Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 11 Janvier 2018
Kanoko se retrouve encore une fois dans un nouveau collège. Fidèle à ses convictions, elle continue de jouer le rôle d’observatrice absolue. Elle se délecte ainsi des petites turpitudes de ses camarades qui se jouent sous ses yeux.
« Ce narcissisme propre à la puberté… Qu’est-ce qu’il m’amuse ! »
Ce deuxième volume est découpé en 4 chapitres. Le premier est consacré à la rivalité entre filles. Nami se cache derrière une image de « fille modèle » tandis que Mitsuru fait tout pour « paraître très naturelle ». Et Kanoko compte les points de ce combat sans merci dans son précieux cahier d’observation. On découvre assez vite que c’est l’intérêt de Mitsuru pour un garçon, Ryô, qui déclenche les différents conflits. Sa jalousie grandissant, elle prononce une phrase malheureuse qui la discrédite auprès de celui qu’elle aime. Suite à cet incident, elle arrête la bataille ce qui embête bien Kanoko. Cette dernière s’ennuie de plus en plus et désespère de retrouver un peu de joie de vivre.
« Je sens comme un vide à l’intérieur de moi… C’était les petits coups bas entre Nami et Mitsuru qui rendaient ma vie dans cette école si palpitante… »
Mais au lieu d’essayer de se faire des amis pour combler la déprime qui l’étreint, elle préfère sortir de son rôle d’observatrice pour désamorcer la querelle de ses deux camarades. Cela entraine de nombreux chamboulements dont elle se repait avec plaisir. Mais est-ce suffisant à son bonheur ? En vivant par procuration ne se fourvoie-t-elle pas ? De quoi veut-elle à tout prix se protéger en restant toujours à l’écart ? Kanoko a pourtant déjà rompu son vœu de solitude en se liant d’amitié avec 3 camarades d’un ancien collège. Pourquoi ne tente-t-elle pas à nouveau l’expérience ?
La présence de Haru, son ami et ancien camarade, dans chaque histoire est rafraichissante. Il débarque toujours à point nommé pour aider Kanoko. Que ce soit avec un conseil : « Si tu n’es pas un peu plus ouverte, tu ne verras pas ce qui se passe autour de toi ! », ou un encouragement, il arrive à lui redonner le sourire : « Toi aussi, pour moi, tu es un personnage principal. »
Kanoko aime décrypter les pensées profondes des élèves et des professeurs qui l’entourent. Que ce soit dans leur gestuelle, le ton de leur propos ou le double sens de leur mot, elle traque sans relâche les indices qui révèlent leur véritable personnalité. Elle découvre ainsi leur faille, mais aussi leur richesse intérieure. Ce qui lui permet de les classer dans des cases : « Celui qui fait exprès de ne pas viser trop haut pour protéger sa fierté », « l’hyper naïve », « le bon en classe, mais bête », etc. Toutefois, un être humain ne peut rester prisonnier d’une catégorie. Ce n’est pas parce qu’on est un personnage secondaire qu’on ne peut pas devenir un héros. Forte de ces observations, Kanoko ne reste pas longtemps dans l’ombre qu’elle aime tant et se retrouve encore et encore dans la position de la « bonne fée » à prodiguer de gentils conseils. Cependant, au lieu de voir dans ses actions un besoin d’être au contact des autres et de créer des liens (même s’ils ne sont qu’éphémères), elle se convainc que ses motivations ne sont que des moyens pour relancer les histoires qui se déroulent autour d’elle. Ainsi, elle n’intervient que pour mieux observer. Mais elle n’est ni la seule à étudier les autres ni la seule à agir. Et sans faire attention, elle se retrouve elle aussi manipuler par la comédie humaine qu’elle pensait juste regarder en retrait.
Après avoir traité un triangle amoureux, une romance interdite, un relooking et le besoin d’être populaire, Ririko Tsujita a su se renouveler dans ce deuxième tome. Ce n’est plus les thèmes classiques des shôjo qu’elle revisite, mais les personnages types. De plus, au lieu de rester confinée dans le milieu scolaire, la mangaka sort, pendant un chapitre, son héroïne des sentiers battus pour la rendre spectatrice du tournage d’un film. Et pour le plus grand plaisir des lecteurs, Haru va rester au côté de Kanoko durant toutes les péripéties de cette histoire.
« Ce qui m’intéresse c’est l’heure de la pause. Eh oui ! Car le film le plus intéressant c’est celui qui se déroule hors caméra ! »
Et effectivement, Kanoko ne perd pas une miette de la comédie qui se joue en coulisse. Mensonge, trahison, vantardise, jalousie, rivalité, orgueil exacerbé, tous les pires défauts humains se révèlent à ses yeux. Alors quand elle assiste à deux tentatives de meurtre, elle ne peut rentrer chez elle : « J’ai envie de savoir qui est le coupable ?! » C’est donc dans une chambre d’hôtel qu’elle atterrit avec Haru… La relation de ses deux amis va-t-elle progresser ? Simple complicité ou future romance ? Rien n’est sûr. Que va nous réserver le dernier tome de cette courte série ?
Ce deuxième volume est tout aussi agréable à lire que le premier. Le seul bémol se situe au niveau des graphismes qui sont un peu vieillots et manquent de finesse. Une surprise attend les lecteurs à la fin du manga : l’œuvre qui a permis à Ririko Tsujita de devenir professionnelle : « La lune est à l’est, le soleil est à l’ouest ». Une très belle et touchante histoire d’amour à ne pas manquer !