Labyrinthe des rasoirs (le) - Actualité manga

Labyrinthe des rasoirs (le) : Critiques

Jun no Tamashii

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 25 Mai 2012

Avec le Labyrinthe des Rasoirs, les éditions Imho nous invitent à découvrir pour la première fois en français le mangaka atypique Jun Hayami, à la carrière fortement éloignée de ce que l'on peut voir d'habitude : là où la majorité des auteurs de shônen s'adaptent au moule, lui, qui a commencé sa carrière dans les années 70 dans ce domaine, n'en supporte pas les contraintes et préfère rapidement s'en éloigner pour se lancer dans le manga érotique, puis horrifique à la fin des années 80. Le Labyrinthe des Rasoirs, c'est un peu le mix entre les deux courants où l'auteur s'est fait ses lettres de noblesse : sexe et horreur.

Du sexe, oui, et pas qu'un peu : n'attendez pas ici une oeuvre érotique comme on en voit tant en France, le trait de Jun Hayami n'est pas censuré et ne cache rien.
De l'horreur, aussi, mais pas celle que l'on attendait forcément. Pas de l'horreur qui prend aux tripes, pas de l'horreur grotesque "ero-guro" non plus, mais une horreur réaliste, s'immisçant au fin fond des plus terribles perversions humaines, via les vices extrêmes et tordus de personnages s'enfonçant peu à peu dans l'auto-destruction, parfois par simple plaisir, parfois pour tenter d'échapper à leur mal de vivre. Relations sadomasochistes poussées à l'extrême, tortures, meurtres, scatophilie : les horreurs du Labyrinthe des Rasoirs, ce sont celles-ci, ce sont les déviances humaines. Et sur ce point aussi, l'auteur ne se censure pas et offre des pages réellement peu ragoûtantes, crues, même si son trait épuré tend parfois à se limiter de lui-même.

Le trait du mangaka, justement, sera incontestablement un frein pour quiconque n'est pas ouvert ou curieux : comme déjà dit épuré, le coup de crayon de Jun Hayami ne s'embarrasse pas des artifices d'aujourd'hui, si bien qu'il en paraît très vieillot, ne serait-ce que dans les visages marqués des personnages.

Mais le principal problème de l'oeuvre ne vient pas de là, mais plutôt du manque d'approfondissement des différentes histoires, qui, pour la plupart, s'achèvent sans qu'on en saisisse toute la portée. Jun Hayami se contente bien souvent de dépeindre les perversions et déviances humaines de manière physique, via ses dessins, mais ne va pas vraiment plus loin, si bien qu'on reste en grande partie sur sa fin.

A vrai dire, principalement à cause de ça, il paraît difficile d'être pleinement satisfait par ce Labyrinthe des Rasoirs, qui a un goût de trop peu, d'instants pas assez développés, trop pris "sur le fait". Un trop peu que la longue postface, composée d'une entrevue de l'auteur avec des lectrices féminines, ne parvient pas à combler pleinement, malgré l'immense intérêt de ses douze pages, qui permettent de mieux cerner la démarche de l'auteur.

Dans tous les cas, s'il faudra prendre cet ouvrage pour ce qu'il est, c'est à dire comme une pure curiosité qui vaut moins pour la qualité de ses histoires que pour l'arrivée en français d'un auteur culturellement intéressant, on ne peut que remercier les éditions Imho pour nous amener à nouveau un auteur tout à fait unique, le tout via une édition qui ne souffre d'aucun gros problème, et où la postface est un plus loin d'être négligeable.


Koiwai


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
10 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs