Ma vie dans les bois Vol.10 - Actualité manga
Ma vie dans les bois Vol.10 - Manga

Ma vie dans les bois Vol.10 : Critiques

Manga Shinshirakawa Genjin Upa!

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 28 Mai 2021

Quasiment un an jour pour jour après le tome 9, le voici enfin: le 10e et dernier volume de Ma vie dans les bois, une oeuvre qui n'aura pas eu le succès escompté en France, ayant alors même contraint les éditions Akata à faire passer son prix de vente de 7,55€ à 7,95€ à partir du tome 6 en décembre 2018. Une augmentation que l'éditeur avait expliquée en toute transparence à l'époque, et qui n'avait rien de choquant du fait du contenu assez riche et bavard de l'oeuvre, de son côté "de niche" et du statut indépendant de l'éditeur (d'autant plus quand on voit certains éditeurs non-indépendants lancer des séries à des prix plus élevés que ça, pour une moins bonne qualité éditoriale).

On retrouve ici Shin Morimura, notre mangaka racontant depuis désormais quelques années son choix de vie alternative en partielle autarcie, tout d'abord alors qu'il se prend d'une nouvelle lubie: suite à un chavirement lors d'une partie de pêche en barque avec son "maître", le voici qui se lance dans un nouveau défi, à savoir la conception d'un transport maritime apte à être plus fiable. Avec pourquoi pas, en rêve fou, l'envie de peut-être parcourir le Yukon avec ? A partir de là, l'auteur, pendant un bon paquet de chapitres de cet ultime volume, va exposer sa passion toujours plus dévorante pour les canoës, kayaks et dérivés, à travers sa fabrication de plusieurs embarcations, le tout avec moult détails. Non content d'expliquer les différentes étapes de construction avec suffisamment d'évocations techniques mais toujours avec un bon rythme (ce qui évite les lourdeurs), l'auteur prendra également soin de s'attarder, entre autres, sur certains aspects un peu plus historiques de ce type d'embarcations, sur des "versions alternatives" selon différents peuples du monde qui en ont aussi conçues au fil de leur Histoire, sur ce à quoi il faut faire attention en les concevant et en les transportant (le matériel, le poids, la fabrication d'éléments supplémentaires assurant par exemple la stabilité, etc, etc)... le tout aboutissant ensuite, bien sûr, à l'essai de ces constructions, donnant lieu à des parties de pêche, ou encore à la descente du fleuve Kushiro en compagnie de vieilles connaissances et de nouvelles rencontres des alentours. Ce passage sur le fleuve vaut alors autant le coup pour le test des embarcations que pour toutes les sensation que procure cette escapade en pleine nature, entre la survie" dans un respect du cadre, l'observation silencieuse de la vie animale foisonnante... En somme, une façon de profiter paisiblement des choses dans un environnement presque hors du temps et, surtout, bien loin de la société de consommation que le mangaka a fuie il y a déjà 13 ans (au moment de la publication nippone en 2018).

13 ans, oui. Et en 13 années, l'auteur a vécu un paquet de choses suite à son nouveau choix de vie, comme on a pu le découvrir tout au long de ces 10 volumes. Alors, ici, les choix de s'attarder en détails sur la fabrication d'embarcations puis sur la pêche et la descente du fleuve s'avèrent très bons pour un dernier volume, car ils cristallisent chacun très bien ce qu'a apporté à Shin son choix de vie, entre volonté de se débrouiller par ses propres moyens, les nombreuses choses qu'il a construites de ses propres mains au fil des ans, l'importance de la nature environnante autant dans ce qu'elle a pu lui apporter que dans les épreuves qu'elle a pu placer sur sa route... Quant aux tout derniers chapitres, ils font évidemment une sorte de bilan où le mangaka tâche de revenir sur son expérience de façon réaliste, sans l'idéaliser. Entre autres, toutes ces années lui ont bien fait comprendre qu'une vie en totale autonomie est devenue impossible dans une époque comme la nôtre... mais qu'à défaut d'y parvenir, on peut toujours se débarrasser de choses superflues quasiment "imposées" par la société capitaliste et consommatrice moderne. Et si, bien sûr, Morimura expose certaines de ses idées avec conviction, il n'impose rien, et tâche surtout, jusqu'au bout, d'exposer ce que ce choix de vie alternatif leur a apporté à lui et à sa femme, alors qu'avant ça il n'était, selon ses dires, qu'un homme de quasiment 50 ans amorphe et étouffé par son travail en ville.

Difficile de conclure de manière plus honnête une telle série, et Shin Morimura s'en tire très bien, entre des derniers développements cristallisant bien la dynamique de ces 13 années de vie, et un bilan assez nuancé. Malgré certains passages où des développements se répétaient un peu, ma vie dans les bois fut dans l'ensemble une série très intéressante, exposant avec beaucoup d'intérêt le choix de vie alternatif de son auteur.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction