Kimagure Orange Road Vol.1 - Actualité manga

Kimagure Orange Road Vol.1 : Critiques

Kimagure Orange road

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 11 Juillet 2011

"Qui court deux lièvres à la fois... n'en attrape aucun !"

Max et compagnie, Manu et puis Fanny, ils ont tout un tas de pouvoirs étranges...
Ces quelques paroles auront sans doute éveillé certains souvenirs parmi vous ! A l'âge d'or de la japanimation en France (fin années 80-début 90),  l'adaptation animée (et francisé) de Kimagure Orange Road faisait partie des standards des séries sentimentales, avec entre autres Maison Ikkoku et Ranma 1/2 ! Hélas, si ces deux dernières ont connu une publication digne de ce nom en version papier, la série d'Izumi Matsumoto a eu un parcours plus chaotique. La raison ? J'ai Lu, bien sur, et ses parutions arrêtées se cherchant aujourd'hui sur à des prix astronomiques. Il aura fallu attendre une bonne douzaine d'années pour qu'enfin, l'éditeur Tonkam lave cet affront !

Mais avant toute chose, replantons le décor pour les jeunes générations : nous suivons les péripéties de Kyosuke, fils aîné des Kasuga comptant son père, Takashi, et ses deux soeurs, les jumelles Manami et Kurumi. Cette famille, en apparence anodine, cache un terrible secret : ses membres sont doués de pouvoirs psychiques ! Télékinésie, téléportation, télépathie, télélaquestion (?),... vivre avec toutes ces facultés n'est pas de tout repos, d'autant qu'à cause de plusieurs gaffes, la famille enchaîne les déménagements pour préserver son secret. Mais cette fois-ci, Kyosuke aimerait bien s'éterniser un peu plus longtemps que d'habitude dans sa nouvelle ville. En effet, dès son arrivée, le jeune collégien de troisième année rencontre Madoka Ayukawa, une très charmante fille de son âge mais au caractère très mystérieux et solitaire. C'est un véritable coup de foudre pour Kyosuke, qui essaiera alors d'en savoir plus sur elle. Mais pendant ce temps, Hikaru, la meilleure amie de Madoka, ne semble pas insensible au charme discret de ce nouveau venu...

Il ne faudra pas bien longtemps pour rentrer dans l'histoire et comprendre ce qui fera la grande force de cette œuvre culte. Le jeu des relations s'exprime par un classique triangle amoureux, présenté ici dans sa version la plus fondamentale. Les personnages sont immédiatement attachants, et les lecteurs auront tout le loisir de choisir leur favorite : d'un côté, Madoka, véritable incarnation de la séduction et envoutante par son caractère taciturne sans être sombre pour autant; de l'autre Hikaru, bien plus extravagante, affichant sans complexe son attirance pour le héros, très volontaire et active. Au milieu, nous avons donc Kyosuke, garçon aspirant avant tout à la normalité : ni trop entreprenant et dragueur, ni totalement coincé et porté sur "la chose" comme le seront ses descendants dans le genre. Notre héros est à l'écoute des autres, avec un certain sens de la droiture et de la justice qui le rendent très sociable. L'élève modèle nippon des années 1980, en quelque sorte. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, avec les délicieuses jumelles Kurumi et Manami, la première exubérante, la seconde faussement sage, et Komatsu, le copain de classe dragouilleur contrastant avec le calme du héros.  L'absence de caricature dans ces rôles leur permet des échanges qui nous apparaissent très sincères et naturels.

Les affinités du trio évoluent à leur rythme, au gré des activités scolaires, des sorties en discothèque ou des rendez-vous improvisés. On se délecte de l'attirance progressive entre Kyosuke et Madoka, basée sur des non-dits et des indices savoureux, bien plus subtils qu'un dérapage dans une poitrine ou une révélation de culotte tels qu'on peut les redouter aujourd'hui. Le fan-service est certes présent mais de manière très délicate, se constituant essentiellement des émois naturels d'un adolescent en pleine éclosion. Ce caractère chaste et réaliste est sans doute une des qualités qui fait que la série est également très appréciée chez un public féminin ! Izumi Matsumoto a insufflé une véritable sensibilité dans cette œuvre, qui, malgré son caractère aujourd'hui très classique, prend le meilleur des séries pour filles et garçons. Chemin faisant, les choses avancent finalement bien vite, tant et si bien que l'on savoure chaque instant, en se laissant porter par ces personnages si délicieux.

La série tire également son épingle du jeu par son aspect paranormal, même si on aurait tendance à l'oublier dans ce premier volume ! Mais après tout, il est normal que Kyosuke n'abuse pas de ses pouvoirs à n'importe quelle occasion, lui qui justement aspire à une vie tranquille. Ce point de vue est justement appréciable : dans une autre série, le héros aurait tiré parti de ses capacités pour manipuler les évènements à son profit, résoudre des histoires, sauver le monde,... ici, les pouvoirs ne sont qu'un talent caché que le collégien cherche à cacher, en s'autorisant néanmoins quelques exceptions de temps à autre. Ainsi, ce côté psychique ponctue l'histoire sentimentale sans la dénaturer, et apporte ce qu'il faut de magie pour rendre ce manga irrésistible.

Graphiquement, il sera bien difficile de passer après la version animée et le splendide chara-design d'Akemi Takada. Néanmoins, le trait d'Izumi Matsumoto n'a rien perdu en lisibilité ni en expressivité, dans la lignée d'auteurs comme Rumiko Takahashi ou Mitsuru Adachi. On ressent parfois quelques inégalités d'un dessin à l'autre dans la maitrise des proportions, mais le dessin devrait rapidement se stabiliser dans les volumes à venir. La présence discrète de tramage et la simplicité des décors rendent un aspect très léger et aérien. Cette candeur générale n'a rien perdu de son efficacité, sans oublier, bien sur, le charme irrésistible de Madoka, qui ne manquera pas d'envouter plus d'un lecteur !

L'ambiance légère et délicieusement rétro est également rendue par l'édition de Tonkam, appréciable en tous points. La traduction respecte le propos de la mangaka en optant pour un vocabulaire d'époque, tandis que les onomatopées, complètement retranscrites, ont un lettrage rondouillard, à l'ancienne sans être ringard. Le charme est poussé jusqu'à la reprise du courrier des fans, avec les lettres de jeunes lycéens qui ont du bien grandir aujourd'hui ! Papier de qualité, encrage au top, le tout pour moins de 7 euros, il n'y a vraiment pas de quoi bouder son plaisir !

Attendue depuis bien longtemps par les nostalgiques, cette nouvelle édition de Kimagure Orange Road est une véritable bouffée d'air frais dans ce paysage manga qui a bien du mal à se renouveler. Les grands classiques ne meurent jamais, et l'œuvre d'Izumi Matsumoto montre que l'on peut faire très simple et irrésistible à la fois. La sincérité des personnages et ce petit brin fantastiques peuvent encore aujourd'hui conquérir tous les lecteurs, garçons comme filles, vieux baroudeurs comme néophytes. Attention, magie !

Tianjun


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs