Made In Abyss Vol.1 - Actualité manga
Made In Abyss Vol.1 - Manga

Made In Abyss Vol.1 : Critiques

Made In Abyss

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 03 Juillet 2018

Critique 2
A l'été 2017, le public français fait la rencontre de Made in Abyss, œuvre qui a su habilement passionner ses spectateurs. Le succès est tel que des films récapitulatifs sont programmés pour 2019, ainsi qu'une seconde saison. Mais Made in Abyss est à l'origine un manga signé Akihito Tsukushi. Prépublié dans le Manga Life Win des éditions Takeshobo, le titre compte actuellement six tomes et est toujours en cours. Les éditions Ototo ont acquis les droits de ce manga particulièrement attendu, ainsi paraît le premier volume de Made in Abyss en mai 2018 chez nous...
Les habitants de la ville d'Orse sont subjugués par l'Abysse, une gigantesque faille s'étendant à des dizaines de milliers de mètres sous la Terre, une cavité aussi fascinante que dangereuse. Certains individus sont entraînés dès leur plus jeune âge pour explorer l'Abysse : les caverniers. Divisés en certains grades, seuls les plus robustes et talentueux peuvent se hisser dans les profondeurs du cratère et espérer en ressortir indemnes.Rico est une jeune carvernière fascinée par l'Abysse, mais n'a pas le niveau requis pour l'explorer trop en profondeur étant donné son jeune âge. Une de ses expéditions l'amène à découvrir un garçon qui semble avoir à peu près son âge, un jeune homme à la fois humain et mécanique. Une découverte qui va changer sa vie puisque les événements qui suivront mèneront Rico encore plus en profondeur dans l'Abysse...
Le manga Made in Abyss a ce quelque chose de peu commun si on le compare avec le reste de la production présente sur le marché français. Ce qui marque d'entrée de jeu, c'est bien le coup de crayon particulièrement fouillé d'Akihito Tsukushi qui joue sur chaque case avec les effets de noir et les dégradés pour apporter une profondeur à chacune de ses planches. Son style sur les personnages est aussi assez unique, car dans Made in Abyss, chaque individu est représenté avec une infinie douceur, des silhouettes de visages rondouillards donnant à cette patte une légèreté. De tels attraits graphiques associés au format semi-grand des éditions Ototo confèrent à l'ouvrage une sorte d'aura d'album jeunesse, une sensation qui semble se confirmer dès lecture des premières pages grâce à une ambiance bonne enfant et un univers qui semble loin d'être cruel...
Un constat qui ne dure pourtant pas sur tout le volume, car tout en parvenant à faire office de mise en place particulièrement riche et convaincante, ce premier opus parvient aussi à retranscrire une multitude de tonalités. Des échanges joyeux entre Rico et ses camarades, leurs petites chamailleries suivies de réconciliations, jusqu'aux horreurs qui peuvent se cacher dans l'Abysse, on en voit de toutes les couleurs sur ce tome d'introduction. Un contraste associé au style graphique d'Akihito Tsukushi qui confère au tout une véritable couleur, cette sensation que l'auteur est libre dans le développement de son style, ce qui ne peut qu'être un plus dans la dimension artistique de l'ouvrage qui nous prépare à une aventure différente, au moins dans son esthétique.
Car l'Aventure, avec un grand A, ne commence pas tout à fait dans ce premier tome qui prend son temps pour introduire l'univers et les enjeux qui marqueront la suite. Outre notre rencontre avec la pétillante et attachante Rico, c'est tout un monde qui est dépeint sous nos yeux ainsi qu'un concept : l'Abysse. Lieu à la fois fascinant et terriblement dangereux, l'idée est véhiculée avec talent. Les dangers nous sont relatés par le biais de schémas et de témoignages plutôt que nous être montrée, et il ne nous en faut pas tellement plus pour être habités par la même envie que Rico de découvrir cette faille impitoyable, mais qui semble cacher mille secrets. Une aura mystérieuse qui attire, donc, et qui sera progressivement développée au fil du tome, que ce soit par l'introduction de Légu, enfant doté de parties mécaniques qui reste une énigme à l'heure actuelle, ou la découverte que fera l'héroïne au sujet de sa mère...C'est sur les toutes dernières pages que le voyage se lance véritablement, une fois que le tome a pris le temps d'installer les concepts et le leitmotiv des deux personnages principaux. Alors, c'est de grandes attentes que fixe ce volume d'introduction, et on a d'ores et déjà hâte de découvrir les merveilles et les dangers qui attendent Rico et Légu durant leur épopée !
Nous l'avons dit précédemment, les éditions Ototo ont concocté une édition bien particulière pour Made in Abyss : un grand format pourvu d'un papier assez épais qui est idéal pour apprécier pleinement le style graphique d'Akihito Tsukushi, le tout garni de quelques superbes pages couleur sur papier couché mât.La traduction, confiée à Vincent Zouzoulkovsky, est particulièrement soigneuse pour retranscrire l'innocence chez les personnages, procurant une véritable immersion. Cerise sur le gâteau : les éditions Ototo offrent une carte de l'Abysse pour ce premier volume, un supplément vraiment bien trouvé tant il contribue à la soif d'aventure du lecteur aux côtés des personnages.

Critique 1

Si le nom de Made in Abyss vous dit quelque chose, ce ne serait pas étonnant. Depuis les débuts de sa publication au Japon en 2012 chez l'éditeur Takeshobo dans le magazine Manga Life Win, ce manga s'est taillé une jolie petite réputation, et celle-ci a largement décollé à l'international à partir de 2017, année où fut diffusée la première saison de son excellente adaptation animée, cette dernière étant disponible en France sur la plateforme Wakanim. Le désir de découvrir dans notre langue le manga d'origine a alors considérablement grimpé, et ce sont les éditions Ototo qui nous font le plaisir de le publier. L'éditeur avoue que la série l'intéressait depuis quelques années déjà, mais que sa jeunesse et les particularités de l'oeuvre en faisaient un titre jusque-là peut-être un peu prématuré pour lui. Mais à force d'enrichir son catalogue d'oeuvres à succès comme Sword Art Online et Re:Zero, le "petite frère" des éditions Taifu Comics semble désormais avoir les reins assez solides pour tenter l'expérience Made in Abyss, et quel meilleur timing que de nous le proposer peu de temps après l'anime ?

Voici environ 1900 ans qu'un gigantesque et mystérieux gouffre a été découvert sur une île isolée de la mer méridionale de Béorusca. Faisant 1km de diamètre, et de profondeur inconnue, celui-ci était le fruit d'un champ de force spécial venant des tréfonds de la Terre. Par curiosité, des gens ont commencé à venir l'observer. Puis se sont naturellement mis à l'explorer, à découvrir petit à petit ses niveaux, sa faune et sa flore uniques, ses reliques et trésors insoupçonnés, et ses multiples dangers mortels. On commença à appeler ces aventuriers les "caverniers", puis toute une ville, nommée Orse, commença à se développer sur ses bords, et en son sein fut même bâtie une organisation gérant les dangereuses explorations.

La jeune Rico, 12 ans, habite à Orse, et voue depuis toujours une passion pour l'Abysse, qu'elle rêve de partir explorer à son tour en profondeur. La principale raison ? Son désir de marcher sur les traces de sa mère, "Lisa l'exterminatrice", devenue une véritable légende parmi les explorateurs, et qui n'est plus remontée à la surface depuis dix ans. Si bien que Rico a oublié son visage et sa voix... Depuis, la jeune fille grandit au sein de l'orphelinat Bercello, regroupant surtout des enfants de caverniers, et où les jeunes peuvent suivre une formation d'explorateur en apprenant les bases et en s'aventurant dans les toutes premières strates du gouffre. C'est pendant l'une de ces étapes de formation dans les débuts de l'Abysse que Rico, découvre une étrange être inanimé, à l'apparence d'un petit garçon, mais dont le corps semble robotisé. Qu'est-il ? D'où vient-il ? Des tréfonds de l'Abysse peut-être ? Lui-même ne le sait pas, car il a perdu la mémoire. Mais une chose est sûre: son arrivée dans la vie de Rico va complètement chambouler et accélérer le destin de la fillette... L'une est appelée par le gouffre qui la passionne tant et souhaite retrouver la trace de sa mère, tandis que l'autre a besoin de découvrir ce qu'il est, pourquoi il a été créé, et quelles sont ses origines... Un passionnant voyage dans l'Abysse s'annonce, mais il sera sans doute autant riche en trésor et en belles découvertes qu'en dangers terribles.

Si les choses sérieuses ne commencent qu'à la toute dernière page de ce tome (qui n'est donc, avant tout, qu'une longue introduction), le mangaka Akihito Tsukushi sait déjà captiver son lectorat, en installant comme il se doit nombre de concepts bien pensés, en tête cette ville d'Orse dont l'existence dépend avant tout de l'Abysse, et dont l'agencement et l'architecture sont plutôt très bien pensés. Au fil du temps, c'est tout un système qui s'est mis en place afin d'explorer encore et toujours cet immense gouffre dont personne ne connaît le fond, et dont on remonte rarement vivant qu'an on s'y engouffre en profondeur. Au sein des caverniers, il existe toute une hiérarchie représentée par des sifflets de couleur, ces sifflets pouvant également prévenir les autres quand on est en danger dans l'Abysse. Les jeunes apprentis commencent en tant que sifflets blancs (enfin, avant ça, leurs premières semaines de formation ors du gouffre leur vaut de n'avoir qu'un grelot), puis change de couleur au fil de leur gain d'expérience, jusqu'à peut-être devenir l'un des prestigieux et légendaires sifflets blancs, comme Lisa. Et évidemment, plus on est haut dans la hiérarchie des sifflets, et plus on peut aller en profondeur. Les sifflets rouges, eux, peuvent seulement descendre jusqu'au 1er palier, soit 450m.

Au coeur de ce gigantesque trou, c'est un univers résolument unique qui nous attend. Et si nous ne sommes encore qu'aux balbutiements de notre immersion en son sein, l'auteur prend déjà parfaitement soin d'installer de très nombreuses attentes. Car l'Abysse possède en premier lieu tout un écosystème bien à lui, avec une faune vue nulle part ailleurs (ce qui permettra au mangaka de créer un bestiaire impressionnant et plein d'imagination, on en a déjà 2-3 jolis exemples), une flore tout aussi unique et originale (comme une certaine forêt inversée), le tout pouvant être à la fois grandiose pour les yeux des explorateurs (et du lecteur), et très dangereux, car les bêtes sauvages ne sont pas rares, et la nature elle-même peut receler bien des dangers qui ne font qu'accentuer au fil des niveaux, chaque strate ayant ses propres particularités. Mais l'Abysse, c'est aussi un véritable nid à trésors, dont beaucoup sont pour le moins énigmatiques. Il est possible d'y déceler des reliques merveilleuses, divisées en classes (classe 1, classe 2, et classe d'exception), ainsi que des ressources et objets pouvant se révéler aussi étonnants qu'utiles (comme les pierres de lumière, pouvant servir de lampes une fois travaillées)... mais on peut aussi y dénicher des choses encore plus étranges, à commencer par de mystérieux squelettes de "prieurs" qui semblent vieux de 2000 ans... Il en ressort donc forcément pas mal d'interrogations. Quel est le passé de l'Abysse ? D'où viennent ses richesses et ses squelettes ? Nul ne le sait. Et cela ne fait que renforcer l'intérêt des explorations.

L'Abysse regorge donc de merveilles autant que de mystères et de dangers, mais le plus terrible de ces dangers vient peut-être encore d'un autre point: ce qui est appelé la "Malédiction de l'Abysse". Plus on s'enfonce dans les profondeurs de ce gouffre qui reste inconnu au-delà des 20 000 mètres de profondeur, et plus on se destine à une mort certaine dès que l'on essaie de remonter. Remonter du premier niveau jusqu'à la surface ne provoque que quelques vertiges et nausées. Mais remonter du deuxième niveau au premier enclenche vomissements, migraines et engourdissements, et remonter du troisième au deuxième confère déjà perte d'équilibre ainsi qu'hallucinations auditives et visuelles. Les étapes suivantes sont des saignements par tous les orifices, puis la perte de toute sensation et l'automutilation, la perte d'humanité... jusqu'au septième niveau où, quand on essaie de remonter au sixième, c'est la mort assurée. Personne ne connaît donc l'Abysse au-delà du septième niveau, aucun témoin vivant n'en est revenu, et mieux vaut donc être plus que prêt pour aller à la rencontre de ses dangers. Quelles sont les causes de cette malédiction , Là aussi, personne ne le sait.

Mais une chose est pourtant sûre: ce ne sont pas ces dangers qui arrêteront Rico, fillette passionnée, énergique et commettant pas mal de bêtises, qu'il est difficile de ne pas prendre immédiatement en affection. Pas toujours consciente des dangers, mais curieuse, volontaire et intrépide, cette enfant attire tout de suite la sympathique, sitôt qu'on la découvre et que l'on cerne son profond désir de partir en exploration et de retrouver la trace de sa mère. Autour d'elle, l'auteur installe une petite palette de personnages secondaires sympathique, entre le chef assez strict et les amis qui ont tous leur petit caractère. L'autre figure très intrigante est toutefois l'étrange petit garçon-machine découverte par Rico, et qu'elle baptise Légu. Qu'est-il exactement ? Humain, robot, ou autre ? Il a un nombril, des tétons, un anus, un zizi comme les petits garçons normaux, et il pleure et transpire, mais sa peau souple ne peut être coupée, il a une meilleure vue, une meilleure ouïe et un meilleur odorat que les humains, et il a un bras extensible en métal... Les énigmes sur les origines de cet être amnésique sont nombreuses, et promettent aussi d'être passionnantes pour la suite.

L'univers de Made in Abyss s'avère donc déjà très bien pensé et riche en possibilités, et ça vaut aussi pour les visuels. La série est le tout premier manga d'Akihito Tsukushi, un artiste qui a auparavant travaillé pendant une dizaine d'années dans une société de développement de jeux vidéo, et on devine que cette expérience l'a beaucoup inspiré pour créer son univers imaginaire déjà bourré d'inventivité. Les premiers designs de créatures et premières vues des paysages de l'Abysse séduisent d'emblée pour leur originalité, d'autant plus que l'artiste offre un style qui ne se conforme pas du tout aux standards du manga. Ses planches ont un aspect assez crayonné, ce qui est renforcé par des cases rarement classiques dans leurs contours (ces contours irréguliers semblent souvent dessinés à la main). Et il offre d'habiles enrichissements et approfondissements du dessins en jouant beaucoup sur des nuances de gris. A cela, il faut ajouter un character design assez mignon (grosses têtes un peu rondes, etc) pouvant contraster avec la dangerosité de l'Abysse (qui réservera bien des coups durs par la suite...), e ton obtient une expérience visuelle assez unique et résolument emballante.

L'entrée en matière de Made in Abyss est donc complètement réussie. Akihito Tsukushi développe déjà un imaginaire bien pensé, riche et prometteur, qui donne très facilement envie de partir en exploration en me^me temps que Rico et Legu, au coeur d'un gouffre gigantesque aux milles richesses, merveilles et dangers... L'aventure n'est pas loin, elle ne fait que commencer, et on sait déjà qu'elle sera passionnante et nous fera passer par des émotions très diverses.

Côté édition, chapeau à Ototo qui nous sort le grand jeu, ne serait-ce que pour le grand format (15x 21cm) similaire à l’édition japonaise, ce qui permet aux d’apprécier encore mieux la patte graphique riche et personnelle de Tsukushi Akihito, le tout pour un prix qui reste très honnête. Qui plus est, le premier tirage s'offre un joli supplément collector, à savoir une carte dépliable de l'Abysse ! A cela, il faut ajouter 5 premières pages en couleur sur papier glacé, une excellente qualité de papier et d'impression, un bon travail de lettrage, et une traduction soignée de Vincent Zouzoulkovsky.

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

16.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs