Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 24 Février 2015
Ce tome 11 est intégralement consacré à des combats très attendus. Cristallisant les attentes, la déception n'en est que plus amère. Voici pourquoi.
Comme on l'avait deviné, les plus puissants lieutenants de Shishio ne sont pas à proprement parler des modèles de loyauté, ayant tous des motivations diverses. Sur ce point, chaque début ou fin de combat sera l'occasion de revenir sur le passé et les motivations profondes du moine Anji, du terrible Usui et du ténébreux Aoshi. Ce que l'on n'avait pas deviné, tout ce qui avait été montré jusqu'à présent montrant le contraire, c'est qu'ils n'étaient pas si puissants...
Ce tome déçoit sur plusieurs aspects.
D'une part, la psychologie des personnages n'est pas aussi poussée que ce qu'on aurait voulu. On reste dans un shonen me direz-vous, mais cela n'excuse pas tout. Au final, alors que les 3 ennemis avaient tous acquis une classe et un charisme de haute volée grâce aux tomes précédents, le soufflé retombe intégralement, révélant des personnages bien fadasses. L'aveuglement d'Anji et d'Aoshi ne convainquent pas. Usui ne va pas au-delà du joli psychopathe. Pire, Kenshin nous livre un beau discours shoneuneusque pour faire revenir Aoshi à la raison : c'est idéaliste, c'est niais, on aurait voulu quelque chose de plus consistant que ça !
D'autre part, aux combats tirant en longueur vus dans beaucoup d'autres shonens, le mangaka préfère encore une fois des combats brefs... très brefs. Si on avait déjà noté cet aspect dans les premiers tomes, on aurait pu penser que les affrontements s'allongeraient au gré des enjeux, et proportionnellement au charisme et à la montée en puissance des personnages. Eh bien non. On reste sur notre faim, et ce pour les 3 combats ! Le plus frustrant demeure bel et bien celui entre Saito et Usui, ce dernier étant vraiment sous-exploité.
Heureusement, il reste quelques bonnes à choses à se mettre sous la dent. La fin, d'abord, avec une superbe double page concluant un combat et exposant la puissance acquise par Kenshin lors de son entraînement...et comme d'habitude (mais comment l'auteur fait-il ?), un très bon cliffhanger naissant d'une simple remarque d'un personnage potiche (on vous laisse la découvrir). Ensuite, il y a du gore, une certaine maturité...maturité graphique seulement, que l'on ne retrouve que trop peu dans les grands discours de Kenshin.
Il reste maintenant trois inconnus, et non des moindres :
Primo : est-ce que l'auteur saura proposer quelque chose de nettement plus palpitant s'agissant des combats contre Sojiro et Shishio ?
Deuxio : proposera-t-il un destin intéressant (et pas trop prévisible, si possible) à Aoshi ?
Tertio : les combats opposant la bande de Kenshin mêlée à l'Aoiya aux membres des dix sabres les plus faibles seront-ils sympas ou tourneront-ils à la bouffonnerie ?
Nobuhiro Watsuki se doit de réinjecter ce côté imprévisible, surprenant et haletant présent dans les tomes 6 à 9, qui avaient fait briller les yeux du nouveau lecteur.
Un tome décevant donc. Mais il reste une édition toujours irréprochable. Si vous deviez n'en avoir qu'une parmi toutes celles existantes (édition Glénat de 28 volumes ou édition double de France Loisirs), ce serait forcément celle-là au vu l'excellent rapport qualité-prix.