Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 06 Août 2021
Le terre à terre et très observateur Vladimir a choisi de se laisser entraîner dans la "vérité" de Hugh, cette vérité qu'il ne comprend toujours pas en le voyant partir à la recherche d'un rêve, littéralement, à savoir cette maison et cette jeune Liddell qu'il voit si souvent en songes. Avec pour seuls indices la photo de la jeune fille dénichée à Boston et les discussions avec elle dans ses rêves, Hugh, accompagné de son ami, part donc en voyage vers le sud, suivant son instinct pour dénicher la maison victorienne. Aucun deux ne sait encore jusqu'à quelle frontières dépassant l'entendement leur périple va les mener...
Suite et fin de Liddell au clair de lune, donc, avec ce troisième et ultime volume dans lequel Vladimir et Hugh entreprennent un voyage qui pourrait sembler dépasser toute logique, mais dont Hugh, a priori principal concerné, ressent bel et bien toute l'importance. Ce voyage, il pourrait bien remuer les pensées de Vladimir voire lui faire changer petit à petit sa vision des choses, lui qui a pourtant déjà tant voyagé en solitaire. Après tout, c'est ici la première fois de sa vie qu'il reste collé à la même personne à longueur de temps, lui qui, depuis des années, avait toujours cherché la solitude...
Mais ce n'est pas parce que le duo part en voyage que les habitudes de Yoshimi Uchida vont s'effacer: Hazuki (à la recherche de sa prémonition), John Peter, Richard et d'autres sont toujours là pour apporter dans le récit nombre de discussions qui peuvent apparaître comme autant d'apartés, mais qui continuent de permettre à l'autrice de réfléchir sur un paquet de choses. Les informations traitées par le cerveau, le temps que met la lumière des étoiles pour nous parvenir alors que les étoiles en question sont peut-être déjà éteintes, l'évolution et les limites de l'humain et de ses créations technologiques, l'écologie, notre futur sur la planète, l'idée d'être "anormal" par rapport aux autres ou de penser et vivre différemment, les capacités de la pensée humaine qui pourrait aller jusqu'à matérialiser des choses... Et alors que tout ceci pourrait sembler déconnecté du scénario principal, bien souvent on finit par voir qu'il en est tout autre, en particulier quand Uchida interroge ses personnages sur certaines notions, en tête desquelles le rêve et l'espace-temps.
Car l'espace et le temps auront toute leur importance dans la deuxième moitié du tome, qui marque la dernière ligne droite du récit. C'est aux confins de ces deux éléments que le voyage amène Hugh et Vladimir, avec même un rôle nouveau pour ce dernier, pour celui qui avait le sentiment de n'être vraiment à sa place nulle part. Au sein du manoir, le russe pourrait bien trouver "sa vérité" et "sa place", lui qui se sent étranger partout... mais pour quel résultat ? Dans la droite lignée du reste de la série, la conclusion se veut partiellement nébuleuse, nous laissant à nos propres réflexions. Mais dans tous les cas, et quelle que soit la manière dont on l'appréhende, la dernière ligne droite de Liddell au clair de lune marque autant que le reste, en nous emmenant jusqu'au bout dans une histoire, des tergiversations, des pensées assez uniques.
Et pour accompagner le tout, la patte visuelle de la mangaka reste un ravissement, que ce soit pour son travail des personnages et des décors, pour certains découpages hypnotiques (en particulier lors d'instants quasiment muets) ou pour quelques brèves variations de style à l'occasion de certains instants iconiques (à l'image de cette double-page de la rencontre entre Vladimir et Liddell, qui ressemble à une peinture).
Déroutant jusqu'au bout. Fascinant jusqu'au bout. Liddell au clair de lune est un manga qui ne plaira clairement pas à tout le monde tant il peut se montrer difficile d'accès, mais il s'agit assurément d'une réussite dans son atmosphère, dans ses thématiques et dans son travail artistique.
Suite et fin de Liddell au clair de lune, donc, avec ce troisième et ultime volume dans lequel Vladimir et Hugh entreprennent un voyage qui pourrait sembler dépasser toute logique, mais dont Hugh, a priori principal concerné, ressent bel et bien toute l'importance. Ce voyage, il pourrait bien remuer les pensées de Vladimir voire lui faire changer petit à petit sa vision des choses, lui qui a pourtant déjà tant voyagé en solitaire. Après tout, c'est ici la première fois de sa vie qu'il reste collé à la même personne à longueur de temps, lui qui, depuis des années, avait toujours cherché la solitude...
Mais ce n'est pas parce que le duo part en voyage que les habitudes de Yoshimi Uchida vont s'effacer: Hazuki (à la recherche de sa prémonition), John Peter, Richard et d'autres sont toujours là pour apporter dans le récit nombre de discussions qui peuvent apparaître comme autant d'apartés, mais qui continuent de permettre à l'autrice de réfléchir sur un paquet de choses. Les informations traitées par le cerveau, le temps que met la lumière des étoiles pour nous parvenir alors que les étoiles en question sont peut-être déjà éteintes, l'évolution et les limites de l'humain et de ses créations technologiques, l'écologie, notre futur sur la planète, l'idée d'être "anormal" par rapport aux autres ou de penser et vivre différemment, les capacités de la pensée humaine qui pourrait aller jusqu'à matérialiser des choses... Et alors que tout ceci pourrait sembler déconnecté du scénario principal, bien souvent on finit par voir qu'il en est tout autre, en particulier quand Uchida interroge ses personnages sur certaines notions, en tête desquelles le rêve et l'espace-temps.
Car l'espace et le temps auront toute leur importance dans la deuxième moitié du tome, qui marque la dernière ligne droite du récit. C'est aux confins de ces deux éléments que le voyage amène Hugh et Vladimir, avec même un rôle nouveau pour ce dernier, pour celui qui avait le sentiment de n'être vraiment à sa place nulle part. Au sein du manoir, le russe pourrait bien trouver "sa vérité" et "sa place", lui qui se sent étranger partout... mais pour quel résultat ? Dans la droite lignée du reste de la série, la conclusion se veut partiellement nébuleuse, nous laissant à nos propres réflexions. Mais dans tous les cas, et quelle que soit la manière dont on l'appréhende, la dernière ligne droite de Liddell au clair de lune marque autant que le reste, en nous emmenant jusqu'au bout dans une histoire, des tergiversations, des pensées assez uniques.
Et pour accompagner le tout, la patte visuelle de la mangaka reste un ravissement, que ce soit pour son travail des personnages et des décors, pour certains découpages hypnotiques (en particulier lors d'instants quasiment muets) ou pour quelques brèves variations de style à l'occasion de certains instants iconiques (à l'image de cette double-page de la rencontre entre Vladimir et Liddell, qui ressemble à une peinture).
Déroutant jusqu'au bout. Fascinant jusqu'au bout. Liddell au clair de lune est un manga qui ne plaira clairement pas à tout le monde tant il peut se montrer difficile d'accès, mais il s'agit assurément d'une réussite dans son atmosphère, dans ses thématiques et dans son travail artistique.