Liens du sang (les) Vol.17 - Manga

Liens du sang (les) Vol.17 : Critiques

Chi no Wadachi

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 04 Mars 2025

Le temps a continué de passer depuis que Seiko a fait ses révélations à Seiichi lors d'une nuit de tempête. Depuis, notre héros avait retrouvé une certaine sérénité pour poursuivre son existence loin de cette mère qui a tant conditionné sa vie. Mais il a été rattrapé par les affres de la vieillesse: sénile et rendue dépendante par un accident domestique, Seiko ne peut plus vivre seule, si bien que son fils a été contacté pour savoir s'il peut s'occuper d'elle. Mais si Seiichi a accepté d'accueillir chez lui Seiko suite à un manque d'argent, une question persiste toujours: est-ce par amour filial, ou pour pouvoir être le témoin privilégié de son affaiblissement ?

Après avoir entretenu le mystère au fil du 16e volume, Shuzo Oshimi va évidemment répondre à cette question dans ce 17e et dernier tome, mais comme toujours il va faire les choses à sa manière, ne serait-ce que sur le plan visuel: à quasiment chaque chapitre, l'artiste continue de varier beaucoup son style graphique jusqu'à parfois carrément expérimenter, dans une narration visuelle qui non seulement est toujours fascinante, mais en plus n'est jamais gratuite puisque ces variations amènent des changements d'ambiance qui nous happent et qui collent toujours parfaitement au ressenti du personnage.

Ainsi les passages épurés ont-ils quelque chose de presque serein/apaisé, notamment lors d'une sorte de "discussion rêvée" mère/fils en face-à-face, où la réalité apparente n'est en vérité rien d'autre qu'un rêve dans lequel Seichi met en scène ses désirs vis-à-vis de sa relation avec cette mère toxique. Quant aux passages plus hachurés jusqu'à se déformer ou à aspirer les silhouettes humaines, ils sont les témoins de la situation de cette mère en fin de vie, scrutée de près par un fils qui semble observer soigneusement sa déliquescence, jusqu'à s'y perdre avant d'en être libéré. Soulignons aussi, entre autres, le début du chapitre 147, et sa construction comme un journal où Seiichi narrerait son observation quotidienne de la déliquescence de Seiko de façon neutre, avec tout juste quelques cases de dessin pour illustrer ça.

Jusque dans des dernières dizaines de pages où le temps fait son oeuvre, où les souvenirs sont peu à peu emportés et où tout disparaît petit à petit dans l'oubli, Shuzo Oshimi enchaîne les moments de maestria visuelle, avec une économie de mots faisant que la lecture défile à toute vitesse si l'on ne se laisse pas imprégner de l'expérience graphique qu'il propose à chaque instant. A l'arrivée, en comptant en plus sa postface assez intéressante dans ce qu'elle véhicule de personnel, le mangaka offre un final aussi éprouvant qu'abouti à ce qui restera comme l'une des série les plus puissantes de sa carrière, si ce n'est la plus puissante.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs