Jeux d'enfants - Pika Vol.1 - Actualité manga

Jeux d'enfants - Pika Vol.1 : Critiques

Kamisama no Iutoori

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 30 Janvier 2014

Critique 1


En ce début d'année, il sera sûrement difficile de passer à côté de Jeux d'enfants, Kamisama no Iutoorii de son nom original, shônen paru au Japon dans le même magazine que l'Attaque des Titans et Sankarea, et astucieusement classé en France par les éditions Pika en seinen. Il faut dire que l'oeuvre jouit déjà de sa petite réputation et profite d'un succès qui lui vaut au Japon une deuxième saison toujours en cours, et qu'elle aura droit en 2014 à une adaptation en film live confiée à l'illustre Takashi Miike (ça en dit déjà long quant à l'aspect sanglant de l'oeuvre). Et puis, il y a cette couverture, énigmatique, qui attire forcément l'oeil.

Le premier tome de Jeux d'enfants nous immerge aux côtés de Shun Takahata, un lycéen comme les autres, avec ce que ça implique : il a beau pouvoir passer son temps avec son ami Satake et fantasmer sur la mignonne Aya, il s'ennuie profondément. Jusqu'au jour où, en plein cours, la tête de son prof vole en éclat dans une immense gerbe de sang et laisse apparaître un daruma, cette sorte de figurine traditionnelle destinée aux voeux. Pour lui et ses camarades de classe, c'est le début d'un jeu mortel, sanglant, dont il va à tout prix falloir se sortir vivant...

Si le concept de jeu mortel est plus que jamais à la mode et nous l'a encore prouvé en 2013 avec King's Game et l'excellent Alice in Borderland, Jeux d'enfants tire très vite son épingle du jeu grâce, principalement, à une ambiance d'exception, qui s'installe dès les premières pages, celle-ci ne laissant absolument pas le temps de se préparer à ce qui va se passer. On est très vite plongé dans l'enfer du jeu, un jeu qui commence de façon très soudaine et brutale et ne baissera ensuite jamais de rythme en enchaînant les morts. Celles-ci font leur effet, précisément grâce à leur aspect soudain, brutal, parfois inattendu car il arrive que les auteurs nous prennent à contrepied (l'après focus sur Kikkawa en est un excellent exemple)... Mais il faut aussi souligner un aspect assez grotesque dans le concept même de ce qui se passe, mais aussi dans l'idiotie de certaines morts (oups, je t'ai malencontreusement piétiné...). Un grotesque qui laisse un peu abasourdi, le lecteur étant alors partagé entre quelque chose de relativement malsain, glauque, et un certain humour noir, pour un résultat assez unique.

Cette ambiance très étrange, un peu multifacettes, est renforcée par le concept même des jeux, qui mêle enfance et folklore nippon. En effet, dans ce premier tome vous assisterez à deux épreuves, et toutes deux ont pour particularité d'utiliser des jeux enfantins bien connus (l'équivalent japonais de notre "1,2,3 soleil", et le jeu du chat). Le choix du titre français trouve son explication dans cette façon de détourner les jeux qui ont bercé notre enfance afin d'en faire des épreuves mortelles... Résultat garanti. L'ambiance doit également beaucoup aux méchants des deux épreuves : des symboles bien connus du folklore religieux nippon, qui sont génialement glauques (le daruma, en bon daruma, tire des visages pas possibles, et le gigantisme ainsi que l'aspect félin du manekineko en font une bestiole impressionnante et louche) et laissent forcément interrogateur quant à qui se cache derrière tout ce qui se passe... Est-ce l'oeuvre d'une entité divine ? Cela expliquerait le nom original de la série.

Pour l'heure, on n'a aucune bribe de réponse. On se contente de suivre les deux épreuves en s'interrogeant autant que les adolescents... pour peu que ceux-ci aient le temps de s'interroger, car ils ont vite fait de clamser. Dans cet enfer soudain, seuls quelques-uns s'en sortiront, mais pour cela ils devront conserver un certain esprit d'analyse, ne pas céder à la panique... Inutile de dire que dans ce genre de situation, ils seront peu à en être capables, ce qui nous laisse une jolie impression d'impuissance de l'humanité face aux instigateurs des jeux.
Néanmoins, Shun, lui, a enfin là l'occasion de s'illustrer. Lui qui trouvait sa vie ennuyeuse ne pourra plus jamais dire cela, et se révèle même plutôt à l'aise pour décortiquer les situations. Dans ce premier volume, tout repose essentiellement sur lui, sur son esprit d'analyse et sa capacité à s'adapter à la situation pour s'en sortir (surtout dans l'épreuve du chat), et l'on appréciera alors d'avoir un héros qui réfléchit un peu pour vite analyser les choses. Dès lors, ça avance assez vite, et les auteurs évitent le piège des grosses rallonges prévisibles avec des héros trop neuneus pour analyser clairement les choses (comme on en a eu dans tant d'autres jeux mortels comme Judge ou King's Game). Les nombreux personnages secondaires, simple chair à pâté, de leur côté se contentent de paniquer comme beaucoup le feraient, ou n'ont juste pas de bol (aaaah, cette petite touche d'humour noir).

Néanmoins, la principale déception vient pour l'instant quand même des personnages. Hormis Shun, aucune des principales têtes n'a droit à un développement conséquent, et même Shun reste pour le moment très basique. Il reste ensuite à voir l'orientation que prendra la série, entre l'arrivée en fin de volume du classique joyeux psychopathe quasiment indispensable à ce genre de série, et les révélations des dernières pages sur l'ampleur de ce qui se joue. En fin de compte, on a l'impression de n'avoir ici qu'une introduction à quelque chose de bien plus gigantesque...

Visuellement, Akeji Fujimura s'en sort très bien. Le principal défaut vient de l'inégalité des personnages sur les plans plus éloignés, mais pour le reste l'ambiance est assurée. Les personnages sont pour la plupart tout de suite reconnaissables, les expressions de peur se partagent joliment entre véritable effroi et exagérations renforçant les pincées d'humour noir, et comme déjà dit le design du daruma et du manekineko en impose sévèrement, de même que ce sens du rythme très soudain et brutal. L'action jouit d'une mise en scène limpide et dynamique, et la mention spéciale est donnée aux nombreuses effusions de sang, qui se veulent assez stylisées.

Dans le registre du jeu de la mort, Jeux d'enfants s'offre une entrée en matière très efficace. Shun reste un héros pour l'instant trop basique et les autres personnages sont simplement creux, mais les auteurs assurent le spectacle. Ambiance glauque et non sans humour noir bien appuyée par la gueule des méchants ou les effusions de sang, dynamisme certain, enjeux qui se précisent un peu en fin de tome et qui promettent d'être bien plus grands qu'on pourrait le croire... Voici une introduction particulièrement efficace pour qui aime le genre !


 


Critique 2


Shun est un jeune lycéen à la vie des plus monotone et normale, peut-être même trop. Comme le dit si bien ce dernier, « Haa... mon Dieu ! Ce que ma vie est ennuyante ! ». Mais qu’il se réjouisse, son vœu sera exaucé et une existence plus trépidante et mortelle lui sera octroyée...

Cela fait déjà un petit temps que nos contrées surfent sur la vague des jeux mortels, des battle royale, nous démontrant bien que l’œuvre originale « Battle royale » a fait de beaux petits enfants et a imposé un nouveau genre dans le monde du manga. Il n’a donc pas été trop étonnant à ce que Pika tente également sa chance dans cette catégorie devenue à part entière en nous proposant « Jeux d’enfants », venant ainsi enrichir encore un peu plus la collection du style avec Judge, Doubt, Alice in borderland, King’s game, etc. Bien que toutes ces séries fassent partie d’un même style « littéraire », ce qui finit par les différencier une bonne fois pour toute c’est la manière d’exploiter le genre qui fera toute la différence, amenant dès lors à ce que certains titres soient reconnus pour leur qualité et leur originalité et pour d’autres, se bornant à être stéréotypés et oubliables, et dans le pire des cas à être « mauvais ». Toute la question est de savoir si Jeux d’enfants arrivera à trouver ses marques dans un style qui commence à être surexploité et à avoir ses propres codes, devenant au fur et à mesure clichés.

Les deux auteurs commencent leur récit en ne faisant aucunement trainer les choses, puisque le héros ainsi que ses camarades de classe sont en même pas trois pages déjà embarquer dans un jeu de daruma des plus mortels. Un début d'entrée en matière qui obligera le lecteur à entrer directement dans le vif du sujet, un choix des auteurs qui s’avérera payant et efficace. Toutefois, cette rapidité aura tendance à ne pas laisser le temps d’approfondir plus que cela la psychologie des joueurs, puisque les morts se succèdent rapidement. Le premier jeu consiste en la mise en place d’un daruma jouant au célèbre jeu « un, deux, trois, soleil » mais en plus d’être mortel, bien évidemment. Un premier game qui s’avèrera efficace, même si pas extraordinaire et original pour un sou, ne renouvelant donc aucunement le genre. Mineyuki Kaneshito et Akeji Fujimura continueront sur cette voie, en privilégiant l’action et les épreuves fatales ainsi que des réactions de joueurs clichées mais correctes, au détriment de proposer une intrigue et des protagonistes plus recherchés et intelligents. Pour le reste, le lecteur devra apprécier le côté déluré des épreuves proposées et aux actions classiques des joueurs.

Alors oui, Jeux d’enfants est une série efficace et où on ne s’ennuie à aucun moment, mais il est triste de constater que les auteurs sont déjà décidés à rester dans une œuvre tout juste divertissante et n’essayant pas de dégager une trame plus approfondie et réaliste. La peine est d’autant plus grande que les personnages se bornent à être soporifiques et à avoir des réactions bateaux et maintes fois vues et revues. Ainsi pour les lecteurs plus exigeants, ils ne trouveront dans ce titre qu’un divertissement tout au plus efficace mais loin d’être mémorable. Pour les autres où le distraction suffit, Jeux d’enfants les comblera.

Du côté du dessin, les traits d’Akeji Fujimura sont classiques et corrects, même si on voit qu’il y a parfois sur certaines planches encore la présence d’irrégularités dans le dessin des personnages et dans leur perspective. Pareil pour la mise en scène de l’action, c’est correcte même si des améliorations peuvent encore être apportées dans la fluidité de l’action.

Pour ce qui est de l’édition, la traduction est acceptable et il en va tout autant de la qualité du papier.


 


Critique 3


Il ne va sans dire que le manga a lui aussi ses modes : si les dernières années furent marquées par celle des majordomes et des vampires, désormais nous avons droit à celle des jeux de la mort ! Bien que ce genre ait vraiment commencé avec l'indétrônable Battle Royale, nous avons eu droit depuis à de nombreux titres dans le même registre tels Doubt, Judge, King's Game ou bien l'excellent Alice in Borderland. Difficile du coup de se montrer original, ou du moins voici maintenant ce qui fait la qualité d'un titre de ce genre. Jeux d'enfants sait-il sortir son épingle du jeu ? La réponse tout de suite.

La première volonté des auteurs n'est pas de chercher quelque chose de bien compliqué pour le début : une classe tout ce qui a de plus banale va se retrouver d'une seconde à l'autre à devoir jouer à un jeu de la mort qui ne laissera qu'un seul survivant, ce jeu s'exerçant pour toutes les classes du lycée. Pas d'interlude donc, on entre vif dans le coeur du sujet tout comme les héros, et l'on se retrouve confronté à un jeu sordide sorti tout droit de nulle part dont on ne sait encore rien, ni son origine ni son but. Et c'est d'ailleurs cela qui peut s'avérer déroutant : en effet, le jeu commence après seulement 4/5 pages, sans qu'on ait eu le temps de connaître davantage notre héros. Cela peut être une technique volontaire pour nous laisser dans le doute le plus total, mais personnellement j'ai trouvé cette technique un peu faible, surtout que ce titre ne semble pas trop se pencher sur la psychologie des personnages comme dans les autres mangas du genre; ou alors cela n'est pas vraiment efficace selon la narration des auteurs.

Le problème avec ce genre de manga, c'est que cela peut être carrément accrocheur dès les premières pages ou alors dans le cas contraire la sauce ne prend pas, et pour mon cas c'est plutôt le second choix. Je me permets de donner un avis plus personnel, car objectivement je pense que le titre pourra très bien plaire à certains surtout que celui-ci jouit déjà d'une bonne popularité, mais de mon point de vue le titre regorge de défauts.
Tout s'enchaîne beaucoup trop vite, les personnages manquent cruellement de charisme et de fond, et surtout ils sont tous beaucoup trop stéréotypés pour ma part, la palme d'or revenant au sanguinaire Takeru Amaya, personnage relativement dingue de joie de voir devant lui tous ces crimes, exprimant son "existence" selon lui : ce type de protagoniste est vu et revu et surtout carrément ridicule et trop loin d'être réaliste...
En parlant de réalisme, j'ai trouvé la première épreuve plutôt abusée dans un certain sens : les élèves doivent courir jusqu'au bureau du professeur afin d'appuyer sur le daruma, cependant cette épreuve est représentée de telle manière qu'on dirait que la salle de classe est aussi longue qu'un stade de foot !

Le point fort du titre vient cependant du fait que ces épreuves sortent d'on ne sait où, pour une fois nous n'avons pas droit au traditionnel élève méchant caché parmi toute sa classe qui tire les ficelles dans l'ombre et les dernières pages relèvent de l'intérêt au récit : ces épreuves viendraient-elles... d'une autre planète ? Nous en saurons plus dans les prochains volumes...

Par contre, là où le manga ne s'arrange pas c'est sur les dessins, l'auteur ayant un trait pas forcément mauvais en soi mais très "amateur", avec des personnages sans réel charisme et une mise en scène manquant un peu d'impact. Notons par contre que les effusions de sang sont, elles, très bien représentées.

En résumé, je n'ai pas trouvé ce manga forcément mauvais, je pense seulement que ce premier tome n'a pas dévoilé encore tout le potentiel de la série; il y a même des chances que la suite me plaise beaucoup plus mais pour l'instant, comparé aux autres mangas du genre, cela s'avère plutôt faible. Trop prévisible, des scènes et des personnages trop clichés, bref trop d'éléments qui font que je ne peux qu'être déçu de ce premier tome de Jeux d'enfants. Je crois tout de même en la suite en espérant qu'elle nous proposera un contenu surprenant !


Critique 3 : L'avis du chroniqueur
Kiraa7

11 20
Critique 2 : L'avis du chroniqueur
titali

13 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs