Jin Vol.1 - Actualité manga

Jin Vol.1 : Critiques

Jin

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 12 Novembre 2015

2000. Neurochirurgien dans un hôpital de Tokyo, Jin Minakata est la victime d'un étrange événement à l'issue d'une opération qu'il a effectuée sur une tumeur crânienne en forme de foetus : il se met à entendre d'étranges voix, puis, en chutant dans un escalier, se retrouve soudainement projeté 138 ans en arrière, 1862, dans les dernières années du Shogunat de l'ère Edo. Au sein de la capitale nippone de cette époque, il est amené à exercer son travail de médecin avec les moyens du bord...

Série emblématique de l'expérimenté Motoka Murakami, dessinée de 2000 à 2011, Jin repose sur une idée à la fois simple et complexe : comment vivaient, se soignaient et mouraient les ancêtres japonais d'il y a un siècle et demi ? Pour explorer cette interrogation, l'auteur se base sur une idée de voyage dans le temps qui aurait très bien pu se casser la figure dans des incohérences, mais c'était sans compter sur un énorme travail de recherche et d'approfondissement du personnage principal.
Ce dernier, médecin venu de l'an 2000, doit désormais exercer sa profession à l'époque Edo. Il a les connaissances contemporaines, mais ne possède plus le matériel moderne porté par toutes les avancées technologiques... Il lui faudra alors mettre en pratique des thérapies qui, forcément, à cette époque où les anciennes croyances sont encore actives malgré l'émergence de la médecine hollandaise, paraissent parfois folles.

Pour rendre crédible son récit, Murakami a effectué un important travail de documentation, son oeuvre étant d'ailleurs supervisée par d'importants noms japonais du domaine médical. Des opérations chirurgicales aux épidémies comme la rougeole, les opérations et les soins apparaissent donc très crédibles. Mais l'aspect médical n'est pas le seul à avoir bénéficié d'un gros travail, puisque c'est aussi le cas de la représentation visuelle de la ville d'Edo à cette époque et des moeurs de ses habitants. On découvre une ville jonchée de quartiers bien différents, tel le quartier d'Aioi et ses baraquements pauvres, où vivent des populations très diverses : personnes sans le sou vivant modestement et étant les premières victimes des épidémies, personnalités plus importantes comme un vassal du shôgun qui aura un rôle-clé dans la suite de la série, samouraï, familles... La plongée dans cette époque se veut aussi immersive que crédible, et l'on y suit avec grand plaisir les premiers "exploits" médicaux de Jin, bien que ses premières opérations crâniennes ne soient qu'une mise en place un brin répétitive. Dans la deuxième partie du volume, le cas de l'épidémie de rougeole est beaucoup plus intéressant et dramatique, d'autant qu'il soulève parfaitement le fait qu'à cette époque les gens pouvaient mourir de maladies qui, de nos jours, paraissent beaucoup moins graves. Et les différentes péripéties soulèvent également la place de la médecine à cette époque.

C'est en prenant aussi ça en compte que Jin doit exercer ses talents, sans prendre le moindre problème à la légère... et sans rien attendre en retour. Car on comprend vite que Jin est un héros avant tout humaniste, soignant les blessés et les malades sans autre considération. Tel le Blackjack de Tezuka, il met tout le monde sur un pied d'égalité, accorde-la me^me attention à toutes les vies. Cela lui vaut évidemment la reconnaissance des gens qu'il rencontre (surtout des familles pauvres n'ayant habituellement pas la chance de voir un médecin), à commencer par la jeune Saki qui deviendra en quelque sorte une assistante et un soutien.
Est-ce pour autant un héros parfait ? Certainement pas, car Jin reste lui aussi, avant tout, un humain, avec ses doutes et ses faiblesses. Malgré sa bonne volonté, il ne peut sauver la vie de tout le monde. Et si la plupart de ses patients le remercient, d'autres peuvent finir par regretter d'avoir été sauvés... Jin s'interroge beaucoup, surtout en fin de volume, sur son rôle exact dans cette époque où il n'est qu'un anonyme. A-t-il vraiment sa place là ? Pourquoi est-il arrivé en 1862 ? Et ne risque-t-il pas de changer le cours de l'Histoire en sauvant les malades ? Autant d'interrogations le rendant très humain et juste...

Visuellement, le trait des personnages, plutôt old school, colle bien à l'ambiance voulue et au cadre de l'Edo de 1862. A cela s'ajoutent ces décors très réalistes et un découpage classique faisant ressortir comme il se doit les personnages.

Déjà très riche et exploitant intelligemment son concept, Jin démarre de très belle manière.

L'édition est globalement honnête. Notons que le choix des onomatopées traduites et remplacées a été fait. Mais on regrettera le peu de notes sur les termes médicaux. Il y a bien des explications en fin de volume, mais elles se limitent au nombre de 4 alors qu'il y a beaucoup plus de termes appartenant au registre médical pendant la lecture. Quelqu'un qui n'y connaît rien peut donc passer au-dessus de certaines choses... Cela ne nuit pas grandement à la lecture, mais c'est plutôt dommage.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs