Maison de poupées (la) - Junji Ito collection N°8 : Critiques

Itoh Junji Kyofu Manga Collection - Ayatsuri Yashiki

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 26 Janvier 2011

Nouveau recueil du maître de l'horreur Junji Ito à paraître en France, la Maison de Poupées nous propose de suivre sept histoires courtes dans lesquelles des évènements fantastiques vont venir s'immiscer dans la vie d'individus normaux. Qu'il s'agisse des glaces d'un bien curieux marchand, de cigarettes, d'un disque vinyle rarissime ou encore de curieuses marionnettes, le moindre objet banal devient le point de départ d'aventures horrifiques défiant l'imagination. Mais là où la folie et l'horreur suggérée de Junji Ito font d'habitude mouche, elles s'avèrent ici bien décevantes.

Le problème de la majeure partie des histoires de ce recueil provient de leur manque de folie, ou d'une folie qui arrive trop tard pour que l'on soit réellement pris dans le récit. La plupart des histoires commencent de manière assez banale en nous invitant à suivre pendant un certain temps les quelques personnages, jusqu'à ce que le bouleversmeent fantastico-horrifique finisse par survenir... à peine quelques pages avant la fin, pour nous laisser au beau milieu de l'action. Quelques interrogations antérieures sont censées éveiller le suspense, mais atteignent avec difficulté ce but.

Comme souvent chez le mangaka, ce sera donc au lecteur de laisser aller son imagination et son interprétation face à des évènements rarement résolus puisque les récits se terminent le plus souvent quand la tension est au maximum. Mais ce qui est d'habitude efficace l'est moins ici. Les récits sont souvent emprunts d'une trop grande banalité, Ito se contentant principalement d'y jeter à la fin l'habituelle dose de surnaturel. Et au final, on a bien du mal à adhérer pleinement à ces évènements surnaturels tant leur immiscion dans le récit est à plusieurs reprises bancale.

Fort heureusement, ces remarques concernent principalement les quatre premières histoires, puisque les trois dernières s'avèrent plus intéressantes. Tandis que l'ambiance malsaine, la folie et les corps maltraités rendent "la Chambre du sommeil" réellement immersive et tendue, "L'homme aux cadeaux" nous offre un récit intéressant de par les maltraitances réservées à un homme pourtant foncièrement gentil, le tout esquissant ainsi, de manière certes peu originale, quelques méfiats d ela nature humaine, avant que la fin ne nous laisse sur une dernière image laissant facilement imaginer un certain chaos. Quant à "la Maison de Poupées", nouvelle offrant son nom au recueil, sa longueur (il s'agit de la plus longue nouvelle avec une soixantaine de pages) permet une meilleure gestion d'une tension allant crescendo, l'aspect original et décalé de ces individus vivant comme des marionnettes laissant petit à petit place à un aspect malsain qui finit par éclater, à la toute fin, sur un climax sanglant délicieusement horrifique.

Si tout recueil présente obligatoirement des histoires courtes plus intéressantes que d'autres, La Maison de Poupées reste sans doute l'ouvrage le plus inégal de l'auteur au sein de l'anthologie Junji Ito. Les quatre premières histoires ont bien du mal à convaincre, tandis que les trois dernières parviennent à nous laisser sur une bonne note en allant crescendo. Reste que nous avons ici un Ito sans doute mineur, en tout cas le moins convaincant depuis les débuts de l'anthologie.

Cela n'a pas empêché les éditions Tonkam de se faire plaisir, comme souvent sur les couvertures des titres de Junji Ito, en nous offrant ici une jaquette partiellement phosphorescente. L'éditeur ne manque décidément pas d'idées, et a le mérite de conserver toujours le prix à 9€ (pour un grand format, rappelons-le). En ce qui concerne le reste de l'édition, il n'y a pas grand chose à redire.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs