Lords of Chaos Vol.1 : Critiques

Un an et quelques mois après la fin précipitée d'Omega Complex, revoilà le duo français Shonen/Izu aux commandes d'une nouvelle série dénommée Lords of chaos. Cependant, c'est cette fois-ci chez Pika qu'il nous sera donné l'opportunité de découvrir le dernier-né du talentueux binôme et de se plonger dans une histoire qui ne tardera pas à se montrer des plus attrayantes à suivre !

Paris, 2013. L'ordre des Sephiroth, protecteur de l'ouvrage écrit par John Dee au 18ème siècle permettant de communiquer avec les mondes supérieurs, est en guerre contre l'ordre de Qlipoth. Ce dernier, formé d'anciens membres de l'ordre des Sephiroth ayant rejeté leurs principes, a pour objectif d'utiliser les écrits de Dee pour améliorer le sort de l'humanité, plutôt que de les garder scellés. Au milieu de ce conflit, on retrouve Esteban et Alice, deux apprentis recalés à leur examen et envoyés en mission dans la capitale de l'Hexagone pour surveiller un certain Mikaël Stern, un jeune homme dont les talents de médium seraient particulièrement développés et sur lequel l'ordre de Qlipoth aurait des vues...

Résumé de manière concise l'intrigue de Lords of chaos s'avère compliqué car, une fois encore, Izu développe un univers d'une grande richesse dont tous les tenants et aboutissements ne nous sont pas encore dévoilés et où de nombreux personnages aux intérêts divergents cohabitent pour le meilleur et pour le pire. Fort heureusement, un lexique sera disséminé à travers tout le volume et permettra au lecteur d'en apprendre davantage sur les nombreuses notions évoquées. Si dans un premier temps on est face à quelque chose d'assez brumeux, passé quelques chapitres l'ensemble s'éclaircira, le scénario gagnera en accessibilité et la lecture n'en sera que plus agréable. Il sera intéressant de préciser que si, dans un premier temps, il y aura de quoi craindre le pire en voyant une énième histoire ancrée dans un contexte religieux opposant deux clans distincts, l'originalité apportée par les nombreuses références à la Kabbale vient donner une fraîcheur tout à fait bienvenue au récit. Qui plus est, le fait de mêler cet univers à des semblants de tranches de vie lycéennes apporte encore un cachet supplémentaire à l'oeuvre. Ceci étant, ce dernier point sert le récit aussi bien qu'il le dessert. Le problème venant de l'aspect un peu trop surfait de ces scénettes estudiantines qui, au final, apportent une certaine lourdeur et de personnages trop clichés frôlant parfois avec le ridicule dans leurs attitudes systématiquement à la limite de l'exagération.

Heureusement, ce ne sera pas le cas de tous et si certains devront encore faire de sérieux efforts pour nous convaincre à l'avenir, on pense par exemple à Mikaël ou à Aoki, d'autres parviennent à nuancer un peu plus leur caractère à mesure que les chapitres s’enchaînent et viennent dès lors nous rassurer quelque peu. C'est notamment le cas d'Alice qui d'intrigante passera par le stade de sérieusement gonflante pour finir par se montrer intéressante. Pourvu que ça dure ! Quoi qu'il en soit, ce sera là les seuls véritables écueils de ce premier opus qui, pour le reste, parviendra à se montrer à la hauteur de nos attentes. On pourra peut-être reprocher aux scènes d'action de manquer de ce petit quelque chose faisant toute la différence mais ce serait du chipotage tant le trait de Shonen est un régal de tous les instants. Clairement, le bonhomme n'a rien perdu de son talent et il prouve encore une fois qu'il n'a strictement rien à envier aux dessinateurs asiatiques, même en officiant dans un style qui est pourtant le leur. Que ce soit au niveau de la mise en scène, des décors, ou encore du design des différents intervenants, c'est un sans-faute ! Et il est clair que le dessinateur se fait plaisir en nous présentant des créatures en tous genres plus majestueuses les unes que les autres. Attention toutefois à ne pas trop se disperser et tomber dans la démesure et dès lors mettre à mal les inspirations bien réelles et tangibles de l'oeuvre qui sont justement l'un de ses autres attraits majeurs.

Si tous les pions sont désormais en place, il reste maintenant aux auteurs à confirmer cette bonne mise en bouche et à gommer les quelques défauts présents ça et là afin d'hisser leur dernier bébé en date au niveau d'un Omega Complex, pour ne citer que lui. Il sera également important de voir s'ils parviendront à exploiter comme il le faut l'ensemble du background dépeint sans trop se disperser en cours de route pour à la fois garder le lecteur en haleine et maintenir une cohérence globale au sein de l'intrigue. Enfin, notons que l'édition de Pika se révèle être de bonne facture et fait honneur à ce tome introductif, certes, mais déjà riche en évènements !