Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 19 Novembre 2024
D'un côté, la relation entre Kazuma et Chika part en vrille: pendant que le premier fait tout pour réunir dix millions de yens afin de financer l'opération de sa petite soeur gravement malade Kazue, la deuxième continue ses affaires peu nettes, notamment auprès de certaines personnes qu'il ne vaut mieux pas contrarier. De l'autre côté, Mibu doit faire face à la sortie de prison d'Inukai, celui qui a assassiné la fille de l'inspecteur Arashiyama dix ans auparavant et qui est désormais bien décidé à le faire chanter.
Développées plus ou moins en parallèle jusque-là, ces deux affaire sont de plus en plus vouées à se rejoindre, en dévoilant toujours plus de détails critiques et intrigants. Concernant le regard critique que Shohei Manabe pose sur la société, on pense avant tout au goût du luxe de Chika et à son obsession pour rester jeune et belle, et plus encore à ce que Kazuma est contraint de faire par simple espoir de subvenir aux besoins de sa soeur malade, tout ceci signifiant de plus belle certaines injustices et aliénations d'un monde où tout est régi par l'argent, l'exploitation de l'autre et les bassesses et vices de l'être humain. Des aspects qui ne cessent de se consolider à travers tout ce qui peut se passer parallèlement aux grands avancées du récit, par exemple via ce que Momoyo est obligée de faire. Quitte à parfois sembler en faire un peu trop, le mangaka ne prend jamais de pincettes pour faire ressortir le côté coup de poing de son portrait de société, et globalement le résultat reste impactant grâce à son style graphique photoréalistes ancrant toujours aussi profondément son histoire dans notre réalité.
Entre appât du gain, exploitation sexuelle, manipulations et autres arnaques, les principales évolutions du récit, elles, se poursuivent donc en ne manquant pas d'intérêt, entre l'étau qui semble se resserrer autour de Mibu (mais gageons que le bonhomme a plus d'un tour dans son sac, il le prouvera dès ce volume), et surtout la situation dans laquelle Kujô se retrouve petit à petit: bien que plus discret dans ce tome, le personnage principal de l'oeuvre risque d'avoir fort à faire, au vu d'un choix crucial fait par Karasuma à son égard, et de la mise en péril de son statut d'avocat.
Globalement, Manabe se contente surtout ici d'avancer doucement mais sûrement les pions dans son intrigue principale, mais tout ce qu'il y a autour reste très intéressant, tant le mangaka tisse soigneusement sa toile pour tirer sur nombre des dérives de la société contemporaine, comme il avait déjà su généralement très bien le faire dans sa précédente série Ushijima.