Kedamame - L'homme venu du chaos Vol.1 - Actualité manga
Kedamame - L'homme venu du chaos Vol.1 - Manga

Kedamame - L'homme venu du chaos Vol.1 : Critiques

Kedamame

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 08 Février 2018

En ce mois de février, la collection seinen des éditions Glénat s'enrichit d'une nouvelle série en 4 tomes, Kedamame - L'homme venu du chaos. Un titre qui, sur le papier, ne dit pas grand-chose de son histoire, mais qui s'annonce plutôt alléchant au vu de la présentation que l'éditeur en a faite, en n'hésitant pas à oser comparer son auteur Yukio Tamai (mangaka jusqu'à présent inédit en France, et ayant débuté sa carrière à la fin des années 1990) à de très grands dessinateurs comme Takehiko Inoue, Kentarô Miura ou Hiroaki Samura... Mais qu'en est-il exactement ?


Le récit nous plonge au Japon en 1246, en pleine époque du shogunat de Kamakura, aux côtés d'une petite troupe de saltimbanques qui font halte à Kamakura. Il y a le "père" Kugutsu, les deux sublimes danseuses Kyara et Mayu, et Kokemaru. Ce dernier, étrange bouffon grimé en chat, qui passe son temps à raconter des inepties et à qui il manque le bras gauche, paraît inoffensif. Et pourtant, il veille de près sur les deux danseuses qu'il protège secrètement des dangers, notamment grâce à une force étrange qui semble se dégager de son bras amputé et qu'il prend soin de cacher aux yeux de tous. Le dénommé Toura, un homme intransigeant, et son assistant Konpei, qui semble flasher sur Mayu et Kyara, enquêtent en ville sur une sombre affaire de meurtres de prostituées vidées de leurs entrailles par le sexe à l'aide de ce qui semble être des griffes. Leurs pas les amènent bientôt à soupçonner Kokemaru... mais quel secret ce dernier cache-t-il ?


Honnêtement, c'est tout ce qu'il y a à retenir de ce premier volume au niveau de l'histoire, qui n'avance quasiment pas de façon concrète avant les toutes dernières pages, celles-ci amenant enfin un réel rebondissement. Avant ça... hé bien, c'est assez vide niveau scénario (et même après les révélations des dernières pages, ça ne promet pas d'aller chercher très loin, mais on espère se tromper). Pendant tout le volume, l'auteur se contente surtout d'installer un cadre, une ambiance, et d'intriguer un petit peu sur certains personnages... mais ça ne fonctionne que moyennement.


Côté personnages, il n'y a qu'une seule interrogation qui se pose : qu'est réellement Kokemaru ? La réponse commence à se dessiner en toute fin de tome, et avant ça le manga peine à réellement instaurer une aura de mystère autour de lui. Il ne pousse pas vraiment le lecteur à s'interroger, sauf lors des quelques brèves scènes où on le voit en action et où l'on comprend qu'il a des capacités qui dépassent celles d'un humain normal. Mais en dehors ça, qu'est-ce qu'il paraît creux ! Le seul autre personnage intriguant un peu est celui de Kyara, dont on finit par découvrir les vraies origines... mais ça peine à intéresser, puisque le mangaka, avant de dévoiler ça, n'a à aucun moment cherché à installer un peu de mystère autour d'elle. Mayu, elle, est probablement la plus attachante du lot, avec son rapport à son père et à Kyara et ses interactions avec Kokemaru. Quant à Kugutsu... c'est un peu une coquille vide, jamais mise en avant.


Autant le dire clairement, donc : le gros problème du récit est que ses enjeux peinent cruellement à décoller, et que les points intrigants ne sont pas suffisants pour vraiment éveiller l'intérêt. A cela, il faut ajouter un cadre historique clairement séduisant sur le papier, mais qui n'est malheureusement pas aussi immersif qu'il aurait pu l'être. Le fait d'être plongé à l'époque du shogunat de Kamakura, époque peu représentée en manga, éveille beaucoup l'intérêt, d'autant que l'auteur effectue quelques références à l'Azuma Kagami, une chronique de l'époque. Mais celles et ceux qui ne connaissent rien de cette époque risquent de souvent se sentir un peu perdus, dans la mesure où les notes ne sont pas suffisamment nombreuses pour expliquer tous les termes et personnages spécifiques de cette période. Il y a bien quelques notes parfois, mais à d'autres moments elles sont cruellement absentes, ce qui n'aide pas à cerner certains enjeux auprès du grand public (notamment concernant les Taira). On a donc plutôt du mal à pleinement se sentir immergés à cette époque...


Restent les visuels, qui ne manquent pas de qualités... mais de là à les comparer à Samura, Inoue et Miura, non. Le trait de Tamai s'avère tout de même beaucoup moins dense, également beaucoup moins personnel dans les traits des personnages qui restent tout compte fait assez quelconques dans leur design (même si Mayu est mignonne à souhait). Surtout, le dessinateur alterne l'excellent et le quelconque. Il est capable d'offrir des personnages d'une grande densité parfois, et complètement relâchés à d'autres moments. Certains décors bluffent par leur précision, tandis que d'autres ne laissent aucune belle impression tant on voit que ce sont des photos pas assez retravaillées. Et il y a quelques fulgurances côté mise en scène avec de très bons découpages et angles de vues, alors qu'à côté on trouve des scènes beaucoup plus basiques, voire un peu confuses. C'est étrangement inégal.


Alors, le tome 1 de Kedamame n'est certainement pas une mauvaise lecture, mais l'oeuvre peine à être régulière visuellement malgré tout son potentiel, souffre d'un manque de rythme, ne pose pas suffisamment fort ses enjeux, et ne parvient donc tout simplement pas à vraiment décoller, ce qui est plutôt handicapant pour une série courte...


Côté édition, on a droit à une traduction soignée de Yohan Leclerc, qui sait trouver un parler plutôt convaincant pour l'époque. Pour le reste, on a droit aux habituels de Glénat depuis plusieurs mois : papier très fin et peu agréable, mais sans transparence, impression honnête sans être exceptionnelle...


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12 20
Note de la rédaction