Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 15 Octobre 2018
Le jeune roi Ei Sei a réussi à nouer une alliance avec le peuple des montagnes. Celle-ci prétend prêter allégeance au roi Sei Kyou, pour mieux l'attaquer de l'intérieur et plus efficacement. Finalement démasqué, Ei Sei, aidé par Yôtanwa et son armée, affrontent les forces de Sei Kyou au sein même de la capitale. Une diversion qui permet à un petit groupe, comptant en ses rangs Shin, Karyo Ten et Heki, d'infiltrer les couleurs du palais pour débusquer l'usurpateur du trône...
Le premier arc de la série, celui de la rébellion face à Sei Kyou, atteint déjà son point culminant. Le tome précédent dépeignait une montée en puissance remarquable, plantant les objectifs de la série au retournement de situation qui amène la bataille au sein de la capitale, et ce quatrième opus en est la suite logique : un volume entièrement consacré à l'action par différentes batailles se déroulant au sein du palais impérial.
Yasuhisa Hara emprunte alors un schéma classique du manga d'action, voire du nekketsu, dans ce volume qui ne laisse absolument pas le temps au lecteur de respirer. Ei Sei, Yôtanwa et bien d'autres tiennent tête aux troupes de l'usurpateur dans une gigantesque bataille où la tactique s'allie à la force pure, tandis que Shin et quelques autres personnages forment une escouade plus restreinte et doivent faire face à quelques obstacles, de manière linéaire, jusqu'à atteindre leur cible.
Et si la formule peut laisser le lecteur craindre un déroulement très classique de cette bataille décisive, c'est oublier les talents de narrateur du mangaka, mais aussi son habilité à dépeindre de grands élans d'héroïsme, si bien que des rebondissements classiques dans leur forme fonctionnent à merveille ici.
L'efficacité du tome vient d'abord de l'alternance entre les séquences des deux batailles. Chacune a ses propres enjeux et est portée par une poignée de personnages phares, leur permettant alors de s'affirmer dans tout ce tumulte. Ei Sei, roi qui se veut exemplaire s'il veut récupérer son trône en bonne et due forme, doit prouver ses talents de chef de guerre, quand Shin lui-même doit aiguiser ses talents et ne pas bêtement foncer dans le tas. Le rythme est au service de l'intensité, mais aussi des personnages, une richesse narrative qui donne une forte dimension à Kingdom.
Puis il y a l'art de Yasuhisa Hara d'utiliser les ficelles du genre avec brio. Shin peut paraître exagéré dans sa puissance, au point de rivaliser avec de grands chefs de guerre, mais ses maladresses lui donnent une certaine crédibilité, sans compter que le héros ne ressort pas de ses affrontements sans de sévères séquelles. Plus globalement, c'est parce que l'auteur apporte à ces affrontements des élans d'héroïsme et de tragédie, qui ne reposent pas que sur Shin d'ailleurs, que cette grande bataille se révèle aussi percutante. Le mangaka se permet même quelques petits flash-back afin d'étoffer des personnages qui paraissent pourtant très secondaires, preuve qu'il souhaite donner de la richesse et de la cohérence à son univers.
A la fin de ce palpitant quatrième tome, l'arc de la rébellion est presque terminé. Pour ceux qui n'auraient pas la suite sous la main, l'attente sera de l'ordre du calvaire tant Kingdom a réuni, en quatre volumes, bien des éléments pour devenir une série addictive. Forte heureusement pour les abonnés à la collection Meian, le volume a été livré avec les opus 5 et 6, de quoi reprendre une dose de Kingdom. Si c'est au prochain tome, à la fin définitive du premier arc, qu'on pourra dresser un premier bilan de l’œuvre de Yasuhisa Hara, il y a déjà de quoi être convaincu de la qualité de la série, et des raisons de son succès et de sa longévité.