Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 16 Décembre 2024
Au mois d'avril dernier, les éditions Hana nous ont proposé de découvrir pour la première fois en France la mangaka Dentô Hayane avec La légende du bakeneko, un épais one-shot qui a pour titre original "Bakeneko Katatte Sourou". Les sept chapitres composant cette histoire furent initialement prépubliés au Japon en 2019-2020 dans le magazine Canna des éditions Printemps Shuppan, avant de paraître en mars 2020 en un unique volume agrémenté d'un petit chapitre épilogue exclusif, pour un total d'environ 240 pages.
Dans cette histoire, on suit Sôta, un salaryman au bout du rouleau: épuisé par des jours de travail à la suite sans repos, par les nombreuses remontrances de ses supérieurs qui s'acharnent sur lui, et tout simplement par la lassitude face à sa vie qui se résume à ça, il commence à ressentir l'envie d'en finir, se dit au bord des rails du train qu'il suffirait de faire un tout petit pas en avant pour que tout s'arrête... mais choisit finalement de laisser ses pas le guider dans un petit théâtre de kôdan, un choix qui va changer son existence à tout jamais. Sur place, il assiste à la représentation d'un certain Kihachi, qui le subjugue et le détend par sa performance... mais ce à quoi Sôta ne s'attendait pas, c'est à voir soudainement Kihachi se transformer brièvement en espèce de chat ! Seul lui parmi les spectateurs semble avoir vu ça, et ça n'échappe par à Kihachi qui, après le spectacle, l'interpelle: il lui avoue qu'il est un bakeneko, et que s'il a su percevoir sa vraie forme c'est pour deux raisons: non seulement la mort rôde autour du salaryman trop épuisé, mais en plus il est compatible avec Kihachi. Et étant donné que les bakeneko ont normalement interdiction de montrer leur vraie apparence aux humains avec qui ils n'ont pas un lien spécial, Kihachi propose une chose très particulière à Sôta: l'épouser et vivre avec lui, ni plus ni moins...
Débute alors ici une histoire d'amour qui suit un déroulement très classique du genre, mais loin d'être désagréable pour autant, car la mangaka gère correctement les deux aspects principaux de son récit.
Tout d'abord, le jeu entre les statut différents des deux héros, l'un étant humain et l'autre bakeneko: dans une ambiance où le côté folklorique est très sympathique, Sôta sera amené à devoir être accepté en tant que mari de Kihachi, donnant lieu à l'apparition de quelques personnages secondaires surnaturels suffisamment hauts en couleurs. Mais il lui faudra également prendre conscience de ce qu'implique leur différence de race: Sôté a beau vite se sentir très bien avec Kohachi et tomber amoureux de lui, certains problèmes, comme leur espérance de vie bien différente, pourrait poser souci...
Ensuite, l'évolution sentimentale elle-même, qui est tout en douceur. Cette histoire de mariage a beau arriver vite, il s'agit d'un intérêt commun pour les deux personnages principaux au départ, dans lequel Kihachi ne compte aucunement abuser de Sôta. Bien au contraire, c'est un lien bienveillant et réconfortant qui s'installe, et c'est tout ce qu'il fallait au salaryman au bout du rouleau pour retrouver des couleurs et avoir à nouveau goût en la vie.
Alors, la relation entre l'humain et le bakeneko pourra-t-elle dure, et comment évoluera-t-elle ? On vous laisse évidemment le découvrir, mais on peut au moins souligner une autre chose: la qualité des visuels de l'autrice, qui offre des designs assez fins et expressif ainsi que pas mal de petits éléments entretenant l'atmosphère folklorique (notamment des décors très classiques mais soignés et des oreilles et autres queues de chats bien dans le ton).
A l'arrivée, la légende du bakeneko est une lecture très agréable, qui ne révolutionne rien ni ne surprend, mais qui est suffisamment appliquée de la part de la mangaka. Si vous aimez ce type de boy's love à tendance surnaturelle et folklorique, basés sur une relation entre humain et non-humain, il n'y a aucune raison de bouder cette oeuvre.
Côté édition, on est sur du Hana typique avec une jaquette sobre soigneusement adaptée de l'originale japonaise, un papier et une impression corrects malgré quelques légers moirages, la présence d'une première page en couleurs sur papier glacé, un lettrage assez propre, et une traduction claire de la part d'Amandine Martel.