Ballet des coeurs (Le) - Musashino Rondo Vol.1 - Actualité manga
Ballet des coeurs (Le) - Musashino Rondo Vol.1 - Manga

Ballet des coeurs (Le) - Musashino Rondo Vol.1 : Critiques

Musashino Rinbukyoku

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 30 Octobre 2025

Abandonnée pendant dix années dans nos contrées, la mangaka Haruka Kawachi semble, plus que jamais, être sous le feu des projecteurs. Suite à la fin de son œuvre Les fleurs du passé chez Komikku, une décennie s’est écoulée avant la réédition du titre aux éditions naBan, complétée par la sortie du cinquième volume, un tome d’histoires courtes qui n’avait jamais été inclus dans l’édition précédente. Outre cette ressortie, ce sont deux autres séries de l’autrice qui nous parviennent, en quasi simultanée. Les éditions Kana ont lancé Sérénade pour une pluie de larmes au mois de septembre tandis que naBan nous proposent un autre titre en cours de la mangaka : Le ballet des cœurs.

La série est publiée depuis 2020 dans la revue Feel Young des éditions Shôdensha et a atteint les 5 volumes en juillet dernier, dans les librairies nippones. Malgré un petit nombre de tomes à l’heure actuelle, un drama de 10 épisodes a déjà été diffusé entre avril et juin de cette année, une adaptation uniquement accessible chez nous via la plateforme SVOD Viki du géant nippon Rakuten.

Agawa, un jeune adulte de 25 ans, est amoureux depuis toujours de Tamaki, 35 ans, sa voisine et professeure de danse. Un jour comme un autre marque le retour de Bunta, le petit frère de Tamaki, au sein de la demeure familiale. Séparé de sa petite amie après une longue relation, Bunta amène avec lui un certain tumulte… mais aussi des inquiétudes pour Agawa. Car quand Tamaki fait la rencontre de Kinugasa, l’ami de son petit frère, c’est presque un coup de foudre. Tandis que les deux adultes se rapprochent, Agawa va tenter de faire valoir ses sentiments. Mais est-ce qu’un amour est possible entre lui et celle qui l’a vu naître et grandir, puis choyé comme un petit frère ?

Quand on ressort de l’excellent Les fleurs du passé, on retrouve dans ce premier tome des paternes dramatiques propres à Haruka Kawachi via un cercle relationnel complexe, ponctué d’amours qui soulèvent parfois bien des questionnements. Au programme cette fois-ci, ce sont cinq personnages qui forment le récit, dont trois qui s’illustrent tout particulièrement dans ce premier opus. Tout le long de la lecture, la mangaka plante avec soin son décor, introduisant ses protagonistes et les alchimies qui les lient les uns aux autres, tout en soulevant systématiquement les dilemmes qui hantent leurs cœurs et leurs esprits. Dans sa simple forme, le récit est prometteur et très intelligemment mis en place, de manière à déjà créer une accroche chez ces différents héros de l’histoire qui ont tous leurs vécus humains à nous conter, et quelques fantômes du passé à confronter pour pouvoir aller de l’avant.

C’est tout particulièrement le trio formé par Tamaki, Agawa et Kinugasa qui nous intéressant dans cet opus de démarrage. La professeure de danse trentenaire est au centre des intérêts amoureux, un intérêt transmis au lecteur par la grâce qu’elle dégage et qui la rend aussi saisissante à nos regards. D’un côté, un coup de foudre naturel entre deux adultes, avec une profonde sincérité mutuelle. De l’autre, un Agawa touchant qui court après une relation qui semble perdue d’avance. La portée dramatique de ce triangle nous impacte immédiatement tant elle évolue au fil des pages pour s’enrichir du regard de Tamaki en plus de celui d’Agawa, avec quelques non-dits qui constituent un programme toujours intrigant pour des sentiments pas forcément résolus. Puis, c’est aussi l’idée que souligne la mangaka qui donne à ce triangle relationnel une profondeur certaine : dans une relation si particulière marquée par la différence d’âge, et où la protagoniste a littéralement vu grandir celui qui est épris d’elle 25 ans plus tard, un amour est-il possible, logique, légitime et moralement acceptable ? Haruka Kawachi ne donne pas de réponse, mais elle développe subtilement des pistes grâce aux réflexions de ses personnages, le tout appuyé par une narration forte, souvent belle et lourde de sens.

Car la force visuelle de ce premier tome fait indéniablement son charme. On sent que de l’eau a coulé sous les ponts depuis Les fleurs du passé, et que la mangaka a gagné en finesse. Exit certaines maladresses de style, son trait est ici plus maîtrisé et expressif, tandis que ses planches et ses compositions fourmillent de petites idées distillées ci et là pour donner du sens à ce tumulte sentimental. En un tome, Le ballet des cœurs nous emporte aux côtés de ses personnages, de ses doutes et de ses émois. C’est une force qui nous emporte le temps de plus de 170 pages et qui fait de cette tranche de vie une lecture à la saveur particulière.

Côté édition, naBan reste fidèle à ses standards avec un papier solide et d’excellente facture, puis une couverture mate d’un bel effet. Signée David Pollet, la traduction est habile dans sa manière d’instaurer le ton du récit à travers les émotions verbales des personnages. Le lettrage d’Elsa Pecqueur est solide et assure un immense confort de lecture tandis que le travail graphique de Florent Faguet nous donne une couverture fidèle à la version originale, mais aussi dans le ton de ce qui a été proposé avec Les fleurs du passé pour conserver une certaine harmonie dans les œuvres de Haruka Kawachi chez l’éditeur.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction