Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 18 Novembre 2015

S'habituant peu à peu à sa nouvelle vie en plein Edo de 1862, le médecin Jin Minakata a fait la connaissance de Rintaro Katsu, directeur du centre d'entraînement naval du shogunat qui deviendra plus tard le célèbre Kaishu Katsu. C'est grâce à lui qu'il a l'occasion de s'entretenir avec William Willis et Hepburn, importants médecins occidentaux de leur époque... et d'appréhender la montée de tension entre Occidentaux et Japonais. L'incident de Namamugi est un premier signe lorsque des membres du fief Satsuma tuent des marchands britanniques, et les choses s'enveniment encore lorsqu'un soldat étranger est blessé après avoir tenté de violer une femme japonaise. Sa mort signerait l'amplification des querelles... Jin saura-t-il sauver cet homme grâce à ses techniques de médecine des années 2000 ?
La réponse se dessine sans trop de surprise et met à nouveau en avant la virtuosité des techniques modernes de Jin, qui étonne et éblouit forcément ceux qui l'observent. Pour autant, Motoka Murakami évite habilement le surplus dans la mise en valeur de son héros, et en profite surtout pour décortiquer à nouveau avec beaucoup de précision l'opération chirurgicale et, surtout, une certaine histoire de la médecine en présentant la méconnaissance à cette époque de beaucoup de techniques apparues plus tard : la respiration artificielle, la suture, la bactériologie...

Forcément, cette nouvelle démonstration crée chez tous un intérêt pour Jin : certains lui demandent plus d'explications et lui proposent même de donner des cours, mais d'autres sont beaucoup plus circonspects et montrent des signes d'opposition face à cet homme pratiquant une médecine inconnue... C'est dans ce contexte qu'apparaît une nouvelle menace, une épidémie plus terrible encore que la rougeole : le choléra, qui menace de décimer Edo. Dans son rôle de médecin, Jin, même s'il sait bien qu'il ne pourra sauver qu'une poignée de vies, s'applique dès lors à soigner le plus de monde possible... Et, qui sait, peut-être que cela lui permettra de gagner la confiance de certains détracteurs ? Mais avant de penser à tout ça, notre héros reste un héros profondément humain dont la priorité est de sauver des vies... quitte à se retrouver lui-même malade !
Murakami délivre une deuxième partie de tome aussi passionnante que la première, car en plus d'expliquer tout le contexte (la façon dont le choléra se propage, les terribles symptômes que cette maladie provoque...) et d'évoquer des solutions avec les moyens du bord pour la contrer, elle place Jin dans une situation tendue puisqu'il se retrouve lui-même gravement malade, et finit par mettre en avant une Saki décidément délicieuse dans son rôle d'assistante, la jeune fille se montrant attentive, appliquée dans son rôle, et également suffisamment forte dans son désir d'apprendre et dans son opposition à sa mère ou à son frère. L'occasion pour le mangaka d'aborder en filigranes la place de la femme à cette époque, mais cet aspect reste pour l'instant très succinct... Sera-t-il développé plus tard ?

A l'aspect médical finement et richement retranscrit, s'ajoute un aspect historique passionnant et rigoureux, évoquant des événements qui ont bien existé comme l'incident de Namamugi, présentant des personnalités réelles comme Willis, Hepburn, Koan Ogata puis Ryoma Sakamoto qui s'avère très bien mis en place, évoquant toute l'importance des relations conflictuelles entre les Occidentaux et certains Japonais à quelques années seulement de la fin du Shogunat, présentant des dessins travaillés de l'époque (la baie de Tokyo bien différente d'aujourd'hui, Yokohama et ses bâtisses, le quartier de Nihonbashi...) ... Dans ce contexte, quel rôle tiendra Jin ? Ne risque-t-il pas de sauver des gens qui ne devaient pas l'être et, ainsi, de modifier l'Histoire ? Cette interrogation, parmi tant d'autres, continue de le travailler...

Murakami trouve vraiment un équilibre impressionnant entre ses différentes thématiques, qu'il décortique avec beaucoup de clarté et de richesse et qui, couplée à l'aspect humain de son héros, contribuent à faire une lecture captivante.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs