Kamakura Diary Vol.2 - Manga

Kamakura Diary Vol.2 : Critiques

Umimachi Diary

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 26 Juillet 2013

"Moi aussi, je veux vivre en regardant droit devant moi, dans cette ville où se trouvent mes amis et ma famille."

Vivant avec ses trois demi soeurs à Kamakura depuis déjà quelques mois, Suzu s'est bien acclimatée. Elle s'entend bien avec Sachi, Yoshino et Chika qui veillent sur elle chacune à sa manière, elle s'est fait des amis, a intégré l'équipe de football mixte local des Shônan Octopus... et a aussi déjà dû faire face à de cruelles épreuves, comme l'amputation de Yûya, le grand espoir du club de football. Dans ce deuxième volume, le quotidien se poursuit doucement à Kamakura pour nos différentes héroïnes, au gré des étapes de la vie qui se dressent face à elles.

Après un premier tome équilibré au niveau de la mise en avant des personnages, ce deuxième tome met plutôt en avant Suzu. Après s'être intéressée de près à l'ancien petit ami de Yoshino et avoir découvert certaines facettes de son passé et ses liens avec d'autres personnes, la jeune fille se lie un peu plus avec Miporin, la gardienne du club de foot, un garçon manqué, secrètement amoureuse de Yûya. Elle découvre alors un peu plus cette jeune fille au fort caractère et au bon fond mais qui a aussi ses faiblesses, tandis que le retour sur Yûya perce les pages de par sa pertinence. On voit le jeune garçon persévérer pour pouvoir refaire du football malgré son amputation, il reste optimiste et souriant, mais attire forcément une pitié qu'il aimerait à tout prix éviter, surtout de la part de personnes qui sont mal placées pour le comprendre. Le ton est aussi cruel que délicat, car si Yûya a, dans le fond, parfaitement conscience qu'il ne retrouvera jamais son niveau d'avant et qu'il ne peut éviter certains regards, il persévère malgré tout sans espérer de miracle. C'est la vie, tout simplement.

Surtout, les mises en avant de Tomoaki Fujii et de Yûya permettent à Akimi Yoshida d'aborder en douceur des thèmes vrais, comme le suicide, la mort, les conséquences d'un handicap... Que des choses qui font partie intégrante d'une vie. La force de l'auteur étant de ne jamais changer de ton, de ne pas surcharger les choses d'émotion, puisque qu'elle se contente de conter son récit avec naturel, en s'appliquant simplement à rendre ses nombreux personnages vivants et profonds, dévorés par tout un tas de sentiments qui sonnent juste. Ainsi, les petits quiproquos amoureux autour de Suzu et Fûta sont délicieux, la brève image que l'on a de la famille de Fûta est un régal de vivacité, les protagonistes secondaires comme la famille de Miporin ou le grand frère de Fûta sont très bien campés, les doutes de Suzu quant à sa place dans le club de football sonnent juste, le focus sur la relation de Sachi avec le médecin est discret mais bien présent... Le tout sans que le cours du temps n'en soit troublé, sans que la vie n'en soit fondamentalement chamboulée, Suzu et ses camarades de classe arrivant déjà à l'année scolaire suivante, et les petites conversations secondaires étant toujours là pour dynamiser le tout et le rendre toujours plus vrai (ici, on retiendra, entre autres, les histoires de curry).

Quant au dernier chapitre, il se focalise brillamment sur la relation houleuse entre la mère des trois soeurs Kôda et l'aînée Sachi, lorsque l'heure est venue de commémorer le sixième anniversaire de la mort de la grand-mère des trois soeurs. Tandis que l'on découvre encore un personnage bien campé en la grand-tante d'Ôfuna, et que les tensions entre la mère Kôda et Sachi sont bien perceptibles, on voit surtout se dessiner, tout en finesse, un portrait nuancé de la mère, et de la relation qu'elle avait avec sa propre mère... Car après tout, la vieille Miyako Kôda a elle aussi été l'enfant de quelqu'un. Et si Sachi ne peut évidemment pas lui pardonner certaines facettes de sa personnalité, on ressent en elle un doux changement dans sa façon de considérer sa mère.

Il est tout simplement admirable de voir la subtilité avec laquelle Akimi Yoshida croque ses nombreux personnages et les fait doucement évoluer au gré des simples étapes de la vie qu'ils doivent passer. C'est d'une finesse rare, riche sur bien des points tant chaque protagoniste est bien croqué. L'ensemble ne tombe jamais dans la surenchère, reste très posé voire ponctué de nombreuses notes d'humour malgré des thèmes souvent douloureux. Et la mangaka n'oublie rien, pas même les tourments de Suzu après la dispute de Sachi et de sa mère. Cette chronique quotidienne a décidément tout pour elle.

Dommage, alors, que la traduction peine parfois à suivre la richesse de l'oeuvre. Car entre Chika qui devient Chiko à la première page, Fûta et Yûya qui sont confondus lors d'un dialogue de première importance entre Suzu et Miporin, ou le nom d'Ôfuna qui est utilisé tantôt pour la tante tantôt pour la ville d'où elle vient, on a vite fait de se sentir un peu perdu par moments...


Koiwai


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs