Journal d'un naufragé - Manga

Journal d'un naufragé : Critiques

Mujin Hyôchaku 100 Nichi Nikki

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 01 Octobre 2024

Entre deux mangas au format personnel (encore récemment avec le sublime Le Monde dans leurs yeux),la collection Alpha des éditions Vega-Dupuis est aussi voire surtout l'occasion de tenter et de découvrir des oeuvres à la forme narrative et visuelle plus atypique, et c'est exactement ce qui nous est proposé avec Journal d'un naufragé - 100 jours sur une île déserte, sorti en France à la mi-septembre dans un grands format souple entièrement en couleurs.

On doit ce projet à un artiste japonais qui se fait appeler gozz et qui, depuis 2018, s'est spécialisé dans un type d'illustration très spécifique: l'hakoniwa, proposant des illustration en vue 3D isométrique représentant une vue à la fois de ce qu'il y a au-dessus de la terre,sous la terre et derrière les obstacles, pour un rendu assez "cubique" que ne renierait pas le jeu Minecraft entre autres. Comme il l'explique soigneusement dans sa préface où il présente la genèse du livre, l'auteur s'est dit, un jour, que ça pourrait être bien de raconter toute une histoire en exploitant ce format d'illustration, et c'est donc précisément ce qui nous propose Journal d'un naufragé.

Comme le laisse parfaitement deviner le nom de l'ouvrage, on va donc tout simplement suivre la façon dont un homme va survivre seul sur une île déserte pendant une centaine de jours, depuis son naufrage initial jusqu'au jour où il va tenter de quitter les lieux. Si l'on excepte les tout derniers jours qui sont plus longuement illustrés, chaque jour est égal à une nouvelle illustration, ce qui permet devoir les avancer du naufragé de façon quotidienne, étape après étape,pour organiser sa survie sur de nombreux aspects: découverte de la faune et de la flore, mise au point de différents éléments pour avoir de quoi se nourrir, construction d'un abri voué à s'améliorer au fil du temps, face-à-face avec différents dangers... On aurait presque envie de dire qu'on n'a là que du très, très classique de tout récit de survie, si l'artiste ne finissait pas par également inclure des découvertes semblant venir d'ailleurs !

Le format quotidien des illustrations, ainsi que le statut de naufragé du héros faisant qu'il part de rien et a tout à faire, se prêtent très bien au style graphique développé par gozz: chaque vue 3D isométrique du style hakoniwa permet d'apprécier consciencieusement les avancées jour après jour du héros dans sa lutte pour la survie, sur un petit coin de terre perdu au milieu des eaux que l'on peut tranquillement découvrir sous nombre d'aspect, le tout étant aussi accompagné, pour quasiment chaque illustration, de commentaires du personnage principal, à la manière d'un vrai journal dans lequel il immortalise ses avancées.

Enfin, sur le pur plan visuel, gozz devrait avoir de quoi séduire par la nature un peu naïve de ses dessins malgré le contexte: derrière des décors capables d'être assez foisonnants, on a une colorisation à la fois variée et faussement simple, et des designs légers et diversifiés à la fois pour l'humain et pour le bestiaire parfois surprenant ! Soulignons aussi le nombre considérable de pages bonus: entre présentations des humains et des animaux/créatures, découverte de la flore de l'île, et présence d'illustrations quotidiennes supplémentaires, on a là un contenu assez généreux qui permet au livre d'atteindre les 190 pages.

Ami-chemin entre le manga et l'artbook d'illustrations, Journal d'un naufragé propose alors une petite expérience narrative et visuelle assez intéressante, et qui plus est servie dans une qualité d'édition très convaincante pour un prix de 20€, le papier glacé rend bien honneur aux illustrations qui sont très proprement imprimées, le lettrage de Daphné Belt est bien agencé, et la traduction effectuée par Margot Maillac est très claire tout en correspondant bien à l'aspect journal.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction