Jumbo Max Vol.1 - Actualité manga
Jumbo Max Vol.1 - Manga

Jumbo Max Vol.1 : Critiques

Jumbo Max

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 17 Mai 2023

Alors que le manga Black-Box de Tsutomu Takahashi s'est achevé chez Pika Edition au mois de février dernier, l'éditeur continue, dès ce mois de mai, de s'intéresser de près à la bibliographie de cet illustre mangaka, en lançant dans notre langue sa toute dernière série en date: Jumbo Max, une oeuvre qui est prépubliée au Japon depuis 2020 dans le magazine Big Comic des éditions Shogakukan, et qui compte 8 volumes à l'heure où ces lignes sont écrites.

Cette série nous immisce auprès de Tateo Sone, un gentil pharmacien de 53 ans qui, au vu de son physique peu avantageux et de sa personnalité banale entre autres, pensait rester célibataire toute sa vie. Et pourtant, voici quelques mois que sa vie a pris un virage inattendu puisqu'il a pu épouser Akane, une mère divorcée qui n'a rien perdu de son charme au fil des années, et qu'il est par la même occasion devenu le beau-père de Towa, jolie jeune femme passionnée de ballet et bien décidée à poursuivre ses études de danse à l'étranger. Quand plusieurs personnes de l'entourage d'Akane affirment ne pas comprendre pourquoi elle a épousé Tateo, hormis pour peut-être s'assurer une stabilité financière (car en plus de la pharmacie, il a hérité de son père quelques résidences bon marché à louer), Akane défend de plus belle les qualités de son nouvel époux, pour le plus grand bonheur de ce dernier ! Et ce bonheur devrait être encore plus grand quand Akane finit par lui annoncer qu'elle est enceinte de lui ! Mais si l'on dit "devrait", c'est bien parce qu'il y a un hic: Tateo ne peut aucunement croire qu'il est le père du futur bébé puisque, en 53 année d'existence, il n'a jamais eu la moindre érection et est donc impuissant...

C'est dans ce contexte où, forcément, il doute à la fois de sa nouvelle épouse et de ses capacités reproductrices, qu'arrive chez lui Mitsuro Sumaoka, le père d'une résidente de l'un de ses appartements n'ayant pas payé son loyer depuis un moment. De fil en aiguille, cet homme un peu louche finit par lui confier qu'il possède les derniers exemplaires d'un médicament miracle, une sorte de viagra plus puissant, et à vrai dire si puissant qu'il n'a jamais été homologué et qu'il pourrait être dangereux. En ayant l'occasion de l'essayer, Tateo sent le miracle se produire en lui, à tel point qu'il n'a plus qu'une idée en tête: parvenir à reproduire cette pilule rarissime en l'analysant, et en déterminant quels sont ses constituants et son principe actif. Mais si il souhaite au départ simplement reconstituer ce médicament pour lui-même, il n'a encore aucune idée de tout ce que pourrait impliquer ses recherches...

Dans un premier volume qui fait surtout office de mise en place, Tsutomu Takahashi se contente de mener de front ses deux axes entremêlés, qui sont d'un côté les doutes de Tateo vis-à-vis de son épouse, et de l'autre côté son désir de reproduire la fameuse pilule miracle. Côté famille, on sent bien que notre héros veut avoir confiance mais qu'il doute forcément, et que cela le replonge également quelque peu dans ses propres démons: dans le fond, pourquoi une femme aussi belle et courtisée qu'Akane aurait épousé un homme impuissant et au physique ingrat comme lui, hormis pour la stabilité financière ? Et puis, si ce n'est pas lui le père du futur bébé, qui est-ce en réalité ? Et côté recherches sur le médicament, alors qu'à la base les problèmes d'érection d'un cinquantenaire n'ont rien pour être spécialement palpitants (hormis pour mettre en avant une réalité masculine), on sent bien qu'il y anguille sous roche: bien que les expérimentations du pharmacien portent plutôt bien leurs fruits, notamment avec l'aide d'une très jolie laborantine en la personne de Kanoko Hojo, il y a constamment de quoi lever un sourcil face aux méthodes de Sumaoka, qui s'impose en tant qu'associé et qui, en plus de ne pas tout dire, n'hésite pas à faire dans le chantage. Dans tout ceci, un élément pourra décontenancer un peu, à savoir la naïveté exagérée de Tateo, qui va devoir faire un peu plus attention à ne pas se laisser avoir. mais sans doute est-ce précisément son évolution qui sera intéressante à suivre, car tout porte à croire que cette part candide sera forcément vouée à disparaître face à des enjeux dont il n'a encore aucune idée mais que le lecteur, lui, a tout le loisir de pressentir.

Pour l'instant assez éloigné des thrillers et autres récits très sombres auxquels Tsutomu Takahashi nous a habitués, ce début de Jumbo Max pourrait alors décontenancer un peu les aficionados du mangaka, dans la mesure où l'auteur adopte alors un style visuel moins porté sur le noir, sur son encrage charbonneux typique et sur ses faciès burinés? néanmoins, on reconnaît très facilement le trait de l'auteur dans ses designs travaillés, et surtout on se laisse porter par une narration diablement efficace, notamment parce qu'elle passe très souvent par le ressenti et les pensées de Tateo lui-même, dans un rendu finalement assez introspectif et donc immersif.

Tome de mise en place sur un sujet qui n'avait pas forcément de quoi être spécialement passionnant à la base, ce premier volume de Jumbo max fait bien son office. Dans une tonalité et un style qu'on lui connaît moins, Tsutomu Takahashi parvient à installer un récit piquant de plus en plus la curiosité au fil des pages, et qui devrait sans aucun doute s'assombrir par la suite en plongeant Tateo dans des enjeux dont il n'a encore aucune idée.

Cette chronique ayant été faite à partir d'une épreuve numérique fournie par l'éditeur, pas d'avis sur l'édition.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs