Ogrest Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 26 Août 2014

Après les mangas Dofus et Wakfu, Ogrest est le nouveau global manga issu de du Krosmoz des éditions Ankama. Prévu en 5 tomes, celui-ci s'intéresse aux origines du « Chaos d'Ogrest » dont les connaisseurs de l'univers ont déjà entendu parler. Il est souvent fait référence à ce cataclysme, qui a submergé le monde des douze et fait passer de l'âge de Dofus à l'âge de Wakfu ; mais les tenants et aboutissants n'ont jamais été révélés, car « Personne ne peut en témoigner, personne n'a été témoin ». C'est donc à MIG, auteur ayant déjà travaillé sur la BD Shak Shaka et Zatoïshwan (dans la série des Dofus Monster), que revient la lourde tâche de raconter cette histoire, et de révéler les événements ayant causé ce déluge.


Otomaï, alchimiste de génie de son état, crée un jour par accident un ogre. Décidé à l'élever comme son propre fils, il lui donne le nom d'Ogrest. Plus tard, ils seront rejoints par Dathura, une poupée animée de parole, créée par le Dieu Sadida en personne. Ogrest tombe amoureux d'elle au premier regard. Habitant une île enchanteresse, cette drôle de famille vit une existence heureuse et bohème, loin des conflits et des troubles du continent. Mais un jour, les Dofus, des oeufs de dragons conférant un pouvoir magique surpuissant à son détenteur, échappent à la surveillance de leur gardien. L'occasion pour beaucoup de les récupérer et de s'approprier leurs pouvoirs. Hélas pour Ogrest, leur île en abrite un, ce qui va attirer des chercheurs de la pire espèce. C'est ainsi que vole en éclat la tranquillité de la vie d'Ogrest, qui découvrira la cupidité et la violence. Tandis qu'à l'autre bout du monde, un groupe aux sombres machinations, qui n'hésite pas à faire couler le sang, réunit des enfants élus. Notre héros va être, à ses dépens, entraîné vers un destin sombre et cruel.


Dès le début, les éditions Ankama ont voulu faire d'Ogrest une « porte d'entrée » vers le monde du Krosmoz. Ainsi, il n'est absolument pas nécessaire de connaître au préalable ce monde ou d'avoir joué aux jeux. Le background du monde des douze, où se déroule notre histoire, est déjà titanesque et réagit à des codes précis et déjà imposés. Malgré cela, l'auteur a su totalement s'approprier l'univers et jongle parfaitement avec ces diverses races et environnements existants ; toujours en laissant son récit accessible aux néophytes. Dès les premières pages, le ton du récit est donné : « Vous allez maintenant découvrir la vérité … Brute, noire, cruelle … Sans souvenirs romancés »


On s'éloigne déjà du ton plus enfantin des œuvres de Dofus et Wakfu. On découvre une œuvre plus mature, parfois violente, que ce soit dans les actes ou dans le changement d’atmosphère que va connaître Ogrest. L'auteur en profite d'ailleurs pour jouer avec la sensualité et les courbes de Dathura, l'amoureuse d'Ogrest, attirant du coup bon nombre de protagonistes masculins. La psychologie des personnages est un des aspects les plus travaillés de l'oeuvre et cela se ressent.


Ogrest est terriblement attachant. C'est un enfant insouciant n'ayant jamais connu que le bonheur, bien qu'un peu esseulé, car il est le seul de son espèce sur l'île. Mais la présence de papa Otomaï et de Dathura l'empêcher de ressentir cette solitude. On sourit face à ses bêtises et remarques pleines d'innocence. S'il considère que quelque chose n'est pas amusant, il fera tout pour y échapper. Comme les leçons d'Otomaï par exemple. Si ce dernier s'est efforcé de créer un cocon autour d'Ogrest, pour l'empêcher de souffrir, il tient à faire comprendre à son fils que la vie n'est pas partout aussi belle que sur l'île. À travers ses enseignements, on sent le poids de son propre passé. Otomaï est un personnage mystérieux et il n'est sans doute pas aussi innocent qu'il en a l'air. Au final, entre ces deux personnages à fort charisme, Dathura passerait presque inaperçue. La jolie poupée a perdu la mémoire, mais malgré cela, on connaît déjà une bonne partie de son passé. Mais la relation qu'elle entretient avec Ogrest l'a met en avant d'une jolie manière. Celui-ci l'aime d'un amour d'enfant, pur et innocent, et il est touchant de voir combien il tient à elle. Mais c'est aussi effrayant de voir sa jalousie éclatée quand un autre s'approche de Dathura. Son charme faisant des ravages, sans qu'elle le veuille nécessairement.


L'histoire autour de ces trois personnages se révèle sans temps mort. On y trouve de l'humour, de l'action, mais aussi de la peine. Ce premier tome insiste sur le bonheur que l'on sait bientôt perdu. Et cette perte des repères et de l'enfance commence dès la moitié du tome. On ressent déjà, avec émotion, les prémices d'une catastrophe. Cette impression est renforcée par l'histoire décrite en parallèle, celle d'un groupe recherchant les « élus ». Violents et aux motivations obscures, on a hâte de savoir l'impact qu'ils auront sur la destinée d'Ogrest.


Concernant le dessin, c'est un travail admirable. Mig maîtrise son dessin et nous offre le meilleur de lui-même. Le découpage est efficace et très précis. Les différents personnages sont sublimés, tout en conservant les caractéristiques propres aux races du Krosmoz. On ressent l'émotion à travers le dessin, et certaines pleines pages vous prennent réellement aux tripes. Les trames et les décors sont nombreux et très détaillés, tout en étant justement dosés, ainsi à aucun moment les cases ne se retrouvent trop chargées. La lecture d'Ogrest est donc un réel plaisir pour les yeux.


Au final, après City Hall, c'est un nouveau bijou du global manga que nous offrent les éditions Ankama. Ogrest se veut accessible au plus grand nombre. Il est clair après la lecture de ce premier tome, très prometteur, que tous les facteurs sont réunis pour craquer. Surtout que les éditions Ankama ont soigné leur réalisation. Prenant, sublime graphiquement, avec un héros tout simplement irrésistible et prévu en 5 tomes. On voit que l'auteur sait où il va et on a hâte de connaître la suite. On a de la chance, l'auteur planche déjà sur le tome 2, prévu au printemps 2015. Vivement.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
mokochan
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs