Magi - The Labyrinth of Magic Vol.24 : Critiques

David est passé à l'attaque contre le repère de Salomon et des siens, et l'heure est alors venue pour ce dernier d'affronter son propre père s'il souhaite atteindre son rêve utopique d'un monde où tous peuvent cohabiter sans se haïr. Tandis que les magiciens s'engagent dans le conflit, Hugo saura-t-il neutraliser à temps le mur protecteur mis en place par David ? A l'issue de la bataille, tout le monde sera-t-il indemne ? En découvrant ce que David manigançait réellement, quelle décision capitale Salomon prendra-t-il ? Le début de ce volume offre un affrontement qui parvient à allier la brièveté à l'intensité, tant certaines planches cruelles et tragiques marquent en profondeur (concernant Farlan, Wahid et Thes, notamment), et tant les enjeux qui se dessinent juste après s'annoncent de grandes envergures en plaçant au centre des choses le rôle du dieu Illah, l'utopie voulue par Salomon et, surtout, la notion de destin qui va frapper de la plus dure des manières le monde. Que feront les magiciens ? Tomberont-ils dans le désespoir face au destin qui semble impossible à éviter du fait d'une volonté divine ? Ou les humains sauront-ils affronter ce destin sans tomber dans le découragement, la vision et la haine ? Ces dernières questions, imposées par David à Salomon, ne font que préparer le lecteur à une suite encore plus intense, plus dramatique. La vérité sur le monde d'Alma Torran se lève enfin totalement, et elle va tout souffler sur son passage.

Après un début de tome déjà fort, il faut vraiment saluer la tension permanente que Shinobu Ohtaka parvient continuellement à faire monter d'un grand. Cela, elle le doit autant à son propos à la fois dense et sans détour (le tome est très bavard et reste clair et captivant) qu'à son excellente exploitation des personnages. Sur ce dernier point, l'entre-déchirement de certains personnages qui se divisent nous happe complètement, tant on a appris à aimer leur entente précédemment. On pense en premier lieu, bien sûr, au personnage de Shiva que l'on a vu grandir dans le tome précédent, que l'on a vu se forger dans ses amitiés, dans son amour pour Salomon et dans ses rêves, et à ce titre les deux dernières pages du chapitre 134 sonnent alors avec beaucoup d'impact tant elles sont bien mises en scène. Et il en résulte alors une question forte : pourquoi diable les choses ont-elle dû tourner ainsi ?

L'intensité dramatique que dégage le récit en lui-même n'est pourtant rien face à ce qui bluffe le plus dans ce tome. On attendait forcément du flash-back sur Alma Torran qu'il explique nombre de choses, mais on ne s'attendait peut-être pas à ce que cela soit, si riche. Car ce tome de Magi est peut-être le plus important depuis le début de l'oeuvre, en ceci qu'il explique tout ce que l'on attendait de savoir précisément. La façon dont Alma Torran a disparu et dont le nouveau monde s'est créé bien sûr, mais aussi le rôle des rokhs et de leur force, la naissance et les objectifs d'Al-Samen, ce que sont exactement les labyrinthes, le rôle réel des djinns et des écrins enchantés, la manière dont le rôle des Magis est né dans le nouveau monde... Ohtaka n'oublie rien, pas même d'évoquer le peuple tran par exemple, et elle parvient à tout rattacher dans un ensemble cohérent, preuve d'un scénario incroyablement maîtrisé depuis le début de la série. On restera également marqué par le rôle crucial de Hugo, et tout simplement par la vérité qui se dévoile sur les origines d'Aladin et sur ce qu'il est réellement.

Les toutes dernières pages du volume peuvent alors nous replonger dans le temps présent avec efficacité, car tout ce que l'on vient d'apprendre amène dans la toute fin du tome de nouvelles perspectives annonçant une suite très prometteuse.

D'une intensité dramatique folle, à la fois très dense et claire, amenant avec une totale cohérence toutes les révélations que l'on a longtemps attendues, le 24ème volume de Magi - The Labyrinth of Magic bluffe de par les ambitions que Shinobu Ohtaka affiche dans son scénario, et de par les perspectives qui s'ouvrent pour la suite. Un tome-charnière impeccablement mené, ne faisant que confirmer les qualités d'une série d'aventure qui mériterait plus de succès.