Jusqu'à ce que je te tue Vol.2 - Actualité manga

Jusqu'à ce que je te tue Vol.2 : Critiques

Boku ga Kimi wo Korosu made

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 28 Octobre 2021

La nouvelle loi japonaise sur la peine de mort promulguée au Japon voit les meurtriers condamnés à être tués exactement de la même même façon qu'eux-mêmes ont assassiné leur victime... le tout, au bout d'une "reconstitution des faits" prenant la forme d'une véritable sitcom télévisée, ayant lieu dans une fausse ville, et diffusée à la télévision en connaissant un succès retentissant. Kaoru Oda est, à l'heure actuelle, le dernier condamné à mort du pays, et donc la dernière personne en date à devoir mourir ainsi, au bout de cette forme de télé-réalité malsaine au possible et que pourtant tout le monde regarde. Et Kôhei Mizutani, un simple gardien de prison, a été sélectionné pour être l'homme qui le tuera par strangulation. Obligé de jouer le rôle de Junichi Watase (la victime d'oda, qui n'était autre que son petit ami), Mizutani a pour tâche de redonner l'envie de vivre à Oda, pour mieux le tuer à ce moment-là afin qu'il comprenne la douleur qu'a pu ressentir sa victime... mais le gardien de prison s'implique bien plus que prévu, car il s'est réellement attaché au condamné... au point de désormais douter fortement de sa culpabilité, car certains indices lui laissent penser qu'Oda n'est pas forcément le coupable des meurtres dont on l'accuse. Alors, pourquoi Oda n'en dit rien et se contente d'attendre sa mort comme un moment salvateur ? Quoi qu'il en soit, Mizutani est bien décidé à découvrir la vérité. Tout en devant contenir ses propres sentiments car ceux-ci pourraient sceller l'exécution d'Oda, le gardien de prison s'apprête alors à braver l'hégémonie de l'émission télévisée voire plus encore (car il va de soi que des personnes influentes ont leurs billes dedans), et demande de l'aide à certains collègues de confiance qui, depuis l'extérieur de la ville fictive, peuvent mener leur enquête...

L'un des axes essentiels de cette deuxième et dernière moitié de série est donc cette fameuse enquête, puis la découverte, petit à petit, de toute la vérité concernant les deux meurtres dot Oda est accusé. Et sur ce plan-là, Yukio Yanagisawa joue très bien son coup en offrant quelques retournements assez imprévisibles, surtout concernant la vérité sur le premier meurtre. Mais de fil en aiguille, le mangaka tire surtout très bien parti de l'aspect enquête et de ces révélations pour mettre en exergue toute l'absurdité et les failles et les failles de la nouvelle loi, entre les enjeux et conflits politiques qui se cachent derrière, la façon dont certains hauts placés profitent d'elle pour mentir sur le plan judiciaire, et les tares de l'aspect émission de télé-réalité prenant soin d'endormir la population tout en avalant son argent. Sans oublier une chute particulièrement cynique concernant un personnage en particulier: la jeune Miu, adolescente que l'on a suivie régulièrement pendant la lecture en tant que fan hardcore d'Oda, et dont le sort à la toute fin est vraiment un cri ironique et brillant contre les pires vices que peuvent provoquer le fanatisme et les émissions de ce genre.

Et la relation Mizutani/Oda dans tout ça , Eh bien, elle n'est aucunement oubliée, bien sûr, et profite d'un traitement véritablement touchant, en particulier pour sa part de cruauté douce-amère impossible à esquiver: tandis que Kôhei fait tout pour sauver cet homme qu'il aime désormais et qu'il est pourtant voué à exécuter de ses propres mains, Kaoru, lui, envers et contre tout, semble uniquement attendre le jour où il pourra enfin rejoindre dans l'au-delà l'homme qu'il aimait éperdument... On se retrouve alors avec une issue à la fois retorse et tragique, où le mangaka ne choisit clairement pas la voie de la facilité, jusque dans son épilogue qui laisse sur une impression forte.

Restant en plus très bien dessiné jusqu'au bout, Jusqu'à ce que je te tue s'offre alors une deuxième moitié encore meilleure que la première, tant Yukio Yanagisawa va jusqu'au bout de son idée sans céder à la facilité. La série a un ton résolument unique dans le registre du yaoi, et prouve de plus belle que le genre ne manque pas de ressources lui aussi. Et même si la série ne plaira pas forcément à tout le monde tant elle sort des sentiers battus, on ne peut lui enlever l'originalité d'un concept que le mangaka a su fort bien exploiter dans l'ensemble, y compris dans sa part tragique et dans ses aspects critiques.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction