Magi - The Labyrinth of Magic Vol.22 : Critiques

Accompagné de Morgiane et de quelques autres compagnons, Ali Baba s'est mis en route pour sa cité d'origine, Balbad, désormais contrôlée par Kô, en tant que délégué de Sindoria chargé de préparer la future grande conférence. Sur place, il a retrouvé une ville métamorphosée, en apparence très bien, mais cachant sous ses airs paisibles quelques vérités autrement plus dérangeantes. Face à Koen Ren et son frère, Ali Baba n'est certainement pas prêt à se dégonfler. Mais il ne doute pas encore du piège qui est sur le point de se refermer sur lui... Un piège qui va mettre à mal ses convictions autant que ses relations.
Par le passé, Shinobu Ohtaka nous a déjà prouvé toute son aisance pour confronter les valeurs de ses héros à celles d'autres personnages, pour un résultat où le plus éloquent des deux prend souvent le dessus. Ce fut notamment le cas, il y a peu, d'Aladin face à Mogamed lors de l'arc de Magnostadt. Désormais, c'est au tour d'ALi Baba de passer par là, en subissant une forte pression psychologique face à la présence de Koen Ren et, surtout, face au fonctionnement de l'Empire Ko que l'on découvre enfin pleinement. Et si le désir de Ko d'établir un monde de paix est intéressant, la façon de procéder est largement plus inquiétante. Koen est persuadé qu'une paix durable n'est possible qu'en instaurant un unique roi pour gouverner tout le monde, et il est prêt à tout pour y parvenir, y compris l'esclavage, la mise en place d'un bonheur et d'un confort de façade pour endormir les habitants, la propagande, pour un résultat qui n'est guère loin de la dictature. C'est riche, déstabilisant, nourri d'une certaine portée dramatique à cause du cruel dilemme face auquel se retrouve Ali Baba, et intelligent dans la façon dont c'est mené.

Et nous n'en sommes pourtant qu'aux débuts d'un tome qui ne va jamais cesser de nous amener de nouvelles donnes marquantes, à commencer par le voile qui se lève sur une facette plus sombre et manipulatrice de Sindbad, et sur les terribles origines des Fanalis et donc de Morgiane, confrontées de plein fouet à sa véritable nature...

Et c'est sur toutes ces considérations qu'arrive enfin la fameuse conférence tant attendue, réunissant les hauts dirigeants tels que Sindbad et Koen dans un climat très tendu, et où tous les regards finissent vite par se tourner vers Aladin, désormais prêt à dévoiler toute la vérité sur ce qu'il a longtemps gardé secret sous les ordres de son supérieur : l'histoire d'Alma Torran. L'un des plus importants mystères de la série commence enfin a se dévoiler, est visiblement encore loin de se terminer, mais captive déjà de par tout ce qu'il implique et révèle : la façon dont les espèces "cohabitaient dans cet autre monde, le lien de ce monde avec celui de nos héros, ce que cela implique concernant ce dernier, l'impact de Salomon, ce qu'étaient les djinns comme Hugo auparavant... C'est d'une richesse et d'une intensité folle, et empreinte d'une grande cohérence bousculant beaucoup de choses.

Depuis quelque temps, dires des volumes de Magi qu'ils sont très riches est loin d'être un euphémisme, et ce tome n'est certainement pas celui qui viendra contredire cette impression tant il s'y passe d'événements et de révélations à un rythme très soutenu. Il faut donc s'accrocher un peu, on aurait presque aimé que Shinobu Ohtaka dilue un peu plus certains éléments pour moins donner cette impression de bloc d'infos en flux tendu, mais le résultat est passionnant, relance nombre de choses côté personnages et alliances, avant de nous offrir les débuts d'un flash-back que l'on a longtemps attendu et qui tient toutes ses promesses de par ce qui s'y dessine.