Liens du sang (les) Vol.11 - Manga

Liens du sang (les) Vol.11 : Critiques

Chi no Wadachi

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 31 Mai 2023

Choqué après avoir compris que sa mère Seiko a toujours eu le désir de se débarrasser de lui, de son emprise, Seiichi avait commencé à trouver une échappatoire, une forme de réconfort, en la personne de Yuiko, qui le soutenait et lui permettait de penser à autre chose pour se libérer de l'image maternelle. Mais en cette nuit où il paraît faire un cauchemar, tout semble devoir basculer dès lors que, devant chez lui, Shigeru arrive, avec le désir de retourner sur le belvédère où Seiko l'a poussé...

"Celui qui est dérangé, c'est toi Seiichi !"

Alors que le 10e volume des Liens du sang nous laissait sur tout un passage aussi intense qu'inquiétant où les deux adolescents rejouaient tragiquement, peut-être en rêve ou non, le drame, ce 11e tome de 250 pages commence, pendant toute sa première moitié, par nous en montrer les conséquences psychologiques en notre personnage principal, que l'on retrouve seul face à l'image de sa mère, une mère qui continue ainsi de le hanter avec d'autant plus de force qu'il sait désormais que lui-même, quand il était plus jeune, avait été jeté dans le vide par Seiko. Ces 120-125 premières pages nous proposent alors de nous plonger en totale immersion dans toutes les facettes incertaines, contradictoire et possiblement dérangées de la psyché de Seiichi, à travers différents procédés qui sont autant d'occasions de sonder sous des angles différents ce qu peut bien se tramer au fin fond de l'esprit du jeune garçon, jusqu'à forcément encore bouleverser et nuancer notre vision de ce retors lien mère/fils. Et si c'était Seiichi qui, depuis toujours, faisait souffrir Seiko, la mettait dos au mur et l'empêchait d'être libre ?

Percutant, déroutant, déstabilisant, le résultat est une véritable réussite, tant on ressent la profondeur psychologique des personnages jusqu'au vertige, avec toujours cette petite part de flottement qui nous laisse dans le doute quant à l'exactitude ou non de ce qui nous est montré. Et c'est d'autant plus puissant qu'Oshimi s'y montre au sommet de son art, à la fois narrativement et graphiquement, pour nous faire vivre au plus profond ceci. L'auteur enchaîne les idées de narration, comme quand Seiichi voit le fameux jour à travers les yeux de sa mère, ou quand il converse avec son alter ego enfant qui lui demande de le tuer avec innocence. Et une nouvelle fois, il brille en permanence par ses métaphores visuelles et ses trouvailles expressionnistes.

On ressort de cette première moitié de volume en haleine, déroutés par toute cette séquence semblant complètement perdue entre le cauchemar et la réalité... Alors justement, s'agissait-il vraiment d'un simple rêve ? On va soigneusement éviter d'en dire beaucoup plus afin de ne pas spoiler, mais le résultat est là, et la réalité pourrait être précisément cauchemardesque. On suit la deuxième moitié de l'opus, bien plus réaliste, dans une tonalité dramatique certaine... et où, pourtant, ce qui frappe le plus est le détachement permanent de Seiichi, comme si lui-même était enfin libéré, se fichait désormais quasiment de tout, et perdait totalement contact avec la réalité. Dans cette optique terrible, le travail visuel d'Oshimi est à nouveau saisissant, à travers le visages quasiment perpétuellement serein et déconnecté de son personnage principal, qui agissent avec une puissance folle. Et cela nous déroute d'autant plus que l'on peut toujours se demander quelle part d'Oshimi il y a en Seiichi puisque, comme son personnage, le mangaka est né le 19 mars 1981.

Même si l'on a déjà pour habitude de voir Les Liens du sang exceller, Shuzo Oshimi se surpasse encore avec ce volume à la fois crucial et tragique, brillant dans son rendu narratif et visuel, et sans cesse déstabilisant dans sa profondeur psychologique et dans la façon qu'a l'auteur de nous plonger en profondeur dans la psyché de son personnage principal.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs