Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 29 Octobre 2008
« Un ouvrage borderline d'une précision psychologique troublante... » Voilà le message qu'on découvre en lisant le quatrième de couverture, et pour cause! Cette phrase, on peut la prendre à la légère. Mais finalement, une fois la lecture commencée, on se demande si Jordana n'est pas là, le recueil le plus poussé jusqu'à aujourd'hui, de Kaohri Onozucca.
On découvre bien souvent que les hommes sont esclaves des femmes, durant presque toute la lecture. Ces femmes qui essaient de se faire justice soi-même, à cause d'amours ratés peut-être, ou tout simplement parce que les hommes sont peut-être là uniquement pour assouvir leurs fantasmes. Ce thème de l'emprisonnement sera omniprésent, et vous poursuivra comme la folie poursuit toutes ces femmes, sans doute pour finir par les rattraper. C'est ainsi qu'un élève, le portrait craché de son grand frère, se voit devenir le chien de sa professeur; quand deux personnes de sexe opposé se retrouvent coincées dans un ascenseur, et que de surcroît l'amour s'en mêle, on peut aisément s'imaginer la suite des évènements; une jeune femme qui a la maison pour elle seule pendant une semaine entière peut faire beaucoup de bêtises; de l'inceste; et une femme séquestrée qui y prend goût.
Certes, les hommes ne sont pas toujours à la botte des femmes, mais ces histoires là sont assez choquantes, et marquent plus que les autres.
« Votre serviteur »:
Faire d'un élève de classe sont serviteur, ou plutôt, le réduire à l'état d'animal, ou pour aller plus loin, d'objet. Car ici, le jeune garçon n'est là que pour son apparence. Ainsi, il remplace son frère qui a maintenant grandi, et dont cette jeune professeur est amoureuse depuis assez longtemps maintenant. La patience a ses limites, et peut-être que cette Kyôko
ne pouvait plus faire autrement qu'écouter son envie. Vouloir que celui qu'on aime depuis toujours nous regarde, ne serait-ce qu'une seule fois, ça n'est pas un crime. Vouloir le remplacer en est peut-être un finalement, car il n'y a pas d'autre façon que de se voiler la face. Ainsi, lorsqu'un objet vous est offert, et qu'il a pour vous une valeur sentimentale très forte, mais qu'il se brise par malheur. Acheter le même n'a aucun sens, car vous ne le regarderez pas de la même façon que le précédent. Le petit frère ne se comportera pas de la même façon que l'aîné, ce dernier étant de plus, idéalisé. Certaines personnes n'arrivent pas à oublier, malheureusement.
« Secret de vacances »:
Cette histoire choquera plus d'un lecteur je pense. En effet, elle frise la pédophilie. Enfin... si on ne veut pas se voiler la face, il faut plutôt dire qu'on marche en plein dedans. Pour ma part, au début, j'étais très mal à l'aise. Surtout qu'à l'heure actuelle, ce sujet est assez difficile à aborder, et qui de plus, est d'actualité. Une éternelle question nous restera dans la tête: pourquoi cette jeune femme s'abandonne-t-elle à ces petits jeux vicieux avec un enfant? Kaohri Onozucca aborde cette histoire avec beaucoup d'innocence; je veux dire par là, que cette jeune femme ne semble pas être coupable. Finalement, elle n'a peut-être fait que montrer comment les adultes extériorisent leurs envies...
« Obéis si tu ne veux pas que je te fasse mal. » Voilà la seule parole d'autorité qu'elle eut envers l'enfant. Mais s'il n'avait pas obéi, aurait-elle réellement continué? Aurait-elle fait grandir ce garçon, à un tel point qu'aujourd'hui, il ne regarde plus les culottes des filles pour s'amuser? Malheureusement, on n'aura pas la réponse à cette question, mais beaucoup de lecteurs doivent avoir leur opinion. Certains diront peut-être qu'on ne peut pas déculpabiliser cette jeune femme, car l'enfant se sent peut-être soumis. Mais finalement, n'y prend-il pas goût lui aussi? Il avoue avoir déjà ressenti cette sensation, mais il ne la connaissait pas ainsi. Pouvoir la ressentir avec quelqu'un, et une femme! « En maternelle... j'ai découvert que c'était agréable de se caresser là. Par contre... j'ignorais qu'on pouvait faire ça comme ça. »
Après la lecture de cette histoire, on peut craindre le fait que près de chez nous, il se passe ce genre de chose. La mère qui s'absente une semaine, ne s'imagine pas la scène une seule seconde, cela ne lui frôle même pas l'esprit.
Néanmoins, malgré cet aspect de malaise et de saleté, l'auteure réussit à dénaturer ce côté, pour en tirer uniquement un point: ce secret qu'il partage avec une femme plus âgée, il ne le regrette pas.
J'ai choisi de ne parler que de deux histoires sur les cinq. Pas parce que les autres ne sont pas intéressantes, ou le sont moins! Mais ce sont celles qui m'ont le plus marquée. Et il est bon de découvrir l'oeuvre par soi-même aussi. Ensuite, la toute dernière est assez intrigante. Une femme qui se fait kidnapper, qui appartient maintenant à un homme, mais qui se surprend à commencer à apprécier cette situation. L'auteure nous met réellement mal à l'aise dans ce recueil. J'espère en tout cas que cela ne dégoûtera pas ses lecteurs de toujours, ni les nouveaux.
Enfin, pour « Secret de vacances », j'espère que ma critique ne choquera personne. Car ça n'est pas le but. Néanmoins, je n'en serai pas étonnée que cela se passe ainsi, mais voilà, c'est ce que j'en ai tiré des dessins et du texte de l'auteur. Sans doute quelques lecteurs partageront peut-être ma vision des choses ici.
Pour finir, dans un recueil très bien soigné, orné d'une magnifique couverture, Kahori Onozucca réussit à nous charmer par ses histoires qui ne laissent pas indifférent. Le format est ici très agréable, plus grand que la moyenne, est les couvertures assez épaisses. L'impression est bonne, et ne fait que sublimer les dessins de l'auteur. Ceux-ci sont très bien réussis, ils collent parfaitement aux personnages, et les aide à prendre en consistance et en charisme. On notera les toutes premières pages sont en couleurs, mais il n'y en n'a que très peu. Pour les lecteurs qui connaissent cette auteur, et qui l'apprécient, j'espère que cette oeuvre ne les laissera pas de marbre. Car celle-ci est forte, pleine d'émotions, et nous montre un regard assez neutre envers des femmes corrompues, mais cela peut-être à cause d'un mal de vivre profond.
« En fait, les héros n'existent pas. Certains hommes sont bons, d'autres moins. En conclusion... l'existence des premiers est l'origine de la culpabilité et du mal. »