La Blue Girl Vol.1 - Actualité manga
La Blue Girl Vol.1 - Manga

La Blue Girl Vol.1

Rédaction

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 05 Décembre 2019

Même pour un non-lecteur de manga érotique, le nom de Toshio Maeda n'est peut-être pas inconnu. Né en 1953, l'auteur est connu pour être une figure importante, si ce n'est LA figure majeure, du hentai d'une manière générale. Il doit notamment sa réputation à Urotsukidôji, titre que les éditions Black Box ont réédité assez récemment, et qui a renouvelé le genre en 1989 avec son caractère grotesque et la présence de créatures démoniaques. Le titre a notamment créé l'archétype des tentacules, maintes fois réutilisés ensuite, y compris dans des registres plus légers et comiques.

Après Urotsukidôji, Black Box nous propose le second titre majeur du mangaka : La Blue Girl. Publié entre 1989 et 1992, il connu un grand succès au point d'être adapté en plusieurs anime sous formes d'OVA.

La Blue Girl suit le quotidien de Miko Midô, une étudiante qui mène une double vie. En dehors de ses études, elle est une kunoichi appartenant à une lignée de chasseurs de démons. Elle utilise des arts érotiques pour les vaincre, ce qui tombe bien puisque ces créatures sont avides de rapports charnels avec des proies humaines. Aidée par Nin-Nin, un pétit ninja aussi pervers que chétif, elle devra mener à bien les différentes missions qui s'imposent à elle.

Les oeuvres de Toshio Maeda sont dotées d'un certain charme, comme l'a prouvé Urotsukidôji qui développe une intrigue aussi grossière que sérieuse, apportant des scènes de sexe étrangement aussi intenses que violentes. Ce premier tome de La Blue Girl se situe dans un registre un peu plus doux, dans le sens où le titre semble se prendre nettement moins au sérieux. Le côté comédie scolaire est davantage accentué et est mis en avant de manière légèrement plus fraîche, en misant notamment sur Miko, l'héroïne, et quelques camarades à la libido bien développée. D'ailleurs, Toshio Maeda n'hésite pas à faire preuve d'humour par moment, une orientation du titre qui vient désamorcer les séquences plus intenses qui ont lieu lors des apparitions de démons.

Car la grande particularité du mangaka est démontrée lors de ces moments plus orientés vers l'action et le fantastique, les combats étant représentés par différentes scènes de tortures torrides où nos héroïnes feront les frais de créatures aux redoutables tentacules, parfois pour en souffrir, parfois pour en éprouver du plaisir. Si la démarche d'époque de Toshio Maeda était de déjouer la censure en éxagérant le côté surnaturel des scènes de sexe, le résultat se révèle toujours aussi marquant tant il s'avère singulier, et si poussé qu'il confirme tout le côté série B du titre. Bien que les héroïnes soient joliment dépeintes et les pénétrations régulièrement montrées dans le détail, le parti-pris de l'auteur est tel qu'il est difficile de prendre ça réellement au sérieux. C'est émoustillant tout en restant drôle grâce au décalage présent, confirmant que La Blue Girl reste une lecture qui a son charme aujourd'hui.

S'il ne faut pas espérer de scénario particulièrement solide avec ce premier tome, force est de constater que Toshio Maeda cherche tout de même à apporter du rythme à ses péripéties, à travers quelques rebondissements, mais aussi à créer un folklore et à s'appuyer sur des personnages récurrents. Une alchimie qui fonctionne pour le moment très bien, et on n'en demande pas tellement plus au titre.

Enfin, l'un des arguments phares de ce titre est encore plus important aujourd'hui : le dessin de l'auteur. Toshio Maeda démontre ici un style très marqué par la fin des années 80. Ses corps sont détaillés, ses personnages souvent bien en chair, ce qui n'est pas sans rappeler des styles comme ceux de Masakazu Katsura, dans un registre toutefois plus poussé. En 2019, le titre a donc un charme assez particulier et assez attractif.

Du côté de l'édition, Black Box nous offre sa mouture actuelle de bonne facture : une couverture cartonnée (sans jaquette) souple, un papier épais de qualité et une impression efficace et sans bavure. Nous devons la traduction à Bosoji, sur l'adaptation de Quentin Le Corre, aboutissant à un résultat efficace qui sait retranscrire les dimensions érotiques et comiques de l’œuvre.

La Blue Girl ne semble donc pas avoir vieilli. Le délire de Toshio Maeda se révèle toujours aussi efficace, les demoiselles étant joliment dessinées tandis que l'univers fantastique du récit apporté un décalage suffisament marqué pour que le récit ne soit pas totalement pris au sérieux, et se révèle souvent assez drôle. La seule limite du titre sera la tendance de l'auteur à flirter avec l'immoralité, un caractère qu'il contrebalance avec l'improbabilité du folklore de sa série. Ça reste léger pour l'instant, mais il ne faudrait pas que la suite franchisse certaines limites.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14 20
Note de la rédaction