis de l'autrice: les tâches des aspirantes en plus de leur formation (lessive, ménage, etc), la cérémonie d'intronisation, le changement de nom, le rôle des otokoshi (les professionnels chargés d'habiller les geiko et maiko et étant les rares hommes à vivre dans les kagai), la coiffure typique en chignon des maiko et tout ce qu'elle implique, les vêtements...
Ce qui séduit peut-être plus encore est à chercher dans cette relation forte qui existe entre Kiyo et Sû, car là où bien des récits aurait joué sur de la jalousie et de la rivalité entre ce genre de personnages où l'une réussit et l'autre non dans leur promesse initiale, c'est l'exact opposé dans l'oeuvre de Koyama: Sû ne snobe jamais Kiyo (bien au contraire), et Kiyo est tout simplement heureuse de voir son amie de toujours progresser dans le milieu de ses rêves. La mangaka ne manque jamais une occasion de souligner la beauté simple de cette amitié sincère et pure, par exemple quand les deux jeunes filles se remémorent chacune des petits souvenirs communs, ou quand elles s'appliquent à profiter des petits moments chaleureux, même quand il s'agit de déblayer la neige.
Enfin, il y a toujours cette personnalité si attachante et réssérénante chez notre héroïne. Kiyo ne se vexe pas même quand on lui fait des remarques un peu méchantes, elle anticipe les besoins de son entourage et de Sumiré en particulier, elle sait faire attention aux autres et les réconforter avec ses bons petits plats qui nous mettent bien souvent l'eau à la bouche, et tout ceci fait assurément partie du charme de cette jeune fille et de la série.
Intelligemment publié en même temps que le tome 1 par Noeve Grafx pour mieux nous faire ressentir le potentiel de la série, ce deuxième volume confirme largement tut le charme de ce début d'oeuvre. En plus de nous offrir une immersion réussie et visuellement ravissante dans l'univers des kagai, Aiko Koyama nous propose une lecture qui fait beaucoup de bien, de celles qui sont profondément apaisantes, en particulier grâce à son héroïne et à ce qui la lie à sa précieuse amie de toujours.