Laughing Under the Clouds Vol.1 - Manga

Laughing Under the Clouds Vol.1 : Critiques

Donten ni Warau

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 07 Février 2024

Des années après la sortie discrète de :REverSAL aux éditions Doki Doki, les éditions Panini ont remis en avant la mangaka Kemuri Karakara avec son titre Mars Red, adaptation de l'œuvre théâtrale de Bun'ô Fujisawa. Mais il semblerait que la courte série n'était qu'une mise en bouche en vie de proposer le récit le plus populaire de l'artiste : Laughing Under the Clouds.

Plus connue sous le titre Donten ni Warau au Japon, la série est aujourd'hui une véritable saga qui a son noyau dur de fans. Elle vit le jour avec la série initiale de 2011, bouclée en 6 tomes, qui fut suivi dès 2013 du préquel Rengoku ni Warau en 14 volumes et d'un gaiden en 3 opus, sans oublier le one-shot en deux chapitres Utakata ni Warau, autre préquel dont on reparlera un peu plus bas. Et outre les différentes séries, une série animée en 12 épisodes vit le jour en 2014 ainsi que trois films entre 2017 et 2018, ainsi que deux films live. Pour toute personne qui tombe sous le charme du manga, il y a donc largement de quoi se rassasier, même si les versions animées et live ne sont malheureusement pas disponibles dans nos contrées.

Jusqu'à ce début d'année 2024, le manga était lui aussi de l'ordre de l'inédit en français. Faisant suite à la parution de Mars Red quelque temps auparavant, la maison Panini rend honneur à Karakara Kemuri en nous proposant la série d'origine de sa saga phare, un shôjo manga mêlant action, historique et fantastique, ce qui laisse l'espoir de pouvoir ensuite découvrir le gaiden et le long préquel qu'est Rengoku ni Warau. À noter que l'éditeur semble croire au potentiel de la saga, puisque les deux premiers opus sont publiés au court interval d'un mois, un choix à saluer étant donné la construction assez particulière du premier volume.

L'histoire se déroule au Japon, à l'ère Meiji. Le pays a connu de grands chamboulements, notamment dans son ouverture au reste du monde, tandis que la loi interdit désormais le port du sabre. En outre, les samouraïs ont perdu leur raison d'être, et le taux de criminalité du Japon est croissant. C'est pourquoi un pénitencier très particulier, le Gokumonjo, situé en cœur du lac Biwa, accueille les criminels les plus dangereux. Le transfert des condamnés est assuré par trois frères, le clan Kumo, gardiens du sanctuaire dédié à l'entité Orochi, un serpent géant qui a déjà menacé l'équilibre du monde. Trois frères, donc : Tenka, Soramaru et Chutaro, de l'aîné au benjamin. Si Chutaro observe avec passion ses deux grands frères, Soramaru participe aux missions de récupération des criminels, mais reste dans l'ombre de Tenka qui, derrière son côté fanfaron, agit pour le bien de la fratrie et fait preuve d'un talent hors norme...

Toutes ces bases, c'est le premier chapitre de l'histoire qui nous aide à les saisir. Un premier épisode qui va confronter les trois frères, et plus particulièrement Soramaru, à la complexité de leur mission, tandis de la mangaka réinterprète la période historique du bakumatsu à sa sauce afin de créer un univers violent, malgré la légèreté qu'apportent les trois frères Kumo dans leurs interactions. Des liens forts entre les frères sont bien démontrés, au cœur d'un récit loin d'être avare en action. Pourtant, d'autres promesses se cachent au-delà de cette introduction, et ce fameux premier chapitre ne manque pas d'en apporter des indices.

Et si on insiste autant sur le numéro de l'épisode initial, c'est parce qu'il s'agit du seul chapitre de Laughing Under the Clouds a composer ce premier opus. Les deux tiers suivants de l'ouvrage sont consacrés à Utakata ni Warau, une histoire courte en deux parties qui se déroule dans le même univers, et dont l'intrigue a lieu 600 ans avant les aventures des trois frères Kumo. Dans ce récit, un ancêtre du clan Kumo, Kagemitsu forme un petit trio avec Botan, une belle jeune guerrière, et Sasaki, un gouverneur de province. Tous trois font la rencontre de Hirari, un vagabond plein d'entrain qui tombe sous le charme de Botan, au point de vouloir l'épouser. Il se joint au trio pour veiller sur le retour imminent d'Orochi, mais son arrivée fera germer des doutes en Kagemitsu. Se pourrait-il que Hirari soit le réceptacle d'Orochi ?

Par sa connexion avec le manga principal, Utakata ni Warau est un préquel qui dévoile son intérêt au fil des pages. Derrière une intrigue dramatique et sentimentale, Karakara Kemuri semble confirmer certaines pistes fantastiques de son monde, ce qui va de pair avec une action beaucoup plus intense, et où la menace prend une forme mystique. Si l'intrigue se suit pour son petit groupe de personnages particulièrement bien établis, on ne cesse de se questionner sur les liens réels entre le one-shot et l'histoire des trois frères Kumo, ce qui donnera encore plus l'envie de retrouver la trame principale du prochain opus. À côté, tout le drame sentimental qui nous est proposé est suffisamment équilibré aux côtés des péripéties pour amener un récit indépendant fort et prenant d'un bout à l'autre. Et parce que ce segment s'achève sur une certaine ouverture, nous n'aurons que plus envie de lire Laughing Under the Clouds jusqu'au bout, tout en se demandant si le préquel Rengoku ni Warau poursuivra la trame instaurée dans ce court "épisode 0".
Ce premier tome se compose ainsi de deux morceaux aussi différents que complémentaires, ce qui ne permet certes pas d'avoir un aperçu complet de ce que vaut la série phare de Karakara Kemuri, mais qui forme une lecture tout à fait grisante. Un effet ponctué par le trait de la mangaka, particulièrement fin et précis, qui donne à l'univers et aux personnages un charme indéniable. Maintenant, on attend du deuxième volet qu'il confirme cet a priori largement positif !

Du côté de l'édition, Panini offre une copie grandement satisfaisante, par un papier de bonne facture et une couverture assez ravissante grâce à son papier mat garni d'un vernis sélectif très discret sur certains de ses éléments. Akiko Indei et Pierre Fernande ont assuré la traduction de ce début d'œuvre qui, grâce à sa souplesse et ses nuances, rend honneur à la densité de ces premiers chapitres.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs