Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 22 Mai 2012
Il y a deux sortes d’œuvres chez Hinako Takanaga. Les premières, comme The tyrant who fall in love, sont beaucoup centrées sur la relation physique et sur la découverte des sens. Les autres, comme Liberty Liberty, pas du tout. Que les âmes sensibles en profitent donc, puisqu’ici on peut découvrir le talent de la mangaka tout en gardant une ambiance très soft et extrêmement douce, ce qui favorise la découverte des personnages sans s’attarder sur ce qu’il se passe entre eux dans un lit. C’est un plaisir différent qui pourra en satisfaire plus d’un, notamment ceux dont les habitudes ne sont pas encore bien fixées en ce qui concerne le sexe entre hommes. Ce petit one shot nous raconte l’histoire d’amour très platonique entre Itaru et Koki. Le premier se réveille un matin dans des poubelles, après une nuit définitivement trop remplie par l’alcool. Il se retrouve sans trop savoir comment dans l’appartement d’un cameraman plus ou moins amateur, car travaillant pour une petite chaine de télé locale. Itaru, qui n’a ni emploi ni appartement où rentrer, supplie son bienfaiteur de le laisser héberger chez lui puis travailler à ses côtés. Sa naïveté et son air de chien battu l’amèneront plus ou moins facilement à se faire accepter, par Koki et ses collègues. Un problème survient pourtant quand Itaru se rend compte qu’il est irrémédiablement jaloux d’un de ces derniers dont Koki semble encore amoureux ... Serait-ce seulement un besoin d’attention non assouvi ou un réel sentiment pour celui qui semble l’ignorer sans le moindre mal ?
C’est vraiment les prémices de l’histoire d’amour que l’on découvre ici. L’auteur fait la part belle à son scénario et mise davantage tout sur l’histoire que sur les scènes de sexe ou autre. Koki est un personnage particulièrement intéressant, qu’on ne connaissais pas encore vraiment dans l’œuvre de Takanaga sortie en France. C’est en effet un seme, mais un seme plus que passif étant donné qu’il doute beaucoup de ses sentiments et qu’il ne prend aucune initiative, ou presque. Il insuffle des sentiments à Itaru sans s’en rendre compte, et se trouve être très bon pour hésiter, faire douter ... et douter lui-même. Il est sérieux et entier, ce qu’on apprécie beaucoup puisqu’il prend alors son temps dans cette relation. Itaru est alors, au contraire, un uke plus entreprenant. C’est lui qui se déclare en premier et qui essaye de pousser Koki à lui répondre. Il parait timide et introverti mais se montre en réalité fort en caractère, persévérant et courageux. Au-delà de ça, le scénario est intéressant, bien construit et édifié avec ce qu’il est nécessaire pour ce genre d’histoire. De la jalousie, de la séduction, des questionnements sur un amour qui parait tabou ... Tout pour nous plaire et nous faire découvrir les débuts d’une relation un peu bancale. Pas de scènes coquines, que du soft et presque de la frustration pour les plus aguerri(e)s. Mais c’est aussi bien comme ça, dans le mignon et la tendresse ... Ce qui ne fait pas de mal de temps à autres ! Pas de trop, pas de trop peu c’est réellement du platonique et du doute que l’on découvre avec plaisir et, comme d’habitude avec la mangaka, avec finesse.
Liberty Liberty fait partie des premières œuvres de l’auteur, et cela se ressent assez bien au niveau des graphismes de la série. Ils sont ainsi un peu plus vieillots et moins rigoureux dans les détails. Pourtant, on ne manque pas de qualité et les traits sont parfaitement adaptés aux personnalités présentes dans la série. Itaru et sa naïveté sont particulièrement bien représentés, tout comme Koki et sa nonchalance, son indifférence et son sérieux qui cachent de l’incertitude et une dose d’anxiété. On apprécie enfin les détails, bien mis en valeur dans les diverses scènes du manga. Les personnages se distinguent facilement, leurs expressions sont tout aussi variées et la gestuelle ainsi que les fonds sont bien remplis et adaptés à la narration. Taïfu fait également un bon travail, malgré une qualité un peu en deçà de ce qu’on a connu il y a quelques temps … Les pages sont parfois un peu trop transparentes et beaucoup d’onomatopées ne sont pas adaptées et gênent la lecture. Ceci dit, rien qui ne change des autres éditeurs. Et puis la traduction assez fluide rattrape un peu l’ensemble.