Love stories Vol.2 - Actualité manga
Love stories Vol.2 - Manga

Love stories Vol.2 : Critiques

Koi monogatari

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 08 Octobre 2019

Lycéen homosexuel, cachant cela et ayant une attirance pour Kyôsuke Hongô, Yamato Yoshinaga en est néanmoins arrivé à nouer une belle amitié avec le meilleur ami de Kyôsuke, Yuiji Hasegawa, un camarade de classe qui connaît son secret, qui ne le juge aucunement et qui continue de lui parler normalement. Bine qu'hétéro et en couple avec la jolie Mayu, Yuiji s'est facilement pris d'affection et d'amitié pour ce garçon, tandis que Yamato voit en lui, en plus d'un ami, un possible confident. Yuiji souhaite désormais tout simplement le bonheur pour Yamato, et ce dernier, maladroitement mais doucement et sûrement, continue d'élargir son horizon. Nouvelle étape essentielle: une amitié naissante avec Akito Sakura, un garçon rencontré à des cours particuliers. Akito est lui-même gay, et le cache beaucoup moins que Yamato. Seulement, lui aussi a certains problèmes, surtout familiaux, entre un cousin plus que lourdaud et une mère accueillant plus ou moins bien (le "plus ou moins" veut tout dire) l'homosexualité de son fils unique. Et tandis qu'au contact d'Akito Yamato avance encore délicatement, Yuji, de son côté, doit lui aussi faire le point sur sa relation de couple: il aime Mayu, Mayu l'aime, mais il sent bien que quelque chose ne va pas...

Sorti au Japon trois ans après le premier volume à cause de quelques soucis de santé de Tohru Tagura, le deuxième tome de Love Stories aura mis, en France, deux années pour nous parvenir. Mais la mangaka nous livre ici un volume bien épais avec ses plus de 280 pages. Bien épais mais aussi très riche, puisque l'autrice parvient à y aborder beaucoup de choses en profondeur, et pas uniquement au sujet de Yamato.

En effet, la première moitié du volume est surtout marquée par les cas d'Akito et de Yuiji. Amené à côtoyer encore un peu plus Akito, Yamato découvre mieux sa situation, entre un cousin qui a une vision des gays très balourde, et une mère qui, bien qu'ayant décidé d'accepter la situation, espère que son enfant "guérira" en grandissant. Comme s'il s'agissait d'une maladie... Tout en croquant en Akito un garçon bien différent de Yamato et facilement attachant, Tohru Tagura dresse là une vision assez réaliste et crédible du regard que les proches peuvent avoir sur l'homosexualité, en particulier les parents, à travers une sorte de malaise quasiment silencieux mais bien présent entre la mère d'Akito et son fils. Le cas du cousin, il faut bien l'avouer, est un peu moins subtil, mais également intéressant. De son côté, Yuji est, lui aussi, poussé à s'interroger de plus belle sur son incapacité à montrer qu'il est amoureux, au grand dam de Mayu. On sent pourtant bien que les deux jeunes gens s'apprécient beaucoup, mais là aussi Tagura n'a aucun mal à faire ressentir un malaise quasiment silencieux, alors pourront-ils continuer ainsi ?

L'essentiel de l'attention est toutefois porté sur la suite du tome, jusqu'à sa fin, cette suite étant marquée par une autre triste réalité pouvant malheureusement arriver: l'outing. Doi, un camarade de classe imbuvable de Yamato, découvre au détour d'un promenade une bien étrange situation entre Yamato et Akito, prend une photo, et décide ensuite d'aller l'interroger publiquement en classe. Interdit, Yamato ne sait évidemment pas comment réagir face à ça, lui qui commençait tout juste à mieux respirer, à se sentir mieux... L'épreuve qui lui est imposée est évidemment dure, le jeune garçon choisissant de subir silencieusement l'engrenage qui se met en place: rumeurs, messes-basses sur son passage comme s'il était une bête de foire, peu de certains garçons de se faire "mater" par l'"homo", insistance de Doi qui se plaît à remettre régulièrement ça sur le tapis... Même si elle étire peut-être un peu les choses, Tagura excelle dans le portrait qu'elle fait de cette situation où nombre de camarades de classe, même involontairement parfois, se montrent blessants voire insultants envers un garçon qui n'a rien demandé et qui n'aspire qu'à vivre normalement. Mais pour cela, il lui faudra sans doute parvenir à une chose: s'accepter et s'aimer lui-même. Et pour ça, il pourra compter sur le soutien de plusieurs personnes, comme Natsumi qui veut le couvrir en faisant croire qu'elle sort avec lui, son ami de toujours Seki qui découvre la rumeur et a une réaction intéressante vis-à-vis de Doi, plusieurs proches, et bien sûr Yuiji... sans oublier Azuki, le plus adorable des toutous ! Ce qui est excellent dans la façon dont Tagura aborde la chose, c'est bien son ton assez sobre et continuellement réaliste. Cela nuit parfois au rythme de l'oeuvre, certes, mais il en résulte surtout une narration souvent très précise et travaillée, d'autant plus qu'elle alterne à nouveau les points de vue entre les personnages. Et au bout du compte, toute cette épreuve pourrait être on ne peut plus bénéfique pour Yamato, en le poussant à prendre conscience qu'il est bien entouré, que des gens sont là pour lui y compris dans sa propre famille (sa frangine est hyper cool, y a pas)... Porté par ces proches bénéfiques, il pourrait bien, enfin, commencer à mieux se considérer lui-même, car c'est pas-là que tout commence s'il veut avancer.

Le dessin de Tagura reste, tout comme dans le tome 1, d'une précision impeccable, et il accompagne comme il le faut la narration sobre et réaliste. Et ce réalisme passe aussi par toutes les interactions et relations qui existent ou qui sont nées entre les personnages, et pas uniquement les deux héros: de Natsumi à Akito en passant par Kyôsuke, Seki, Akiyama, Mayu, la soeur de Yamato, la mère de Yuiji, ou me^me le dénommé Hibino qui est voué à prendre plus d'importance... Il y a là une assez importante palette de visages qui s'est installée, et tous sont bien différents et on leur rôle à jouer.

Toujours aussi riche, profond et réaliste, Love Stories confirme donc ici être une excellente lecture, pour un boy's love entièrement soft et crédible dans son portrait de personnages ainsi que dans la vision qu'il offre de l'homosexualité en société. Dans sa postface, Tohru Tagura affirme que le troisième volume sera le dernier et qu'il devrait s'axer un peu plus sur les histoires d'amour... Si elles sont aussi bien traitées que le reste, on attend de pieds fermes la conclusion.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs