Kirio Fanclub Vol.2 : Critiques

Lycéennes toutes les deux secrètement amoureuses de leur camarade de classe Kirio, Aimi et Nami ont fondé un fanclub rien qu'à elles, les poussant à se partager constamment tout ce qu'elles ressentent pour le jeune garçon, leur principal voire exclusif sujet de discussions. Des discussions allant tellement loin qu'elles se lancent généralement dans des petites lubies rien qu'à elle: écrire une chanson d'amour en l'honneur de Kirio, imaginer comment il appelle sa mère, gérer une sortie opportune avec lui, ou encore se rapprocher d'un élève soi-disant sorcier pour lui demander de les aider à rendre Kirio amoureux d'elles, sont quelques-unes des nouvelles choses qui nous attendent dans ce deuxième tome.

Là où les deux adolescentes pourraient parfois faire un peu flipper par leur obsession pour Kirio, en réalité il en est tout autre, car c'est avec amusement et bienveillance que l'on suit leurs petits fantasmes, leurs petites victoires comme quand elles obtiennent le contact téléphonique de leur bien-aimé, leur stress quand elles ont l'occasion de passer un peu de temps avec lui et de lui parler ou quand elles ont peur de ne jamais recevoir de messages de sa part... l'humour un peu pince-sans-rire fonctionnant d'autant mieux que la mangaka n'est pas avare en expressions faciales dignes de mèmes, en particulier chez Aimi qui apparaît encore plus à fond que Nami.

Mais surtout, derrière cette part comique, la mangaka laisse toujours soigneusement entrevoir bien d'autres choses, à commencer par le lien qui se bâtit entre les deux héroïnes et ce qu'elles trouvent l'une auprès de l'autre. On sent bien que leurs lubies cachent surtout leurs difficultés à exprimer leur émotions et à avoir confiance en elles, et c'est aussi ce qui les lie via une amitié qui ne demande qu'à se renforcer et qui leur permet de mieux s'épanouir. Mais le plus grand talent de l'autrice est sûrement encore ailleurs, et réside dans sa manière de nous laisser plus ou moins comprendre les vrais sentiments de ses personnages. Via certains détails subtils, on commence tout doucement à émettre des hypothèses sur ce que ressent réellement Nami. A travers d'autres éléments, on capte bien le véritable fond de Mitsuru Manda, ce "sorcier" moqué et marginalisé par quasiment tout le monde alors que dans le fond il ne demande qu'une chose. Et dans une fin de volume efficacement menée, on découvre la vérité derrière le fameux mensonge d'Aimi à la fin du tome 1, concernant la manière dont elle est tombée amoureuse de Kirio. Et cette vérité, elle vient puissamment redistribuer certaines choses, en laissant comprendre pourquoi le jeune garçon apparaît si souvent détaché, ailleurs, sans plus jamais sourire. Dès lors, on ne peut que saluer la belle construction du récit, où dans les dernières pages la chanson écrite par nos héroïnes au début du volume prend une tout autre saveur, beaucoup plus douce-amère, loin de l'humour initial.

C'est donc une confirmation pour Kirio Fanclub: très loin de se contenter d'une petite recette humoristique efficace, Chikyû no Osakana Pon-chan distille plein d'autres petites choses, à travers une construction maîtrisée laissant peu à peu entrevoir le véritable fond de ses personnages. L'excellente surprise est désormais certaine pour cette courte série, dont on attendra la suite avec attachement.