Level E Vol.1 : Critiques

Level E

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 03 Juin 2013

Nous ne sommes pas seuls ! Des centaines d’espèces d’extra-terrestres ont atterrit sur Terre et se sont glissées dans la masse humaine. Certaines de ces créatures sont entièrement pacifistes et d’autres plus belliqueuses. Criminels en fuite, infiltrés pour des raisons politiques, touristes inter-galactiques… Leurs raisons de voyages sont diverses et variées ! Toutes les créatures sont au courant de cette invasion… sauf les terriens !
Yukitaka Tsutsui est un adolescent abandonnant ses contrées rurales pour intégrer la grande ville et devenir lycéen. Emménageant dans son nouvel appartement, un bien curieux individus a déjà investi les lieux et déballé toutes les affaires de notre héros. Celui-ci est un réalité un extra-terrestre amnésique arrivé sur Terre depuis peu. Désinvolte et je-m’en-foutiste, il s’apprête à faire du quotidien de Yukitaka un véritable enfer.

En France, nous connaissons Yoshihiro Togashi principalement pour Yuyu Hakusho et Hunter X Hunter, deux titres restant dans les mémoires pour leurs nombreuses qualités. Kazé nous propose ainsi une courte œuvre en trois volumes, sortis au Japon entre 1996 et 1997, soit entre les publications des deux shônen sus cités. Les fans du mangaka attendaient cette œuvre avec impatience. Seulement, une mise en garde s’impose : Dans son ambiance comme dans ses thèmes et sa patte graphique, Level E est loin, très loin des œuvres shônen qu’on connaît de Togashi.

Pour décrire ce premier tome de Level E, nous pouvons parler de SF burlesque. Dès les premiers chapitres, l’auteur présente tout un univers fantastique, un monde comme le nôtre qui serait investi par des formes de vies inconnues, sans que les terriens soient au courant. Les espèces sont variées, leurs motifs de séjours divergents d’une race de créatures à une autre, mais l’intrigue semble se focaliser sur deux espèces distinctes et rivales : les Dograns et les Diskuniens. Un grand mystère entoure le « Prince », jamais nommé dans le titre, qui semble avoir perdu la mémoire. Inconscient et cynique, son intrusion dans la vie de Yukitaka Tsutsui sera le déclencheur d’une zizanie qui pourrait s’avérer lourde de conséquences. Seulement, ne vous attendez pas un récit d’action, ni même une épopée fantastique relatant la quête de vérité. La plus grande partie de ce volume se concentre sur les bourdes de ce fameux prince et les conséquences qui en résultent. La narration joue ainsi énormément sur le développement de l’univers, les crétineries du Prince, l’intervention de personnages secondaires ainsi que les dialogues entre protagoniste. Mais la moindre parcelle de cette narration est constamment accentuée d’un humour remarquable, aussi inattendu que désopilant ! Le procédé décale de Togashi s'appuie sur tous les éléments de son titre : le regard d'un personnage, une joute verbale entre deux protagoniste, la réplique d'un figurant... Aucun élément des pages de ce volet n'est épargné ! Level E se présente ainsi comme un OVNI de la comédie et dans un style loin des récits d’action que l’on connaît de l’auteur, Togashi excelle. L’abondance des dialogues aurait pu être indigeste mais la présence de tant d’humour fait de la lecture un véritable délice. Que ce soit dans les frasques du Prince, le caractère de ce dernier ou les rixes entre Yukitaka et le capitaine Kraft, impossible de rester de marbre dans cette lecture.
Toutefois, Togashi ne joue pas exclusivement sur l’humour et intègre à ce premier acte un scénario très bien mené, puisant ses origines dans l’identité du Prince ainsi que l’existence des fameux Diskuniens, ces êtres belliqueux qui pourtant refusent de s’en prendre aux terriens. La chute de cette histoire (puisque le titre semble se découper en différent arcs) est totalement imprévisible et hilarante au possible ! Le ton est définitivement donné, Level E n’est pas à prendre au sérieux. L’univers est des plus intéressants et Togashi ne l’a pas créé à la légère, l’humour est détonnant est omniprésent, difficile pour le lecteur d’en ressortir déçu, sauf s’il s’attendait à un titre d’action à la Hunter X Hunter. On notera aussi que chaque personnage est centre des différentes idioties, contribuant grandement à la réussite de ce premier opus.
On notera que le dernier quart de ce tome narre une toute autre histoire, une sorte de thriller fantastique détaché des débuts du tome. On suit avec curiosité cette enquête fantastique, en faisant confiance au talent de l’auteur pour nous surprendre et finalement, si l’issue de cette histoire ainsi que sa raison d’être sont plaisante, il est dommage que ce petit arc vienne rompre le rythme et la tonalité instauré par l’histoire du « Prince ». On félicite en revanche Togashi par la conclusion de ce récit, un formidable pied de nez à l’âme du Shonen Jump, un décalage entre Level E et le magazine dont l’auteur a pleinement conscience !

Du côté du dessin, Togashi entre dans un tout autre registre que celui connu dans Hunter X Hunter pour ne citer que lui. Le coup de crayon s’avère plus mature et aboutit que celui qu’on lui connaît actuellement et pourrait faire passer Level E pour un seinen et non un shônen. Jouant tantôt avec les effets d’ombrage pour donner cette impression plus adulte, préférant à d’autres moment s’adonner à ce côté crayonné qu’on lui connait afin de le perfectionner… Nous découvrons une autre facette du talent de l’auteur qui correspond très bien à son œuvre. Une chose est sûre, celui qui déclare que Yoshihiro Togashi ne sait pas dessiner serait dans l’erreur la plus totale !

Concernant l’édition de Kazé, celle-ci est de bonne facture. Le titre a intégré la collection Shonen Up du catalogue de l’éditeur et adopte ainsi un format classique. La traduction est fluide, permettant au lecteur de digérer la grande quantité de dialogues et explications correctement. Du très bon boulot pour cet éditeur qui ne permet de découvrir une pièce décalée dans l’œuvre de ce mangaka.
En définitive, ce premier tome de Level E est une réussite ! Petit OVNI du manga humoristique, s’encrant dans un univers de science-fiction décalé, ce premier tome fait rire et utilise un humour peu commun, loin de ce que l’on trouve habituellement dans les shônen visant le jeune public. Le titre ne plaira peut-être pas à tous mais une chose est sûre : Pour ceux qui adhèrent, c’est un vrai régal ! Dommage cependant que la seconde histoire viennent rompre la tonalité particulière du début de tome…


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs