Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 23 Avril 2008
Le Journal de mon Père est l’une des œuvres les plus reconnues d’un mangaka tout aussi renommé : Jiro Taniguchi.
Se jouant des clichés habituellement accolés au terme « manga », Taniguchi nous pond ici une référence dans le genre nostalgique et sentimental. Derrière un titre qui rappellera aux bons français que nous sommes les œuvres phares de Marcel Pagnol, se cache une histoire intimiste, émouvante et saisissante de réalisme.
Le personnage principal, Yoichi, revient pour la première fois depuis 15 ans dans sa ville natale, Tottori. La raison : le récent décès de son père. Au cours de la veillée funèbre, Yoichi va se rappeler son enfance, ce qu’il n’avait encore jamais fait auparavant, et va ainsi comprendre les raisons profondes de son mal-être actuel. Comment s’est il, petit à petit, éloigné de son père, jusqu’à ne plus lui parler, ne plus le voir des années entières ? En parcourant son enfance, Yoichi va redécouvrir son père, un être qu’il ne connaissait finalement pas.
Vous aurez sans doute remarqué les similitudes que partage Le Journal de mon Père avec un autre manga de Taniguchi, Quartier Lointain. C’est vrai, il y a un sentiment de déjà vu. Pourtant, on ne s’en lasse pas. Jiro Taniguchi nous captive de la première à la dernière page, usant de son génie narratif et graphique, alternant des moments forts en émotion (l’incendie, le divorce des parents et l’incompréhension de Yoichi) avec des passages plus doux, plus paisibles.
On assiste donc à la descente aux enfers de Yoichi, qui, au fil des années, s’exclut de sa propre famille. Son père, sa belle mère, sa soeur deviennent des étrangers à ses yeux, des personnes dont il faut s’éloigner le plus vite possible. Arrive alors le départ pour Tokyo, apogée de l’égocentrisme développé par le narrateur. Dès lors, il oublie ses proches, et se réinvente une vie plus urbaine. Il aura finalement dû attendre la mort de son père pour comprendre sa bêtise.
Un thème universel, la relation père/fils, pour un message universel : ne reniez pas vos origines, chérissez les jusqu’au plus profond de vous.
En effet, nous sommes tous des « Yoichi » potentiels. Qui n’a jamais voulu s’éloigner de son père, qui n’a jamais aspiré à plus d’indépendance ? Dans un récit partiellement autobiographique, Jiro Taniguchi tient à nous enseigner les erreurs à ne pas commettre, en tant que fils et en tant que père, sans ne paraître moralisateur à aucun moment. C’est une belle leçon de vie qu’il nous offre.
L’édition de Casterman est à l’image du manga, c’est à dire sans défauts majeurs.
Une des œuvres les plus abouties de l’auteur, et ce n’est pas peu dire croyez moi. Le Journal de mon Père est un manga bouleversant, qui restera longtemps gravé dans ma mémoire.